
Malgré un engouement mondial croissant pour la mobilité verte, le segment des voitures électriques peine à trouver sa place sur le marché marocain. En cause : des prix encore élevés et un réseau de recharge insuffisant, freinant l’essor de cette alternative aux motorisations thermiques.
Un retard persistant face à la dynamique mondiale
Partout dans le monde, l’électromobilité progresse grâce aux subventions, aux incitations fiscales et aux réglementations en faveur des véhicules propres. En 2024, ces modèles représentaient 17 % des ventes automobiles en Europe, avec des taux encore plus élevés en France (15 %), au Danemark (42,2 %) et en Chine (25 %). Aux États-Unis, la part de marché des voitures électriques a atteint 10 %.
Au Maroc, les ventes ont connu une progression notable en 2024, avec 1 135 unités écoulées, soit une hausse de 143 % par rapport à l’année précédente. Cependant, cette augmentation reste marginale face à un parc automobile dépassant les 4 millions de véhicules.
Des freins économiques et structurels
Plusieurs obstacles ralentissent l’adoption de la voiture électrique au Maroc. Tout d’abord, leur prix, nettement supérieur à celui des modèles thermiques, reste un facteur dissuasif. Contrairement à d’autres pays, aucune subvention directe ne permet de réduire cet écart. Certes, les véhicules électriques bénéficient d’une exonération de la vignette et d’un droit de douane réduit à 2,5 %, mais ces mesures restent insuffisantes pour stimuler la demande.
Autre frein majeur : l’insuffisance des infrastructures de recharge. Avec moins de 200 bornes réparties sur tout le territoire, l’autonomie limitée des véhicules électriques devient une contrainte difficile à surmonter. Pourtant, l’offre de modèles ne cesse de s’étoffer, avec 18 marques et plus de 40 modèles déjà présents sur le marché marocain.
Les professionnels réclament des mesures incitatives
Pour Abdelhamid Lotfi, directeur de la marque Dacia au Maroc, le problème ne vient pas de l’offre mais de l’absence de véritables incitations :
« Nous croyons au potentiel du marché marocain, mais sans subventions, la voiture électrique peine à séduire. Il faudrait envisager des mesures comme l’exonération de la TVA pour réduire l’écart de prix avec les véhicules thermiques. »
Les professionnels de la location automobile partagent ce constat. Tarik Dbilij, président de la Fédération des loueurs de voitures sans chauffeur (Flascam), souligne l’intérêt croissant des touristes pour ces véhicules :
« Le Maroc étant une destination touristique majeure, la demande pour les voitures électriques est bien réelle, notamment chez les visiteurs étrangers. Avec l’organisation de la Coupe du Monde 2030, nous devons anticiper cette transition en multipliant les bornes de recharge et en mettant en place des incitations efficaces. »
Un avenir encore incertain
Tandis que de nombreux constructeurs annoncent l’arrêt progressif des véhicules thermiques, le Maroc devra inévitablement accélérer sa transition vers l’électrique. Sans un engagement politique plus fort, le pays risque de rester à la traîne d’un mouvement mondial qui s’impose comme l’avenir de l’industrie automobile.
Avec FNH