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Le lucratif héritage de Napoléon Bonaparte qui conquiert le monde

Le souvenir de l’empereur Napoléon Bonaparte s’avère être une entreprise hautement lucrative. Un exemple éloquent en est la vente du célèbre bicorne noir de Napoléon Ier, adjugé à 1,9 million d’euros, dépassant largement les estimations de la maison Osenat (initialement entre 300 000 et 400 000 euros) lors d’enchères dédiées aux souvenirs napoléoniens. Jean-Pierre Osenat, le président, exprime sa satisfaction : « Durant cette vente, tous les records ont été battus, avec des clients venus de Finlande, du Guatemala… J’espère que Ridley Scott aura le même succès avec son film que nous aujourd’hui ! » a-t-il confié au Parisien. Deux siècles après sa disparition et à l’approche de la sortie d’un biopic réalisé par Ridley Scott, l’héritage et la légende entourant Napoléon maintiennent un marché florissant.

Cet engouement s’explique aisément. Les exploits napoléoniens ont marqué les esprits en France et à l’étranger, tandis que la personnalité du petit Corse à l’ascension fulgurante a nourri la légende d’un souverain au génie multiforme, devenu un redoutable stratège militaire. « Pour les Français, plus spécifiquement, il est aussi celui qui a fait flotter au travers de l’Europe entière un drapeau tricolore victorieux », explique Natalie Petiteau, historienne spécialiste de la période napoléonienne. La renommée de Bonaparte dépasse les frontières françaises. Selon l’ouvrage « Who’s bigger » de deux ingénieurs américains de Google classant les personnages historiques par ordre d’importance, Napoléon occupe la deuxième position, juste derrière Jésus.

Les objets liés à l’empereur suscitent des enchères passionnées, attisant la convoitise des collectionneurs. En 2007, un sabre porté par Bonaparte à la bataille de Marengo s’est envolé à 4,8 millions d’euros, frais compris. En 2014, un industriel sud-coréen a acquis un bicorne précédent pour 1,8 million d’euros, et une feuille d’or de la couronne de sacre a été vendue à 625 000 euros en 2017. Même une mèche de cheveux de l’empereur a été cédée à 7 700 euros l’année dernière, bien au-delà de son prix de départ de 1 200 euros. L’engouement, amorcé lors du bicentenaire de la naissance de Napoléon en 1969, s’est intensifié depuis le bicentenaire de l’Empire en 2004, attirant de nouveaux acquéreurs, notamment en Asie et en Russie. « Même les Russes les plus patriotiques ne voient plus en Napoléon un envahisseur, mais un grand homme politique, voire un héros romantique », affirme Vladimir Presnov, directeur d’un musée consacré à la bataille de Borodino. Sous l’effet des commémorations, des best-sellers et d’une filmographie abondante, Napoléon est redevenu à la mode, ouvrant de nouveaux marchés, notamment en Afrique et en Amérique du Sud.

Le bicentenaire de la mort de Bonaparte en 2021 a confirmé la vitalité du marché de l’Empire, avec des enchères spectaculaires, telles que celle de la clé de la chambre où il est décédé, adjugée à 92 000 euros. La guerre des opinions sur la commémoration de l’empereur a amplifié la passion des collectionneurs pour leur idole.

Napoléon, en sculptant lui-même les détails de son propre mythe, se révèle être un communicant avant l’heure. De son vivant, il utilisait les arts pour cultiver le culte de sa personnalité à travers des images fortes, comme Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard ou Le Sacre de Napoléon. Même après sa mort, son influence se perpétue dans la peinture, la littérature, le cinéma, sans oublier les innombrables antiquités et produits dérivés. Comme l’a prédit Chateaubriand : « Vivant, il a manqué le monde ; mort, il le possède. »

Source : Capital.fr

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