Entreprises publiques: que se passe-t-il à Barid Al Maghrib et sa filiale bancaire?

L’une des images qui ont marqué les esprits durant l’épreuve du Covid-19 était ces longues files d’attentes devant les bureaux de poste ayant servi pour la distribution des aides destinées aux plus nécessiteux de nos concitoyens. Doté du plus grand réseau d’agence du pays, le groupe Barid Al Maghrib, et notamment sa filiale bancaire Al Barid Bank, étaient en effet les mieux placés pour relever ce challenge exceptionnel, face à une menace sanitaire encore plus exceptionnelle!
Mais, voilà que depuis le début de l’année, l’entreprise publique fait l’actualité d’une manière pour le moins négative, pour ne pas dire inquiétante. A titre d’exemple: elle fait aujourd’hui l’objet d’une mission d’enquête parlementaire. Des représentants de la Nation se sont en effet déplacés dans les locaux du groupe pour y voir de plus près après que les alertes de dysfonctionnement se sont fait de plus en plus nombreuses depuis janvier 2021. Un bruit a couru ces derniers jours voulant que le management du groupe a refusé de coopérer ce qui aurait poussé la mission à suspendre son enquête. Il a fallu un communiqué officiel de ladite mission (dont nous détenons copie) pour infirmer les rumeurs. C’est dire que les choses ne se passent pas nécessairement dans la joie et la bonne humeur. Et c’est le moins que l’on puisse dire s’agissant de la relation entre Barid Al Maghrib et ses employés. Ces derniers ont inauguré le nouvel an avec une grève ouverte pour arracher quelques acquis sociaux notamment une augmentation de salaire de 500 dirhams sur trois ans (voir à ce sujet les liens suivant: https://fr.hespress.com/185021-rabat-greve-nationale-ouverte-et-sit-in-des-fonctionnaires-de-barid-al-maghrib.html; https://www.lesiteinfo.com/maroc/barid-al-maghrib-le-torchon-brule-entre-les-fonctionnaires-et-la-direction-generale/; https://www.maroc-hebdo.press.ma/fin-greve-poste-maroc).
Il semble qu’à aujourd’hui aucune revendication n’ai été satisfaite. Motif: difficultés financières de l’entreprise. Pourtant, ces difficultés n’empêchent pas Al Barid Bank de passer des commandes d’équipement aux montants significatifs: achat d’ordinateurs pour 7,7 millions de dirhams ou aménagement d’un établissement hôtelier à Marrakech pour 66 millions de dirhams… (voir à ce sujet le site goud.ma).
Autres griefs : lenteur, mauvaise qualité de service, facturation de service trop chère et peu transparente, etc.
Si la modernisation de la Poste a permis de faire du groupe un acteur important pour accompagner la transformation digitale de l’économie et la société, à travers la bancarisation, les services de livraison et le e-banking, il est clair que l’heure est aujourd’hui à la consolidation de ces acquis à travers un tour de vis en matière de gouvernance.
Les résultats de la mission parlementaire en cours seront à ce titre d’une grande utilité.
A suivre!