
Interpellée par le député Driss Sentissi, président du groupe Mouvement Populaire à la Chambre des représentants, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a livré un exposé détaillé sur la formation des prix des carburants. Mais ses explications techniques laissent entière la question centrale : celle des marges des distributeurs et de la lenteur dans la répercussion des baisses internationales.
La ministre a rappelé que depuis la libéralisation de 2015, les prix sont fixés librement par les sociétés de distribution, tout en affirmant que l’État assure un suivi quotidien de leur évolution. Elle a souligné que la tarification s’appuie sur les produits raffinés et non sur le brut, ce qui décale l’impact des fluctuations mondiales de plusieurs semaines. Selon elle, les tarifs appliqués ces derniers mois seraient « relativement en phase » avec les marchés internationaux.
Pour étayer son propos, elle a mentionné une baisse de 7 % du gazole et de 1,9 % de l’essence entre janvier et juin 2025. Mais ces replis apparaissent bien modestes aux yeux des automobilistes, qui dénoncent une transmission trop lente et des marges jugées excessives. Celles-ci oscillent en moyenne entre 1,24 et 1,46 dirham par litre pour le gasoil et entre 1,95 et 2,11 dirham pour l’essence.
La ministre s’est appuyée sur les rapports du Conseil de la concurrence, qui estime que les marges restent dans des « limites acceptables » sans signe de pratiques anticoncurrentielles. Toutefois, le poids fiscal demeure prépondérant : près de 38 % du prix final correspond aux taxes. Le 15 septembre, le litre d’essence se vendait autour de 12,77 dirhams et celui du gasoil à 10,50 dirhams, selon GlobalPetrolPrices.
Face à la grogne, Nadia Fettah a mis en avant les mesures de l’exécutif : soutien au secteur du transport, transparence des prix à la pompe et suivi rapproché des cours. Elle a également évoqué des chantiers de long terme, tels que la constitution d’un stock stratégique, le renforcement des capacités de stockage, le développement du transport public et le soutien aux énergies alternatives comme l’hydrogène vert.
Des perspectives structurantes, certes, mais qui laissent les automobilistes dans l’attente de réponses concrètes et immédiates sur la cherté persistante des carburants.
Avec Barlamane