Standard Chartered envisage une implantation stratégique au Maroc

Après avoir amorcé un retrait progressif de plusieurs marchés africains, la banque britannique Standard Chartered semble opérer un changement stratégique en direction du Maroc. En effet, la 44ᵉ banque mondiale, avec 823 milliards de dollars d’actifs, envisage sérieusement de s’implanter dans le Royaume, un marché qui offre à la fois stabilité politique et un potentiel de croissance impressionnant.
Cette décision intervient après que Standard Chartered ait cédé plusieurs de ses filiales africaines, notamment en Angola, au Cameroun, en Gambie, en Sierra Leone et en Tanzanie, au profit du groupe nigérian Access Bank. D’autres retraits sont aussi envisagés en Ouganda, en Zambie et au Botswana, dans le but de se désengager de marchés jugés peu rentables, particulièrement sous l’effet des normes Bâle IV.
Le groupe britannique semble désormais concentrer ses efforts sur des marchés stratégiques à fort potentiel, notamment dans des secteurs premium tels que la gestion de fortune, le financement de projets structurants et le soutien aux grandes entreprises. Après l’Afrique du Sud et l’Égypte, le Maroc apparaît ainsi comme un choix évident.
Le pays se distingue par sa stabilité politique, ses solides perspectives économiques et son rôle clé dans les dynamiques régionales, notamment en matière de transition énergétique et d’infrastructures, avec la Coupe du Monde 2030 en ligne de mire. Ces atouts sont perçus comme autant d’opportunités pour une implantation durable de Standard Chartered.
Pour Kais Kriaa, dirigeant de la société financière AlphaMena, l’implantation de la banque britannique au Maroc est une « opportunité stratégique à moyen et long terme ». Cependant, contrairement à son approche en Égypte, où elle a créé une filiale de zéro, Standard Chartered pourrait opter pour une stratégie plus rapide au Maroc, en passant par l’acquisition d’une banque locale.
Parmi les cibles potentielles, la BMCI, filiale de BNP Paribas, ou encore CFG Bank, sont citées. Une prise de participation significative dans Bank of Africa (BoA), à hauteur de 30 à 50%, est également envisagée. Haddi Gharib, président de l’Association des analystes financiers du Maroc, estime qu’une telle opération permettrait à Standard Chartered de s’implanter rapidement, sans avoir à se lancer dans une acquisition totale.
L’arrivée d’un acteur global comme Standard Chartered représenterait une première pour une banque britannique sur le marché marocain. Au-delà de la concurrence croissante avec des acteurs comme Access Bank, cette implantation viendrait enrichir le paysage bancaire national et pourrait favoriser un renforcement des relations entre le Maroc et l’Asie, région qui génère près de 80% des revenus de la banque.
Pour l’heure, BNP Paribas s’est abstenu de tout commentaire, et les autres banques sollicitées n’ont pas répondu, selon le magazine Jeune Afrique.