
Alors que le e-commerce connaît une ascension fulgurante au Maroc, les pouvoirs publics déploient une stratégie tous azimuts pour structurer durablement ce secteur devenu essentiel à la compétitivité nationale. Entre renforcement du cadre légal, soutien aux commerçants, accompagnement des startups et digitalisation des services, tout semble réuni pour faire du Royaume un leader africain du commerce en ligne.
Le contexte est particulièrement porteur : un taux de pénétration d’Internet dépassant les 100%, une jeunesse ultra-connectée, et des usages numériques qui s’ancrent dans les habitudes quotidiennes. Résultat, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023, le e-commerce marocain a généré un chiffre d’affaires de 22 milliards de dirhams, en croissance moyenne annuelle de plus de 30% sur les cinq dernières années, selon le ministère de l’Industrie et du Commerce. D’ici 2029, ce montant pourrait atteindre les 24 milliards de dirhams, avec près de 10 millions d’utilisateurs et un taux de pénétration qui grimperait à plus de 25%, d’après les prévisions de Statista.
Mais au-delà des performances, c’est toute une infrastructure réglementaire, technologique et humaine que le pays est en train de bâtir pour inscrire cette dynamique dans la durée.
Un cadre légal en chantier
Le ministère planche sur une réforme de la loi n°31.08 relative à la protection du consommateur. Ce texte, en cours de validation au Secrétariat général du gouvernement, viendra clarifier le rôle des plateformes en ligne et renforcer les garanties offertes aux cyberconsommateurs. L’objectif est simple : restaurer la confiance et sécuriser les transactions numériques dans un environnement en mutation constante.
Former et accompagner les commerçants
L’autre axe fort de cette stratégie repose sur la montée en compétences des commerçants. Des milliers d’entre eux ont été formés au marketing digital et intégrés aux principales plateformes de vente en ligne. Des partenariats avec des acteurs comme Mediam Group (Google Ads) ont également vu le jour pour aider les TPE à gagner en visibilité.
En parallèle, le ministère prépare une étude nationale sur le commerce électronique. Elle devra cartographier les forces et faiblesses du secteur, pour mieux guider les politiques publiques à venir.
Startups, retail et transformation numérique
Le programme Moroccan Retail Tech Builder, fruit d’un partenariat avec l’UM6P et la Fondation OCP, illustre parfaitement cette volonté d’encourager l’innovation. Il accompagne déjà plus de 160 startups, et une nouvelle phase est prévue pour 2025-2027. À côté, des initiatives concrètes comme le partenariat avec Attijariwafa Bank visent à faciliter la digitalisation du commerce de proximité, notamment via l’adoption du paiement électronique.
Un accord signé avec le ministère de la Transition numérique en avril 2025 vient compléter ce dispositif. Il prévoit une batterie de mesures pour accélérer la digitalisation des commerçants, dont le développement de la plateforme Trade.ma. Celle-ci ambitionne de connecter les entreprises marocaines aux marchés internationaux, tout en valorisant les produits du « Made in Morocco ».
Un pari sur l’avenir
À travers ce vaste arsenal d’actions, le Maroc ne se contente pas d’accompagner une tendance mondiale. Il cherche à façonner un écosystème e-commerce structuré, équitable et inclusif. Un pari audacieux, mais nécessaire, dans une économie de plus en plus numérisée. Si les efforts se poursuivent à ce rythme, le pays pourrait bien opérer un véritable saut qualitatif dans son développement économique, avec le e-commerce comme moteur de croissance et d’inclusion.
Avec Le360