En 2023, près des trois quarts des dépenses de consommation finale des ménages (DCFM) ont été concentrés dans seulement cinq régions du Royaume, selon les comptes régionaux publiés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP). Casablanca-Settat domine largement ce classement.
Casablanca-Settat, moteur de la consommation
Avec 25% des dépenses nationales, Casablanca-Settat confirme son rôle de locomotive économique et commerciale du Maroc. Sa suprématie s’explique par la forte densité urbaine de la métropole, la concentration des infrastructures et la présence d’importants secteurs industriels, financiers et de services.
En deuxième position, la région Rabat-Salé-Kénitra capte 14,6% des dépenses, soutenue par son poids démographique, son pouvoir d’achat élevé et son rôle administratif.
Un Top 5 ultra-dominant
Trois autres régions complètent ce quinté de tête :
- Tanger-Tétouan-Al Hoceima : 11,7%, portée par le dynamisme industriel et logistique autour de Tanger Med.
- Fès-Meknès : 11,5%, grâce à l’agriculture, au commerce et aux services.
- Marrakech-Safi : 11,3%, tirée par le tourisme et les activités liées à l’hébergement et à la restauration.
À elles seules, ces cinq régions cumulent 74% des dépenses nationales, évaluées à 891,9 milliards de dirhams en 2023.
Les autres régions en retrait
Les huit autres régions se partagent à peine 26% des DCFM. Parmi elles :
- Souss-Massa : 7,2%.
- Oriental : environ 5%.
- Drâa-Tafilalet, Laâyoune-Sakia El Hamra, Guelmim-Oued Noun et Dakhla-Oued Eddahab : des parts marginales, la dernière fermant la marche avec seulement 0,8%.
Des disparités qui s’accentuent
Le HCP souligne une aggravation des inégalités régionales : l’écart absolu moyen entre les DCFM régionales et la moyenne nationale est passé de 44,2 milliards de dirhams en 2022 à 48,2 milliards en 2023. La consommation se concentre donc davantage dans les grands pôles économiques du pays.
Classement par habitant : Dakhla en tête
Si Casablanca domine en volume, l’analyse par habitant offre une autre lecture. La moyenne nationale s’établit à 24.092 DH par habitant, mais six régions dépassent ce seuil :
- Dakhla-Oued Eddahab : 32.700 DH.
- Casablanca-Settat : 29.325 DH.
- Oriental : 26.689 DH.
- Tanger-Tétouan-Al Hoceima : 26.245 DH.
- Rabat-Salé-Kénitra : 25.743 DH.
- Laâyoune-Sakia El Hamra : 24.493 DH.
La première place de Dakhla-Oued Eddahab, malgré une faible part globale, s’explique par une densité démographique réduite associée à une forte activité économique, notamment dans la pêche et les services.
Un enjeu pour la cohésion sociale
Ces résultats relancent le débat sur l’équité territoriale et la redistribution des richesses. Alors que les grandes régions urbaines et industrielles captent la majorité des dépenses, d’autres territoires restent fragiles, dépendants de secteurs vulnérables comme l’agriculture.
Avec les projets structurants liés à la CAN 2025, au Mondial 2030 et au Nouveau Modèle de Développement (NMD), la réduction des disparités régionales apparaît comme un enjeu stratégique majeur pour le gouvernement.
