
Alors que les marchés pétroliers enregistrent un recul historique, le Maroc s’illustre par son immobilisme tarifaire. Les cours du brut ont poursuivi leur repli mardi matin, dans le sillage d’un accord provisoire entre Washington et Pékin. Ce compromis douanier, censé durer au moins 90 jours, a momentanément dopé la confiance des investisseurs, renforcé le dollar et redonné de l’élan aux marchés de l’énergie.
Dans les premiers échanges asiatiques, le Brent s’échangeait à 64,82 dollars le baril (-0,2 %), tandis que le WTI glissait à 61,82 dollars, en baisse de 13 cents par rapport à la veille, selon Reuters. Lundi, les deux indices avaient pourtant atteint leur niveau le plus haut depuis fin avril, galvanisés par l’optimisme – fragile – entourant les relations sino-américaines.
Mais cet apaisement reste précaire. Derrière les sourires diplomatiques, les désaccords fondamentaux persistent, notamment sur le déficit commercial américain ou la question des opioïdes. Dans ce contexte encore incertain, l’OPEP a annoncé une hausse inattendue de sa production, nourrissant les craintes d’un excès d’offre mondiale qui pourrait accentuer la baisse des prix.
Les analystes rappellent que le mois dernier, les cours du brut ont touché leurs plus bas niveaux en quatre ans, sous l’effet des tensions géopolitiques et des inquiétudes croissantes sur la demande énergétique mondiale.
Mais au Maroc, cet effondrement des prix ne se reflète toujours pas à la pompe. Les tarifs des carburants restent figés à des niveaux élevés, suscitant l’indignation de plus en plus visible de la part des syndicats, des parlementaires et d’une opinion publique à bout de souffle.
« L’État se dérobe à ses responsabilités, laissant les consommateurs seuls face à un marché totalement dérégulé », dénonce la CGT. En l’absence d’un mécanisme transparent d’ajustement, l’écart entre les tendances internationales et la réalité marocaine ne cesse de se creuser, alimentant la défiance envers l’exécutif.
Dans un contexte où les prix mondiaux chutent, l’immobilisme du gouvernement marocain résonne comme une dissonance sociale. Le statu quo tarifaire pourrait coûter cher politiquement, alors même que la pression sur le pouvoir d’achat n’a jamais été aussi forte.
Avec Barlamane