Immobilier : un secteur en panne malgré l’espoir du Mondial 2030?

Face à un marché en panne, des coûts de construction qui grimpent et une administration à la traîne, les promoteurs immobiliers marocains ont bien du mal à retrouver leur souffle. Malgré l’optimisme suscité par la Coupe du Monde 2030, les difficultés persistent, mettant en évidence le besoin urgent de réformes profondes pour relancer un secteur clé de l’économie nationale.
Le quotidien L’Économiste dresse un état des lieux préoccupant dans son édition du 23 juillet. La Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) tire la sonnette d’alarme : les transactions sont quasiment à l’arrêt depuis plusieurs mois, pendant que le coût des matériaux repart à la hausse, dopé par la flambée des prix du pétrole. Cette pression à la hausse pourrait bientôt se répercuter sur les prix finaux des logements, prévient-elle.
Officiellement, les ventes ont chuté de 30 à 40 %, mais en réalité, le recul serait bien plus marqué, selon un membre de la fédération. L’espoir d’un sursaut grâce aux Marocains résidant à l’étranger, traditionnellement actifs durant l’été, s’est envolé. Confrontés à l’inflation et à une baisse de leur pouvoir d’achat dans leurs pays d’accueil, ces derniers ne priorisent plus l’investissement immobilier.
Les grandes villes ne sont pas seules touchées : même les cités moyennes souffrent d’un manque criant de foncier constructible. À cela s’ajoute une offre neuve de plus en plus reléguée à des zones périphériques ou en déclin, rendant difficile la proposition de logements de qualité à des prix abordables.
Par ailleurs, certaines pratiques discutables continuent de gangrener le marché. Dans la région du Grand Casablanca, des promoteurs admettent recourir à des paiements non déclarés pour compléter le prix d’achat, avançant l’argument d’un filtre pour écarter les acheteurs peu fiables.
À ces dérives s’ajoute l’inefficacité administrative : l’instruction des dossiers peut s’étendre sur douze mois, décourageant les investissements. L’Économiste souligne aussi l’effet dissuasif de la fiscalité locale, notamment la taxe sur les terrains non bâtis (TNB), jugée pénalisante.
L’été, habituellement propice aux transactions, n’a pas permis d’inverser la tendance. À Casablanca, un notaire rapporte qu’aucune vente n’a été finalisée depuis le mois de juin. En cause, une cyberattaque ayant frappé la plateforme Tawtik, indispensable au traitement des ventes notariales, a paralysé les démarches pendant plusieurs semaines.
Quant au dispositif d’aide « Daam Sakan », il ne parvient toujours pas à séduire, en dépit de subventions qui peuvent atteindre 100.000 dirhams. Le président de la FNPI reconnaît que l’effet de ce programme reste limité et appelle à une refonte en profondeur pour qu’il devienne réellement incitatif.
Si la Coupe du Monde 2030 reste un levier potentiel de relance, son effet se fait encore attendre dans l’immobilier résidentiel. L’aménagement urbain avance, mais l’offre en logements adaptés aux besoins des visiteurs internationaux (studios, résidences de courte durée, villas haut de gamme) reste marginale. Pour les promoteurs, capter cette demande est devenu crucial. Encore faut-il lever les blocages structurels.
Avec L’Economiste