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Riz menacé par l’arsenic: Le réchauffement climatique aggrave-t-il les risques pour la santé?

Invisible à l’œil nu, sans goût ni odeur, l’arsenic est pourtant bien présent dans le riz. Et sa concentration pourrait devenir problématique. Une étude récente publiée dans The Lancet Planetary Health alerte : le réchauffement climatique favoriserait l’accumulation de cette substance toxique dans les cultures de riz, avec des conséquences inquiétantes pour la santé humaine.

Une présence naturelle, mais amplifiée par les activités humaines

Que le riz contienne de l’arsenic n’a rien d’anormal en soi. Ce métal est naturellement présent dans la croûte terrestre. Or, le riz pousse dans des champs inondés, un environnement pauvre en oxygène qui transforme l’arsenic en une forme plus toxique et facilement absorbée par la plante. Comme le souligne Karlien Cheyns, experte de l’institut belge Sciensano, ces conditions rendent le riz particulièrement vulnérable.

Mais au-delà de l’origine naturelle, l’arsenic issu de l’activité humaine est bien plus préoccupant. Utilisé dans les engrais, pesticides, teintures, ou encore relâché par les industries minières, cet arsenic inorganique, beaucoup plus toxique, a infiltré les nappes phréatiques de nombreux pays, de l’Asie aux Amériques. Et puisque les rizières sont irriguées avec cette eau contaminée, le transfert vers notre alimentation est direct.

Un danger silencieux pour la santé

À long terme, une exposition chronique même à faibles doses d’arsenic inorganique peut entraîner de graves pathologies : cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, troubles cognitifs ou encore anomalies du développement. Selon l’ONU, il s’agit même du principal contaminant chimique de l’eau potable dans le monde.

Le réchauffement climatique, un accélérateur

L’étude menée par l’Université Columbia apporte une nouvelle alerte. Elle montre qu’un réchauffement supérieur à 2 °C, couplé à une hausse du taux de CO₂, intensifie l’absorption de l’arsenic inorganique par le riz. La hausse des températures modifie la chimie des sols et crée un terrain propice à cette accumulation.

Avec le riz consommé massivement en Asie et dans d’autres régions du monde, l’augmentation de l’arsenic pourrait provoquer une explosion des cas de maladies liées à cette substance. Un enjeu de santé publique planétaire.

Peut-on encore consommer du riz sans crainte ?

Malgré les inquiétudes, les autorités sanitaires se veulent rassurantes. En Belgique, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) effectue une cinquantaine d’analyses par an sur le riz. « Depuis trois ans, toutes les valeurs mesurées sont restées dans les normes légales », assure sa porte-parole Aline Van Den Broeck.

Pour limiter l’exposition, quelques gestes simples peuvent être adoptés : rincer le riz avant cuisson, le faire cuire dans une grande quantité d’eau (comme des pâtes), puis l’égoutter. Ce procédé permettrait de réduire la présence d’arsenic de 40 à 60 %, même si cela diminue aussi certains nutriments essentiels.

Diversifier l’alimentation, une stratégie simple et efficace

Manger du riz avec modération et varier les sources de céréales est une mesure de précaution recommandée. Millet, quinoa, sarrasin, épeautre ou boulgour sont autant d’alternatives intéressantes. Cette diversité limite l’accumulation d’arsenic dans l’organisme tout en enrichissant le régime alimentaire.

Repenser la culture du riz à long terme

Pour répondre durablement à la menace, les chercheurs appellent à une transformation des pratiques agricoles. Amélioration des variétés de riz pour limiter l’absorption d’arsenic, gestion des sols optimisée, pratiques de transformation plus rigoureuses, sensibilisation des consommateurs : autant de leviers à actionner d’urgence.

Un contaminant omniprésent

Il est important de rappeler que le riz n’est pas la seule source d’arsenic. L’eau potable, les produits laitiers, les viandes, les poissons et fruits de mer peuvent aussi contenir cette substance, notamment si leur préparation a impliqué de l’eau contaminée.

En Wallonie, une campagne de biomonitoring menée auprès d’adolescents en 2020 a révélé que 21 % des participants présentaient des taux d’arsenic supérieurs à la limite de sécurité. D’autres études européennes rapportent des niveaux préoccupants similaires chez 15 à 52 % des jeunes testés.

Avec rtbf.be

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