Parution du beau-livre : « Cinémas du Maroc, lumière sur les salles obscures du Royaume »
En partenariat avec l’Académie du Royaume du Maroc, La Croisée des Chemins a le plaisir d’annoncer la publication d’un beau-livre dédié à l’histoire des salles de cinémas au Maroc. À cette occasion, une exposition aura lieu, du mercredi 15 décembre au lundi 31 janvier 2022, à la galerie CDA à Casablanca ; y seront proposées, entre autres, des photographies en série limitée et en tirage Fine Arts.
« Un jour, quelques années plus tard, ce qui restait de notre groupe (ceux qui avaient résisté aux sirènes de Tanger et qui s’étaient accrochés aux bancs du Lycée Ibn Al Khatib) commença à se glisser, timidement, hors des murailles de Bab el Fahs, vers le troisième cercle. Le cinéma Rex y surplombait lourdement le Grand Socco, frontière mentalement infranchissable entre nous et le monde européen. Après la montée de la rue de la Liberté, nous longions le Grand Café de Paris avant de nous trouver, comme par enchantement, au coeur du troisième cercle, ne sachant où donner de la tête, entre le Mauritania, le Goya, le Roxy et le Lux… les quatre points cardinaux de notre cinéphilie imminente. C’était la fin de la magie et le début d’une belle histoire d’amour avec l’image.» Feu Nour-Eddine Saïl
Extrait de la préface de Craig Buckley,
Professeur adjoint d’histoire de l’art à l’université de Yale
«À la lumière crue de la pandémie, le livre remarquable de François Beaurain porte en lui une intensité inattendue. L’ampleur des théâtres documentés ici témoigne de la passion de son auteur, tout comme les photographies et les interviews qu’il contient attirent l’attention sur l’extraordinaire diversité des théâtres au Maroc aujourd’hui. Très peu de pays dans le monde ont un éventail aussi large de cinémas de différents types et de différents millésimes. Tout cinéma que l’on peut voir ici en ruine ne fait qu’ajouter du poids à ceux qui continuent d’exister. La survie des cinémas marocains n’est pas accidentelle. Chacun témoigne du dévouement, du soin et du travail des familles qui ont gardé leurs portes ouvertes, des projectionnistes, des ouvreuses et des gardiens qui les maintiennent en activité, et du public qui continue à leur rendre visite. La pandémie, nous ayant donné un aperçu d’un monde sans salles de cinéma, pourrait nous permettre de mieux reconnaître la richesse et la fragilité du cinéma en tant que patrimoine culturel. Admettre un tel patrimoine signifie admettre la nécessité d’une réflexion créative sur leur soutien et leur préservation.
Les cinémas du Maroc sont des lieux de mémoire. Si ces espaces de rassemblement cinématographique disparaissent, il en va de même pour un pan d’une culture. Les spectateurs du futur pourront continuer à regarder des images appelées « films », mais ils ne sauront peut-être jamais ce que cela signifie pour le cinéma de nous rassembler. Si ces salles sont essentielles, elles ne peuvent pas survivre en tant que fossiles, mais plutôt en tant que lieux vivants de rassemblement où l’avenir du cinéma et la mémoire peuvent trouver un terrain
d’entente.»
Extrait de l’introduction de l’auteur et photographe, François Beaurain
«La genèse de ce projet remonte au mois de mars 2018 alors que je me rendais à Meknès pour une séance photo. Connaissant mal la ville, on m’avait fixé rendez-vous ‘’devant le Caméra’’ sans me donner plus d’explications. Je me suis donc laissé guider par mon GPS jusqu’à ce navire aux dimensions impressionnantes qui semblait sorti tout droit d’une autre époque. Je me revois devant la vitrine regardant ces posters de films
datant d’il y a vingt ou trente ans, ou encore cette maquette de salle d’un autre âge. Était-ce un musée ou un cinéma fantôme échappé de mon imagination? Je pensais à l’émission culte de la télé française, La Dernière Séance, quand je vis, debout devant son vaisseau, les mains dans le dos, le capitaine, Mohamed Nassiri (et non Eddy Mitchell), homme-orchestre du Caméra qui s’occupe de tout, de la caisse à la cabine. Remarquant mon intérêt, M. Nassiri me propose gentiment de monter à bord […]
Piqué au vif par cette première visite, je me suis rendu quelques jours plus tard au Royal puis au Paradise à Rabat, retrouvant à chaque fois ce charme désuet des édifices figés dans le temps. Puis, pendant deux ans, j’ai profité de mes déplacements pour m’adonner à la chasse aux cinémas, ville après ville, de manière exhaustive, ne négligeant aucune salle, quel que soit son aspect ou son état. En tout, ce sont 200 cinémas qui ont été identifiés dont une centaine, photographiés. À la fin de l’année 2019, l’idée de donner vie à un livre-photo a germé. Mais comment classer ces cinémas?
Une approche chronologique serait la plus logique mais je ne disposais alors que de peu de dates. Et rares sont les exploitants qui connaissent vraiment l’histoire de leur salle. Je me suis alors tourné vers des sources d’information en ligne et c’est là que j’ai ouvert la boîte de Pandore… L’ouvrage entre vos mains est une invitation à découvrir la diversité et l’histoire d’un patrimoine exceptionnel. C’est avant tout un livre-photo, mais qui se veut
également, à son échelle, le témoin d’une nostalgie, de l’amour que les Marocains ont eu et ont encore pour leurs salles. La parole y est donc souvent donnée à ceux qui les ont connues du temps de leur âge d’or. Le récit est illustré par de nombreux articles de presse ou d’extraits de livres, mais aussi par des interviews
de professionnels (cinéastes et exploitants) afin de témoigner et de faire revivre ces cinémas. J’espère que vous aurez autant de plaisir à parcourir ces pages que j’en ai eu à me plonger dans cette aventure. »
François Beaurain est né à Bordeaux et vit aujourd’hui à Rabat. Après une formation scientifique et un parcours professionnel de dix années dans la lutte contre le changement climatique, il choisit, en 2013, de devenir plasticien et photographe. Passionné par les cinémas africains, beaucoup de ses projets se focalisent sur Nollywood (cinéma nigérian). Ses travaux photographiques ont été exposés au Guggenheim Bilbao (2015), à LagosPhoto (2015 et 2017), Addisfoto (2018), Arles (2015 et 2020) et Circulations (2016).
L’exposition à ne pas rater !
Fidèle à sa tradition photographique patrimoniale, CDA Gallery organise du mercredi 15 décembre 2021 jusqu’au lundi 31 janvier 2022, une exposition autour du beau-livre CINÉMAS DU MAROC en proposant des photographies en série limitée et en tirage Fine Arts. Cette manifestation sera l’occasion de découvrir, via
une scénographie spécialement étudiée pour ce thème, au sein d’un Cabinet de curiosités, des
archives d’époque (documents, clichés, matériel…).
CDA Gallery, espace ouvert depuis 2019, développe dans une scène artistique contemporaine pétillante de créativité et d’imagination, une ligne curatoriale qui se dessine autour d’une diversité des sources de connaissances.
CDA Gallery fédère, autour d’une série d’événements et d’expositions de peintures et de photographies, les artistes émergents de la nouvelle scène de la région Men et au-delà en laissant le passer s’insurger dans le présent se plaçant ainsi aux portes de la pensée contemporaine.
Source: Communiqué officiel