Santé : comment le tabac veut se refaire une virginité

C’est un grand virage qu’est en train de prendre l’industrie du tabac dans le monde. A terme, il consiste pour les firmes à ne plus se présenter comme des vendeurs de tabac mais plutôt en tant que fabricants de solutions technologiques. A moyen terme, il faudra continuer tant bien que mal à vendre du tabac mais tout en devenant acteur actif dans la préservation de la santé publique. En gros, se mettre du bon côté : celui des autorités sanitaires des pays, des écolos et aussi du côté du consommateur fumeur.
Les deux grandes tendances se trouvent déjà initiées aujourd’hui dans le cadre de ce que le marché appelle désormais les produits à risques potentiellement réduits. Il s’agit en effet de produits alternatifs à la cigarette classique. Ces produits combinent à la fois un effort fait sur la matière fumée ainsi que sur le procédé d’allumage de cette matière. Ce dernier devient en effet de plus en plus technologique et sophistiqué. Quant au premier volet certains produits ont zappé définitivement le tabac. L’exemple le plus connu en la matière par le grand public est celui de la cigarette électronique. D’ailleurs, elle n’est pas appelée e-cigarette pour rien mais bien parce qu’elle est un pur produit high tech. Quand à la matière fumée, il s’agit de liquide peu offensif contenant de la nicotine qu’on vape et non qu’un fume, avec en prime des arômes et des goûts à la demande.
D’autres marques, tout en explorant le champ du zéro tabac, travaillent aussi sur des produits à base de tabac mais à risques réduits.
Philip Morris est de ceux qui proposent aujourd’hui un produit bien abouti dans ce sens. Il s’agit de la plateforme IQOS commercialisée aujourd’hui en Europe mais surtout au Japon où «elle revendique une part de marché de 10%», selon des données institutionnelles. IQOS n’est ni une cigarette ni un paquet de cigarettes mais plutôt un engin technologique composé de 3 éléments : batterie, chargeur et dispositif d’allumage. Rien qu’avec ça, la classification tabac se voit brouillée. Et c’est le plus important pour un producteur d’une matière aussi nocive.
La cigarette est en train de devenir un vrai produit technologique
Mais Philip Morris va plus loin en proposant un tabac potentiellement à risque réduit. Le secret réside en fait dans le procédé d’allumage qui permet d’avoir un bon degré de chauffage du tabac tout en évitant sa combustion. «C’est le fait de bruler le tabac qui engendre autant de dégâts et matières nocives», expliquent les professionnels. Les expériences montrent que les températures avoisinent facilement les 900° au moment où l’on fume une cigarette standard. Chez Philip Morris, on est arrivé à contenir cette température à -400°. Pour y arriver, un travail de R&D a été fait sur le tabac lui-même. Il ne s’agit plus en fait de la plante transformée un minimum mais d’un tabac réinventé de toutes pièces. Le but était de procurer les mêmes sensations de plaisir qu’en fumant une cigarette normale. Le plus est qu’il n’y a pas de fumée et pas d’odeur non plus. Un non fumeur ne sentirait rien à côté d’un fumeur IQOS.
La marque martèle toutefois dans sa communication officielle qu’elle n’incite pas à fumer davantage. Au contraire, elle reconnaît noir sur blanc que «le tabagisme est l’une des principales causes évitables de mortalité et de maladie dans le monde» et que «la meilleure façon de remédier aux conséquences néfastes sur la santé est, pour les non fumeurs, de ne jamais fumer et, pour les fumeurs, de s’arrêter».