Flambée du café : les professionnels tirent la sonnette d’alarme face à une hausse jugée injustifiée

Dans les cafés de Casablanca comme ailleurs au Maroc, les propriétaires de comptoirs voient rouge. Le prix du café, matière première incontournable pour leurs établissements, vient de connaître une nouvelle envolée qui pourrait remettre en question l’équilibre déjà fragile de tout un pan de l’économie de proximité.
Depuis quelques jours, les distributeurs ont revu leurs tarifs à la hausse, avec des augmentations allant jusqu’à 25%. Une inflation soudaine et difficile à expliquer, surtout dans un contexte où les cours internationaux du café restent plutôt stables. Pour les acteurs du secteur, le manque de transparence et l’absence de régulation alimentent un sentiment d’injustice.
Ce brusque renchérissement n’est pas sans rappeler une précédente hausse survenue un peu plus d’un an auparavant. À l’époque, le café d’entrée de gamme coûtait entre 50 et 55 dirhams le kilo. Aujourd’hui, certains professionnels doivent composer avec des prix culminant à 125, voire 130 dirhams le kilo. Une augmentation qui pourrait rapidement se répercuter sur le prix de la tasse… ou sur la santé financière des établissements les plus vulnérables.
Du côté des fédérations professionnelles, la colère gronde. Ahmed Bifkrane et Noureddine El Harrak, figures de proue des syndicats du secteur, dénoncent une situation intenable. Non seulement les exploitants de cafés ne sont pas en mesure d’absorber cette hausse, mais ils n’ont pas non plus la liberté d’en répercuter le coût sur leurs clients, au risque de voir leur fréquentation chuter.
La fronde s’organise donc. Des lettres ont été envoyées aux ministères de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie. La Fédération nationale des propriétaires de cafés et restaurants appelle également le Conseil de la concurrence à ouvrir une enquête sur de possibles ententes entre fournisseurs, une pratique qui irait à l’encontre des règles du libre marché.
Pour beaucoup, le problème dépasse la simple question des prix. Il s’agit désormais de préserver un tissu économique constitué majoritairement de petites structures, souvent implantées dans des quartiers populaires où la consommation de café fait partie du quotidien. Avec des tasses vendues entre 7 et 10 dirhams, les marges sont faibles et toute hausse de coût peut être fatale.
Dans ce climat de tension, les appels à une intervention de l’État se multiplient. Certains plaident pour une baisse des droits de douane sur le café importé, d’autres réclament une meilleure transparence sur les circuits de distribution. Tous s’accordent à dire qu’il y a urgence à agir, au risque de voir se généraliser une crise silencieuse, mais lourde de conséquences pour le secteur de la restauration.