Viandes oubliées … urbanisation & appui offciel Aux origines de la marginalisation

Autrefois considérée comme un luxe, la viande rouge s’inscrivait dans un régime marocain majoritairement végétal. Avec l’urbanisation, la consommation s’est intensifiée, mais uniquement pour les filières bovine et avicole. Les viandes alternatives, malgré leur valeur nutritionnelle et leur enracinement régional, sont restées marginales, freinées par des obstacles culturels, économiques et logistiques.
Hstoriquement, la viande rouge était un luxe et non une consommation quotidienne, le régime traditionnel étant davantage végétal. Bien que l’urbanisation ait entraîné une augmentation de la consommation de produits animaux, cette augmentation s’est concentrée sur les viandes déjà établies. Des barrières spécifiques existent pour chaque viande «oubliée».
La viande de chameau, bien qu’appréciée dans le sud, peut avoir un goût plus fort qui ne convient pas à tous les palais dans d’autres régions. La viande de chèvre, bien que nutritive et traditionnelle, est parfois moins préférée que le bœuf ou l’agneau. Pour la viande de lapin, il y a un manque de connaissance de ses bienfaits pour la santé et de ses utilisations culinaires. La viande d’autruche, bien que de haute qualité, est freinée par son prix élevé (120 à 150 DH le kilo) et sa distribution limitée. Enfin, la viande de pigeon est très marginale. La certification Halal est également un critère fondamental pour les consommateurs marocains, et la méfiance envers les viandes importées ou de qualité incertaine est forte, ce qui pourrait s’étendre aux viandes alternatives si leur origine et leur traitement ne sont pas transparents.
Animaux vivants
Contrairement aux filières dominantes qui ont bénéficié d’une modernisation et d’un appui technique significatif, les secteurs des viandes alternatives manquent cruellement d’équipements modernes et de soutien technique. La transformation et la distribution sont limitées. La commercialisation des animaux vivants et des viandes reste peu organisée, notamment dans les souks traditionnels, où les conditions d’abattage ne respectent pas toujours les normes sanitaires, et où la multiplication des intermédiaires entraîne une volatilité des prix et un manque de transparence. Le financement et l’investissement dans ces filières alternatives sont insuffisants.
La revalorisation des viandes oubliées au Maroc présente des opportunités considérables pour le secteur agroalimentaire, les chefs cuisiniers et la société dans son ensemble. En réduisant la dépendance à quelques espèces dominantes, le pays peut mieux faire face aux chocs climatiques, aux maladies animales et aux fluctuations des prix mondiaux.
Ces viandes offrent un potentiel pour le développement de marchés de niche à haute valeur ajoutée. Leurs profils nutritionnels uniques (faible en gras, riche en protéines et micronutriments) et leurs avantages environnementaux peuvent attirer une clientèle soucieuse de sa santé et de la durabilité de sa consommation. Cela ouvre la voie à des produits premium, potentiellement destinés à l’exportation.
Traditions et les pratiques agricoles
La valorisation de ces viandes est intrinsèquement liée à la mise en valeur des terroirs locaux. Ces espèces sont souvent ancrées dans les traditions et les pratiques agricoles spécifiques à certaines régions du Maroc. Leur promotion contribue à renforcer l’économie rurale et à préserver le patrimoine culturel. Le label «Terroir du Maroc» constitue déjà un outil pour cette valorisation.
Le développement de ces filières peut également stimuler la création d’emplois et le développement rural. En rendant ces activités plus attractives et rentables, il est possible de limiter l’exode rural et d’offrir de nouvelles opportunités économiques.