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Santé publique : vers une meilleure gestion des médicaments et des ressources humaines?

Dans un contexte marqué par le gaspillage récurrent de médicaments et une pénurie persistante de professionnels de santé, le ministère de la Santé passe à l’offensive. Une série de réformes ambitieuses est en cours pour rationaliser l’approvisionnement en médicaments et renforcer les effectifs médicaux, avec à la clé une plateforme logistique nationale et une refonte du système de fixation des prix.

Chaque année, des tonnes de médicaments périmés finissent à la poubelle, tandis que d’autres, pourtant essentiels, viennent à manquer dans les hôpitaux publics. Ce déséquilibre coûte cher : sur les 3,6 milliards de dirhams consacrés annuellement à l’achat de médicaments et d’équipements médicaux, une part significative est dilapidée en raison d’une mauvaise planification logistique.

Pour inverser la tendance, le ministère dirigé par Amine Tahraoui prépare la mise en service, d’ici un an et demi, d’une plateforme logistique nationale unifiée. Cette infrastructure devrait permettre une gestion centralisée et rationalisée des approvisionnements pour l’ensemble des établissements publics de santé. Elle visera notamment à mieux répondre aux besoins spécifiques des groupements sanitaires territoriaux, avec l’objectif de réduire les pertes et d’assurer une distribution équitable et continue des ressources.

Mais la réforme ne s’arrête pas là. En parallèle, un nouveau décret sur la régulation des prix des médicaments est en cours de finalisation. Fruit de plusieurs mois de concertation avec les représentants de l’industrie pharmaceutique, les syndicats de pharmaciens et les assureurs, ce texte introduira une série de mesures destinées à favoriser l’accès aux traitements tout en soutenant la production nationale.

Parmi les changements attendus : un raccourcissement des délais de révision des prix, une application progressive des baisses tarifaires pour maintenir la stabilité du marché, ainsi que des mécanismes pour préserver l’accessibilité aux médicaments à bas coût. Le projet de loi est prêt et devrait être présenté au Conseil de gouvernement prochainement.

« Cette réforme marque un tournant. Le gouvernement ne se contente plus d’une approche technique ; il adopte une vision globale, intégrant les enjeux sociaux et économiques. Notre objectif est de redonner du souffle au pouvoir d’achat des Marocains, tout en stimulant les investissements dans le secteur de la santé », a déclaré le ministre devant la Chambre des représentants.

Autre chantier prioritaire : celui des ressources humaines. En réponse à la carence de médecins dans certaines régions, le ministère prévoit le recrutement, dès cette année, de deux promotions complètes de médecins spécialistes. Ce sont ainsi 661 praticiens qui viendront renforcer les équipes hospitalières. À cette initiative s’ajoutera, dès septembre, l’affectation de 543 médecins supplémentaires à l’issue d’un processus de mobilité en cours.

Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie plus large, qui vise à sortir du modèle des affectations provisoires — souvent décrié — et à instaurer une politique d’intégration durable des compétences médicales. Pour attirer les médecins vers les zones défavorisées, des incitations concrètes sont prévues : conditions de travail améliorées, dispositifs de motivation et environnement professionnel plus stable.

Enfin, l’État mise sur le long terme à travers la convention-cadre signée en 2022 avec les ministères de l’Enseignement supérieur, de l’Économie, de l’Innovation et des Finances. L’ambition est claire : porter à un niveau acceptable la densité des professionnels de santé d’ici 2030 grâce à une formation renforcée, un recrutement stratégique et une répartition mieux pensée des effectifs sur le territoire.

Avec ces mesures, le ministère de la Santé semble poser les bases d’un système plus résilient, plus équitable et mieux adapté aux enjeux sanitaires du pays.

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