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La réforme de l’éducation nationale est marquée par une crise de confiance

Le mardi 21 novembre, les enseignants entamaient leur cinquième semaine de grève, marquée par un nouveau débrayage de trois jours, assorti de la menace de sit-ins devant les sièges des académies régionales. Une source au sein de la Coordination nationale des enseignants a averti : « Les enseignants pourraient opter pour des actions plus graves au vu de la radicalisation croissante de leur mouvement, pouvant conduire à une grève ouverte. »

Le 20 novembre, quatre syndicats (UMT, CDT, UGTM et FDT) étaient conviés à une première rencontre avec la commission ministérielle mise en place par Aziz Akhannouch. Cette réunion s’est avérée être un échec monumental de plus. Une source syndicale a déclaré : « Nous ne pouvions pas répondre à une invitation à une réunion sans ordre du jour. C’est une autre fuite en avant du gouvernement », accusant l’exécutif de désinformation. « Le taux de participation aux grèves atteint près de 70%, voire davantage dans certaines régions, et non les 30% avancés par le ministère. À l’avenir, nous pouvons nous attendre à des marches plutôt qu’aux sit-ins actuels », a ajouté la même source, soulignant le succès de la marche de Rabat le 7 novembre et le soutien croissant des parents d’élèves.

Les syndicats dépassés par les Coordinations

Lorsque le gouvernement appelle au dialogue, il fait référence aux quatre syndicats de l’enseignement affiliés à l’UMT, la CDT, l’UGTM et la FDT, signataires de l’accord du 14 janvier 2023 servant de base à la préparation du statut unifié des fonctionnaires de l’Éducation nationale. Un enseignant à la retraite et ancien syndicaliste, Mohammed Morsli Cherkaoui, a commenté : « Aujourd’hui, ces syndicats ne peuvent plus prétendre représenter les enseignants. C’est la Coordination qui mène désormais la danse. »

« Selon eux, ces syndicats ont signé un document avec le gouvernement et se sont retrouvés avec un texte qu’ils n’avaient pas approuvé », a poursuivi notre interlocuteur. Selon une source proche du dossier, le texte initial aurait subi des modifications majeures dans plusieurs départements ministériels, notamment celui des Finances, du ministère en charge de la Fonction publique et du Secrétariat général du gouvernement. Les enseignants reprochent également au gouvernement les déclarations « inamicales » de certains de ses membres, notamment celles d’Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice et leader du PAM, qui a déclaré qu’il était inacceptable de « tordre le bras à l’État », et de Fouzi Lekjaa, ministre du Budget, qui a affirmé qu’une éventuelle augmentation des salaires était inenvisageable.

« Qui a dit que nous essayons de tordre le bras à l’État? Nous ne faisons que défendre nos droits, bafoués pendant des décennies », a rétorqué un syndicaliste, tandis que des sources affirment que les revendications des enseignants incluent une augmentation salariale d’environ 2 500 dirhams.

L’autre décision attisant la colère des enseignants est la retenue sur les salaires des grévistes. « Nous sommes obligés de terminer tous les programmes, donc de travailler plus pour rattraper le temps perdu. De ce fait, la retenue sur les salaires est une décision absurde », a commenté Abdellah Ghmimet, membre dirigeant de la Coordination des enseignants, évoquant les grèves de l’année dernière en Jordanie et au Canada, qui avaient duré plus de deux mois et abouti à des gains significatifs.

Code pénal bis

Quant au statut unifié des fonctionnaires de l’Éducation nationale, qui suscite des critiques, les enseignants s’insurgent surtout contre son volet introduisant une multitude de sanctions, le qualifiant de « Code pénal bis ». « Il contient près de deux pages de sanctions, portant atteinte à la dignité de l’enseignant », a commenté Mohammed Morsli Cherkaoui, critiquant à la fois le nombre et la nature des sanctions, ainsi que les procédures de leur application.

« Quand on est enseignant de mathématiques ou de SVT, comment est-il possible de se faire évaluer par un directeur d’établissement qui est à l’origine un enseignant de langue arabe? » s’est insurgé Abdellah Ghmimet, affirmant que le statut unifié imposé aux enseignants n’est qu’une compilation d’aberrations. Selon ce nouveau statut, un enseignant peut être affecté à n’importe quelle tâche, subir des heures supplémentaires non rémunérées, etc. En matière de sanctions, ce statut prévoit des dégradations de grades et d’échelles, des retards de promotion, une privation de primes de fin d’année… D’où la principale revendication des grévistes : le retrait pur et simple de ce texte de loi et l’ouverture d’un dialogue national. Certaines voix appellent même à l’arbitrage royal pour trouver une solution à ce blocage menaçant l’année scolaire en cours.

Source : Le360 

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