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Petite agriculture, la grande oubliée des politiques agriocles selon le CESE

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) tire la sonnette d’alarme sur la situation de la petite et moyenne agriculture familiale (PMAF) au Maroc. Dans un avis récemment publié, l’institution appelle à une révision en profondeur des politiques agricoles et rurales pour mieux intégrer ce modèle d’exploitation, aujourd’hui marginalisé malgré son poids stratégique.

Représentant près de 70 % des exploitations agricoles du pays, la PMAF joue un rôle central dans la sécurité alimentaire des ménages ruraux et la lutte contre l’exode rural. Pourtant, elle ne génère que 29 % de la valeur ajoutée du secteur, loin derrière les grandes exploitations — à peine 3 % du total — qui en produisent plus de 30 %.

Les exploitations de moins de cinq hectares, souvent orientées vers l’autoconsommation et mobilisant essentiellement une main-d’œuvre familiale, sont confrontées à des contraintes multiples : accès limité au financement, absence d’encadrement technique, faible structuration, pression foncière, sans oublier les effets de plus en plus marqués du changement climatique. Ce dernier point figure d’ailleurs parmi les principales préoccupations exprimées lors des consultations menées par le CESE : 20 % des participants le désignent comme un frein majeur, contre 27 % qui soulignent le déficit d’accompagnement.

Face à cette situation, le CESE préconise une stratégie territorialisée tenant compte des spécificités agro-écologiques locales. Cela inclut la promotion de cultures mieux adaptées comme le safran, l’arganier ou les plantes aromatiques, le développement des circuits courts et l’ouverture vers les marchés de proximité et les unités de transformation.

Le Conseil plaide également pour une structuration en coopératives ou groupements d’intérêt économique, de manière à renforcer la capacité de négociation des agriculteurs et à réduire la dépendance aux intermédiaires. Il recommande par ailleurs un appui différencié, combinant conseil technique renforcé, accès facilité au foncier et solutions de financement innovantes — microcrédit, subventions ciblées, finance solidaire.

Enfin, la PMAF est identifiée comme un levier de développement inclusif, en particulier pour les femmes et les jeunes. Mais sur le terrain, seuls 6,5 % des exploitations sont dirigées par des femmes, et les jeunes peinent encore à accéder à la terre et aux moyens de production.

Pour le CESE, soutenir la petite agriculture, c’est préserver les savoir-faire locaux, protéger les paysages agropastoraux et bâtir une agriculture résiliente, plus équitable et durable.

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