
Le paysage du paiement électronique au Maroc entame un tournant historique. Depuis le 1er mai 2025, les filiales des banques actionnaires du Centre Monétique Interbancaire (CMI) ont désormais le feu vert pour traiter directement avec les commerçants, amorçant ainsi la fin d’un quasi-monopole dénoncé de longue date.
Ce changement s’inscrit dans le cadre d’un engagement pris par le CMI auprès du Conseil de la concurrence, qui avait exigé une ouverture du marché après une plainte déposée par l’opérateur Naps. L’objectif est clair : mettre fin à la domination exclusive du CMI et favoriser une concurrence saine entre les prestataires de services de paiement.
Si certains acteurs indépendants ou issus de banques non actionnaires du CMI – comme VPS, Al Barid Bank ou Naps – avaient déjà commencé à équiper les commerçants bien avant cette échéance, les nouveaux venus liés aux grandes banques actionnaires peinent, eux, à passer à l’acte malgré leur préparation technique.
Six nouvelles entités sont pourtant prêtes : deux filiales d’Attijariwafa bank, et celles du CIH Bank, de la BCP, de Bank of Africa et du Crédit Agricole. Toutes ont terminé leur interconnexion avec le système d’information du CMI, qui doit désormais se transformer en une plateforme neutre, capable de traiter les transactions de manière équitable pour l’ensemble des acteurs du marché.
Mais malgré l’ouverture réglementaire, aucun contrat commerçant n’a encore été signé par ces nouvelles structures. Les dernières étapes techniques avec les réseaux Visa et Mastercard sont encore en cours, ralentissant le lancement opérationnel. Une conférence prévue autour du 20 mai devrait apporter des précisions et, peut-être, annoncer les premières concrétisations.
En parallèle, le CMI poursuit la gestion de son portefeuille de clients historiques, avec une échéance claire en ligne de mire : au 1er novembre 2025, il devra transférer environ 55.000 contrats commerçants et quelque 65.000 terminaux de paiement à d’autres opérateurs, conformément à ses engagements.
Trois autres banques – Société Générale, BMCI et Crédit du Maroc – préparent également leur entrée sur le marché via de nouvelles filiales, après avoir dissous leurs précédentes structures. Elles devront toutefois obtenir des licences de Bank Al-Maghrib avant de pouvoir opérer.
Alors que le cadre réglementaire est désormais posé, la transformation du marché est en suspens, freinée par des délais techniques et une certaine prudence commerciale. Reste à voir si les prochaines semaines permettront de franchir le pas tant attendu vers une véritable concurrence dans les services de paiement au Maroc.
Avec L’Économiste.