Livraison de repas : le Marocain Kooul veut défier les leaders du marché
Avec des commissions réduites, une approche plus inclusive et une levée de fonds récente, Kooul ambitionne de bousculer la domination de Glovo dans un marché estimé à près de six millions d’utilisateurs potentiels, rapporte Jeune Afrique.
Le retrait de Jumia de la livraison alimentaire en décembre 2023, en raison de coûts élevés et d’une concurrence intense, a marqué un tournant pour le secteur. Le pionnier nigérian a choisi de se recentrer sur son activité historique de e-commerce, laissant le champ libre à Glovo. La filiale marocaine de l’opérateur espagnol s’est alors imposée comme leader, affichant un chiffre d’affaires supérieur à 500 millions de dirhams en 2024 et confirmant sa rentabilité.
« Après un premier résultat opérationnel positif en 2023, nous avons confirmé la rentabilité en 2024 tout en poursuivant nos investissements dans la technologie, l’expérience utilisateur et l’écosystème local », souligne Hamza Naciri Bennani, directeur général de Glovo Maroc. L’entreprise revendique une croissance à deux chiffres depuis six ans.
Mais cette position dominante n’a pas échappé au régulateur. En février 2024, le Conseil de la concurrence a ouvert une enquête sur des pratiques jugées anticoncurrentielles, notamment des commissions dépassant parfois 30%. L’affaire a été close en juillet avec un accord imposant le plafonnement des commissions, la suppression des clauses d’exclusivité et une meilleure valorisation du travail des livreurs.
C’est dans ce contexte que Kooul, filiale d’Ora Technologies, entend se faire une place. Créée en 2023 par Omar Alami, ex-banquier passé par HSBC et BNP Paribas, la start-up revendique déjà 12.000 utilisateurs actifs et couvre six villes marocaines, contre 31 pour Glovo. Forte d’une levée de fonds de 7,5 millions de dollars, elle vise une croissance mensuelle comprise entre 15% et 30%.
« Notre ambition est claire : démocratiser la livraison de repas pour toutes les catégories sociales, pas seulement pour les CSP+ », affirme Omar Alami. Pour y parvenir, Kooul propose une commission fixée à 10%, bien en deçà des 30% de Glovo, et mise sur un modèle fondé sur l’équité et la transparence, apprécié des restaurateurs comme des livreurs.
Face à cette offensive, Glovo garde son calme. « L’arrivée de nouveaux acteurs aide à éduquer le marché, élargir l’offre et stabiliser progressivement la demande », estime son directeur général. Selon lui, le marché marocain reste encore jeune, complexe et en pleine structuration, où l’équilibre entre restaurants, livreurs et clients demeure la clé pour assurer à la fois qualité de service et rentabilité.
Le duel entre Kooul et Glovo s’annonce ainsi stratégique : une confrontation entre un leader solidement installé et une start-up locale ambitieuse, dans un secteur appelé à se démocratiser rapidement auprès de millions de consommateurs.
