Nouveau cri des citoyens et de la société civile environnementale marocaine contre la gestion actuelle des déchets
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A l’occasion du World Cleanup Day, nouveau cri des citoyens et de la société civile environnementale marocaine contre la gestion actuelle des déchets
Quel choix de valorisation des déchets de la plus grande décharge du Maroc
Décharge de Médiouna
I- Introduction
L’évolution rapide de l’urbanisation au Maroc a très vite favorisé l’émergence de modèles de production et de modes de consommation peu soucieux de la protection de l’environnement. La priorité donnée par les pouvoirs publics et les décideurs locaux aux besoins de développement socio-économique des citoyens et citoyennes a damé le pas aux besoins de préservation des écosystèmes naturels et à la qualité de vie dans les villes.
Les villes d’aujourd’hui et les générations futures se sont retrouvées face à un défi de taille qu’est la difficulté de gérer de manière durable les quantités de déchets de plus en plus importantes, et dont les effets et les externalités négatives se sont révélés considérables sur l’état de l’environnement, la santé et les équilibres financiers des territoires.
Aujourd’hui, force est de constater que la gestion de la collecte des déchets au Maroc basée sur «tout en décharge», est un échec total, surtout dans les villes. Ce modèle de gestion n’est plus durable et engendre des bombes à retardement sociale et environnementale, voire constitue un des principaux freins à l’attractivité des villes pour les investisseurs et à la main d’œuvre qualifiée nationale et internationale.
Conscient de cette situation, l’ensemble des associations de la société civile environnementale nationale organisé dans le cadre de l’Alliance Marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), et sur l’initiative de ses deux membres, l’Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre au Maroc (AESVT – Maroc) et l’OPEMHT (Observatoire pour la Protection de l’Environnement et des Monuments Historiques de Tanger), ont mis l’accent sur les limites de l’approche « Collecte & Enfouissement » dans des décharges anarchiques ou contrôlées, tant sur le plan économique que social, sans oublier ses impacts négatifs sur la santé et l’environnement.
Les membres de l’AMCDD ont également lancé en 2017, un programme de sensibilisation, de dialogue et de communication pour mobiliser les acteurs publics et privés et pour plaider la nécessité d’abandonner le modèle linéaire de gestion des déchets solides ménagers et assimilés au Maroc, et de co-construire un modèle à même de mettre en place toutes les conditions et les lignes directrices pour une transition réussie vers une économie circulaire basée sur l’analyse du cycle de vie du produit, la production minimale des déchets et la valorisation de la matière première.
L’AMCDD estime que la mise en œuvre de la loi n°28.00 relative à la gestion des déchets de 2006 et le programme national des déchets ménagers (PNDM), de 2007, qui est actuellement dans sa troisième phase, a permis des avancées significatives dans le domaine de la gestion des déchets, mais sans pour autant atteindre tous les résultats escomptés, à titre d’exemple sur 72 décharges contrôlées prévues à l’horizon 2020, seules 24 ont été mises en place.
Il est également nécessaire d’élaborer une vision, une stratégie participative, des approches, des moyens et actions, adaptés et innovants, prenant en compte les spécificités des territoires, des villes, des villages et des quartiers. La mise en œuvre de cette stratégie devrait être accompagnée par un renforcement des structures institutionnels responsables de la gestion des déchets au niveau central et territorial, et des ressources humaines et matériels nécessaires, afin de développer des programmes et plans d’action à la hauteur de l’ampleur de la problématique.
A ce titre, les récents développements du dossier de collecte des déchets et l’actualité de la décharge de Médiouna de la Ville de Casablanca, la métropole économique du Royaume, a mobilisé toute l’attention de l’opinion publique et particulièrement de toutes les composantes de la société civile environnementale nationale et locale.
Pour rappel, les déchets collectés sur le territoire de la ville de Casablanca sont réceptionnés et traités sur le site de la décharge de Médiouna. La ville de Casablanca a produit en 2017 environ 1,4 Million de tonne de déchets ménagers et assimilés, pour une population de près de 3,4 millions d’habitants. Ces déchets sont enfouis à la décharge de Médiouna, située dans la commune Mejjatia Ouled Taled, par la méthode classique de l’enfouissement. Cette décharge qui génère des nuisances et des effets néfastes sur l’environnement et la santé et qui est presque saturée, sera réhabilitée et fermée.
Le conseil de la ville de Casablanca a lancé, le 25 juin, un appel international à manifestation d’intérêt (AMI) pour choisir le futur gestionnaire et une nouvelle solution technologique d’élimination des déchets de la nouvelle décharge de Médiouna (35 ha).
L’AMCDD a organisé à cet effet, plusieurs rencontres : des conférences nationales et internationales, des visites terrain, de modèles et des technologies internationales, et a plaidé pour l’ouverture d’un dialogue civil avec les pouvoirs locaux autour des options et des technologies appropriés à la gestion de la future décharge.
Dans ce sillage, l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable organise cette conférence de presse, pour présenter son analyse, les choix possibles et demander aux décideurs locaux et nationaux de garantir la transparence et l’acceptabilité sociale et environnementale du choix du modèle de gestion de la décharge de Mediouna qui sera retenu dans le cadre de l’Appel international à manifestation d’intérêt, de ne pas engager l’avenir des générations futures des citoyens et citoyennes de Casablanca dans des solutions capitalistiques financièrement et désastreuses au niveau environnemental et social.
II- Enjeux de l’Appel international à manifestation d’intérêt de la décharge de Mediouna :
Située à une vingtaine de kilomètres au sud du Grand Casablanca, la décharge de Médiouna reçoit chaque jour près de 3500 tonnes de déchets ménagers qui y sont portés par les camions des entreprises de collecte. Les récupérateurs informels de cette décharge fouillent les déchets que les bennes tasseuses y déversent et en prélèvent tout ce qui est récupérable ou recyclable. Dans ce site qui devrait normalement marquer la fin de parcours des déchets casablancais, ces 850 récupérateurs illégaux extraient quotidiennement environ 1 000 tonne de matériaux qui seront réinjectés dans le circuit informel et formel du recyclage…
La commune de Casablanca est donc à la recherche d’une solution visant la valorisation de ces déchets et permettant de résoudre plusieurs contraintes, dont:
- une production en forte croissance de déchets ménagers et assimilés de plus de 2,5% par an (1.400.00 tonnes enregistrées en 2017);
- une absence de tri sélectif en amont et prédominance de la matière organique (+de 65%);
- une saturation du site actuel de la décharge (70 ha);
- un nombre important de chiffonniers dans la décharge actuelle (plus de 850 personnes) assurant un tri manuel des déchets dans des conditions indignes;
Objectifs et exigences de la nouvelle société délégataire : La société choisie devra ainsi:
- assurer le traitement, la valorisation matière et énergétique, et l’enfouissement de l’ensemble des déchets ménagers et assimilés de Casablanca dans un terrain de 35 ha;
- maximiser le taux de valorisation (minimum 85%) et réduire la quantité des déchets à enfouir pour augmenter la durée de vie de la nouvelle décharge à plus de 20 ans au minimum;
- minimiser les impacts et les nuisances notamment olfactives et sanitaires et réduire l’émission des gaz à effet de serre;
- mettre en place un projet à fort impact social permettant l’intégration des chiffonniers dans le projet et son acceptabilité environnemental.
Les prestations à la charge du délégataire consistent en la conception, la réalisation, le développement, le financement et l’exploitation des ouvrages et installations de la gestion déléguée, pendant 25 ans, notamment:
- l’unité industrielle visant l’élimination, le traitement et la valorisation matière et énergétique des déchets ménagers y compris les installations de production d’énergie;
- le centre de tri;
- le casier de 7 ha pour l’enfouissement des déchets;
- les installations de traitement du lixiviat et du biogaz;
Le futur délégataire sera également amené à assurer l’exploitation post-fermeture de l’ancienne décharge de Médiouna. Il s’agit principalement d’assurer les prestations suivantes:
- la gestion et le traitement des lixiviats résiduels;
- la gestion, le traitement et la valorisation du biogaz;
- l’entretien du réseau des eaux pluviales de la décharge réhabilitée….
Le marché de la propreté à Casablanca suscite de l’intérêt au plus haut degré. Des entreprises, toutes nationalités confondues, se bousculent au portillon pour obtenir les contrats de gestion déléguée de la collecte et de l’exploitation de la décharge de Médiouna. Les exploitants sont originaires notamment d’Italie, d’Espagne, de Corée du Nord, Japon, Turquie, Emirats Arabes Unis, France, Chine,… Il s’agit entre autres de Sangalli Giancarlo, Yavuz, Lotus, Greenly… A ce jour, 104 entreprises ont soumissionné pour la collecte/nettoiement et plus de 70 pour la gestion de la décharge de Médiouna.
L’analyse par l’AMCDD des termes du Cahier des prescriptions spéciales (CPS) de l’AMI et des conclusions de la dernière conférence organisée par Monsieur Haddadi vice-président du Conseil de la ville de Casablanca, montrent une forte orientation globale du déléguant vers l’option de construction d’une usine d’incinération dans la nouvelle décharge de Mediouna pour l’élimination des déchets collectés.
L’ensemble des membres de l’AMCDD considèrent que cette option n’est pas la meilleure technologie pour la valorisation énergétique durable des déchets de Casablanca.
III- Les incinérateurs constituent une fausse solution économique, sociale et environnementale pour le cas de la décharge de Mediouna
Au-delà du coût élevé de cette technologie – aux niveaux de l’investissement comme du fonctionnement – et de la complexité de la gestion de la qualité des flux entrants et sortants, l’incinérateur est une source d’émissions de polluants et de gaz toxiques dont l’impact sur la santé publique est sérieux. Citons entre autres les métaux lourds (plomb, mercure, chrome…), les oxydes d’azote, les gaz acides (soufre, chlore, fluor) et surtout les dioxines et furanes qui sont des perturbateurs endocriniens cancérigènes.
L’incinération est donc polluante et source d’émanations de dioxine (gaz cancérigène), même dans ses versions les plus modernes. L’usine d’incinération si elle est construite à Casablanca ne pourrait jamais se conformer aux standards internationaux des émanations produites par les incinérateurs.
Par ailleurs, une usine d’incinération utilisant la technologie BAT (Best Available Technology) dispose, en sortie de l’incinérateur, de toute une chaîne complexe de traitement des gaz pour abattre ces polluants. Et comme la santé publique est non négociable, les meilleures pratiques consistent aussi et surtout en la mise en place d’un protocole contraignant de contrôle des émissions et des flux sortants, allant jusqu’à la fermeture de l’usine en cas de non-conformité aux normes.
Le paramètre le plus important est que l’incinérateur n’est pas adapté à une ville comme Casablanca, qui produit plus de 60% de déchets organiques, avec une forte humidité. Les déchets organiques, très riches en eau, font baisser la température du four. Donc pour maintenir la température, l’incinérateur aurait besoin de déchets à forte valeur calorifique, comme le plastique.
Par ailleurs, l’installation d’incinérateurs est longue, nécessitant quatre ans en moyenne et le budget pour équiper Casablanca en incinérateur serait lourd. La construction d’un incinérateur de déchets coûte 7 à 8 fois plus cher qu’une centrale électrique. Pour un incinérateur de déchets, il faut compter au minimum 7 millions de dollars par MW produit, soit 700 millions de dollars pour un gros incinérateur pouvant produire 100 MW.
L’exploitation de l’incinérateur nécessite également de pouvoir assurer dans la durée un fonctionnement stable et des coûts opérationnels élevés. Et cela n’est toujours pas suffisant. Il faut, et c’est le plus important, préserver dans la durée la santé publique et l’environnement. Pour cela et préalablement à l’adoption de cette technique, il est nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire adéquat et un système de contrôle contraignant des émissions à l’air, au sol et à l’eau.
L’incinération produit enfin des cendres toxiques qu’il faut stocker dans une décharge remplissant des critères très spécifiques. L’Europe ne compte que 2 décharges de ce type à titre d’exemple, et qui coûtent excessivement cher. Le traitement de tous ces résidus doit donc être décidé antérieurement à l’installation de l’incinérateur.
L’incinération est polluante et source d’émanations de dioxine (gaz cancérigène), même dans ses versions les plus modernes. Son process est extrêmement centralisée, profitant à un petit groupe de personnes et n’emploie pas beaucoup de main d’œuvre. Quid des milliers des chiffonniers travaillant dans la décharge de Mediouna ?
A l’échelle internationale, la direction générale de la commission européenne a indiqué dans un rapport publié en 2000 ‘‘Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Les déchets ne constituent pas seulement un danger pour notre environnement, ils représentent de plus en plus une menace pour la santé humaine et pour notre mode de vie. L’incinération, qui est la principale solution de remplacement pour éliminer les déchets, produit des toxines et des métaux lourds. Pour empêcher leur dégagement, il faut installer des filtres coûteux dans les incinérateurs. Ces filtres usés, dans lesquels les contaminants sont extrêmement concentrés, doivent finalement être mis en décharge, tout comme le quart du poids initial des déchets’’.
‘‘L’incinération n’est plus uniquement une façon de traiter les déchets, mais elle est devenue une véritable industrie et source de revenus, avec des risques d’induction vers de fausses orientations, le dernier exemple parlant, largement repris par les médias occidentaux est l’incinérateur d’Amager Bakke, à Copenhague, qui a couté à la capitale la somme de 1 milliard de couronnes (137 millions d’euros) et qui devait être un modèle d’innovation et de valorisation des déchets ’’.
La ministre de l’Environnement, Ida Auken, s’est opposée sans succès depuis le début à ce projet qu’elle estime «absurde et désastreux». Non seulement la centrale n’est pas nécessaire, mais elle pourrait inciter les Danois à produire plus de déchets, pour rentabiliser les investissements publics et affaiblir les projets et industries de recyclage.
Mais l’image avant-gardiste de la construction se fissure : de nombreux problèmes techniques retardent la mise en service de l’incinérateur, initialement prévue pour l’automne 2016. Lorsque la combustion commence finalement en mars 2017, la valeur de l’entreprise a chuté. En cause, les nombreux travaux de réparation, la surestimation du volume de déchets et la chute du prix de l’électricité. La valeur de l’entreprise est aujourd’hui de 200 millions d’euros, avec une facture d’un demi milliard d’euros à la charge des contribuables.’’ Article du journal libération daté du 1 avril 2018.
Ainsi, miser sur l’incinération a un impact très négatif sur le recyclage, car les incinérateurs doivent brûler de grandes quantités de déchets variés pour fonctionner. Cela risque tout simplement de tuer la filière recyclage et tous les emplois verts qui vont avec.
Nous ne voulons pas tout brûler : carton, plastiques… mais plutôt préserver et développer leurs industries et leurs potentiels emplois dans le tri, le recyclage, les postes d’encadrement et accompagnement de la population, de contrôle, et d’application de lois surtout si l’on sait que les quantités de ces déchets augmentent de manière exponentielle et leurs empreintes eau et énergie aussi.
VI- Après 30 ans d’enfouissement à Médiouna, Casablanca est appelée à développer une approche de gestion globale et multi-filière sur des déchets en amont de la décharge ou de la valorisation énergétique
Une approche globale basée sur la construction de l’économie circulaire qui donne des alternatives à l’incinération totale et à la mise en décharge, sans empêcher la valorisation énergétique des déchets, mais accélère le développement du recyclage, le tri à la source et la valorisation des déchets.
La recherche du meilleur choix de réhabilitation et de gestion de la décharge de Médiouna ne peut se faire que dans le cadre d’une vision globale ambitieuse, d’une stratégie intégrée proposant des solutions durables adaptées et innovantes sur le plan réglementaire, financier, fiscal, éducatif, technologique et judiciaire, visant l’amélioration du modèle de gestion des déchets de l’amont à l’aval.
Cela passe inéluctablement par une nouvelle évolution de notre considération du déchet- ordure au déchet-ressource, l’émergence d’une nouvelle vision sociétale commune et partagée par toutes les parties prenantes locales et nationales et qui inscrit la gestion des déchets dans une économie circulaire capable de reconsidérer les déchets comme matière première à valoriser dans le cadre de nouvelles filières industrielles capables de générer de nouvelles richesses et emplois décents et stables au niveau local.
En absence d’une évaluation des politiques territoriales dans ce domaine, les pistes sont à chercher dans un diagnostic participatif et l’adoption d’un nouveau mode de gouvernance régionale et locale.
Et vu les difficultés de mettre en œuvre rapidement une économie circulaire, il faut absolument que cette opportunité soit l’occasion de lancer de manière réelle et forte un processus à un horizon temporel de 20 ans, qui doit mettre rapidement en place toutes les conditions règlementaires et financières pour réussir la transition vers l’économie circulaire au niveau de la région et surtout en évitant des choix techniques et financiers qui bloqueront dans le futur les véritables actions de l’économie circulaire.
La décision de l’appel international de manifestation d’intérêt en cours, doit être une occasion de répondre à l’urgence de fermeture de l’ancienne décharge, mais pour transformer cette crise en opportunité et sortir du modèle classique « linéaire » de production et de consommation (extraire, produire, consommer, jeter, collecter-enfouir) qui a durer 30 ans et a montré toutes ses limites, tant économiques que sociales et aussi ses externalités négatives sur la santé et l’environnement, pour initier pour les 30 prochaines années, les éléments du nouveau modèle de gestion des déchets de Casablanca, tout en évitant les solutions rapides et faciles prises sous pression sociale environnementale ou autre.
Une stratégie doit être mise en place rapidement, s’inspirant des bonnes pratiques et des tendances des pays les plus avancés dans l’économie circulaire, à commencer par mettre les mécanismes nécessaires pour :
- La prévention pour la réduction à la source des déchets,
- le développement d’une économie déchet, économie circulaire basée sur le recyclage, le tri à la source et la valorisation, avec une meilleure gouvernance.
- la valorisation énergétique industrielle des déchets inévitables qui ne sont pas valorisables sous forme matière, par des choix industriels qui ne bloque pas un développement continu de la valorisation matière et qui privilégie en premier lieu l’exploitation par les unités industrielles énergivores ( sidérurgie, cimenterie…) de la valeur énergétique des déchets non recyclés ( à travers le développement des combustibles alternatifs (RDF : Residual Derived Fuel) via le traitement mécano-biologique des déchets (MBT en anglais), la méthanisation), avant d’étudier les possibilités de création de nouvelles unités de valorisation énergétique (incinérateurs), tout en étudiant les coûts et les dimensions et en développant tous les moyens règlementaires de contrôle pour s’assurer de l’absence d’impact sur l’environnement et la santé.
- Commencer par inscrire les nouveaux grands projets comme celui de Médiouna dans une vision, une stratégie partagée et une planification intégrée:
- Changer le regard sur les déchets ;
En considérant les déchets comme des ordures dont il faut se débarrasser, la ville a orienter depuis 30 ans avec l’ouverture de la décharge de Médiouna en 1986, tous ses efforts financiers, humains et techniques, vers les activités de nettoiement pour mettre en place une propreté provisoire achetée et payée, les activités de collecte, de transport et de mise en décharge, sans faire le minimum d’efforts pour construire les bases d’une véritable économie des déchets durable et inclusive.
Toute l’énergie a été dépensée pour se débarrasser de nos déchets dans la plus grande décharge du Maroc, en faisant tout pour les rendre invisibles, en interdisant aux différents publics et acteurs l’entrée dans une décharge transformée en une véritable jungle, Sale, immense, dangereuse.., avec des centaines puis des milliers de citoyens chiffonniers, des hommes mais aussi des femmes et des enfants qui vivent au milieu d’une mafia de récupération qui est à la base d’une économie- déchet informelle.
Il ne faut plus tourner le regard sur les 2000 personnes environ appelés les indésirables qui travaillent « au noir », dans la décharge de Médiouna sans protection, s’exposent aux maladies et autres dangers pouvant émaner des ordures…
1.2 Développer une stratégie :
Pour ne pas faire du futur de la décharge de Mediouna une action isolée, la ville doit élaborer rapidement une stratégie, qui favorise un changement dans la manière de traiter les questions relatives à la gestion des déchets » avec pour objectifs de :
- d’éviter de produire des déchets par la prévention et le réemploi,
- développer une économie circulaire et favoriser l’emploi vert (avec des actions sur les produits, la consommation, les territoires)
- préserver l’environnement,
- maîtriser les coûts, et améliorer la gouvernance
- économiser les ressources et alimenter l’industrie marocaine en matières premières et en énergies,
- veiller par des évaluations, et des systèmes de contrôle, fixer les responsabilités de manière à ce que la production de textes réglementaires, la mis en place d’indicateurs de réalisation, ne soient plus un objectif, mais veiller à ce qu’ils soient correctement mis en œuvre par tous.
Dans ce cadre, L’UE qui a tracé une stratégie de développement de l’économie circulaire avait fixé des objectifs clairs et ambitieux :
- à l’horizon 2025 : recyclage de 55% des déchets municipaux ; 60% des déchets d’emballage ; réduction à 30% des déchets alimentaires ; collecte séparée des déchets textiles et des produits dangereux des ménages.
- à l’horizon 2024, collecte séparée des déchets biodégradables ou recyclage par compostage à domicile.
- à l’horizon 2030 : recyclage de 60% des déchets municipaux ; 70% des déchets d’emballage ; réduction de 50% des déchets alimentaires.
- à l’horizon 2035 : réduction à 10% maximum des déchets municipaux mis en décharge.
Ainsi des pays comme l’Allemagne et l’Autriche, qui ont mis en place des mécanismes participatifs, incitatifs et dissuasifs d’accompagnement de la population, avec une politique qui frappe le portefeuille des pollueurs et négligeants » entreprises ou particuliers (avec des outils d’éducation, de fiscalité visant à ce que les individus « y réfléchissent à 2 fois avant de jeter les déchets en décharge, recours aux taxes d’enfouissement, l’instauration de systèmes de paiement au jet pour les particuliers ou les entreprises.., politique qui reconnaît les différences des quartiers, des individus) ont d’ores et déjà atteint l’objectif de 2020 en matière de gestion des déchets municipaux, avec des taux de recyclage respectifs de 66,1% et 56,9%, d’autres au contraire sont encore largement à la traine. En bas du classement, Malte n’a recyclé que 6,7% de ses déchets en 2015, la Roumanie 13,1% et la Slovaquie 14,9%. La France, quant à elle, est dans le « ventre mou » européen avec un taux de recyclage de 39,5%, soit moins que la moyenne de l’UE, fixée à 45%.
Au Maroc, il est temps de développer une stratégie de communication, d’encadrement et de sensibilisation de la population, avec des approches et méthodes différenciées orientées « impact », afin de garantir leur acceptation des décisions, réglementations …de la commune et mettre en œuvre les dispositions de la SNDD et de la loi 99.12 avec opérationnalisation du principe du pollueur payeur, la responsabilité élargie des producteurs…
- Planifier :
En absence de vision locale et régionale participative et claire, les solutions pour la décharge de Médiouna se font avec un certain nombre de manquements, qui risquent de porter atteinte, selon la cour régionale des comptes, à la planification stratégique de la gestion des services de propreté dans une mégapole de la taille de Casablanca :
- Le service d’exploitation et de réhabilitation de l’actuelle décharge de Médiouna a été délégué par la seule commune urbaine de Casablanca, sans associer les communes avoisinantes, via l’institution d’un groupement de communes, comme prévu par l’article 79 de la loi n° 78.00 portant charte communale.
- absence des plans constitutifs du corpus normatif référencé dans la loi n° 28.00 relative à la gestion des déchets, notamment le plan national de gestion des déchets dangereux, le plan régional de gestion des déchets industriels, médicaux et pharmaceutiques non dangereux et des déchets ultimes, agricoles et inertes, le plan interprovincial de gestion des déchets ménagers et le plan communal de gestion des déchets.
- Absence d’orientations en matière de gestion des déchets et d’identification des sites dans le Schéma Directeur d’Aménagement Urbain de la région de Casablanca, ainsi que les différents plans d’aménagement
- Développement d’une économie déchet, économie circulaire basée sur le recyclage, le tri à la source et la valorisation
- une reconnaissance du potentiel de cette économie- déchets :
La décharge de Médiouna est une mine d’or, exploitée par plus de 850 récupérateurs illégaux qui extraient quotidiennement environ 1 000 tonnes de matériaux, réinjectés dans le circuit informel et formel du recyclage… et selon les résultats d’une étude réalisée sur la décharge qui reçoit 1 362 882 tonnes de déchets par an, les richesses extraites sont :
- 136 288 tonnes de plastiques (14 % du total)
- Les plastiques PET (bouteilles d’eau minérale par exemple) sont exportés quasiment à 100%
- Les autres types de plastiques (bouteilles et bidons en PEHD blanc, les radios médicales, les films plastiques (cellophane etc…), sont parfois recyclés au Maroc même pour produire des articles de grande consommation (saut en plastique…) ;
- Métaux 54 515 T/an (4% )
- Les cannettes et autres déchets en aluminium, les boites de conserves et autres déchets de ferraille et les autres métaux (cuivre essentiellement) sont vendus.
- 190 804 tonnes/an de carton (14% du total)
- Le carton est aussi en partie exporté et en partie vendu à nos entreprises nationales de papier-carton ;
- Verre : 54 500 (4%)
- Le verre (Le verre « blanc » (ou incolore), le verre coloré) également peut-être recyclé à Casablanca (une seule entreprise de recyclage de verre existait).
- Textile 27 258 (2%)
- Gravat 81 773 (6%)
- Autres 68 144 (6%)
- Fermentiscibles 749 585 (55%)
Ces déchets sont gérés par un système de tri informel et inefficace, avec des transactions qui se font « au noir », alors qu’ils pourraient être une grande source de profit et de création d’emplois.
Les déchets qui sont extraits de la décharge, alimentent en bout de chaîne les entreprises qui rachètent les déchets collectés dans la décharge de Médiouna (ainsi que ceux collectés dans toutes les autres décharges du Maroc) les compactent, les lavent aussi parfois et en exporte la majeur partie.
De plus, le tri et la collecte au niveau de la décharge sont la méthode la moins efficace pour optimiser le taux de recyclage. Au lieu de trier à la source, le tri n’a lieu qu’une fois que tous les déchets sont mélangés, sales, entassés, cassés etc… ce qui engendre un taux de déperdition non-négligeable.
- Maitriser des couts et améliorer le système de gouvernance de la gestion actuelle et futur des déchets :
- Maitrise des coûts :
Les responsables de la ville de Casablanca estiment que le coût de l’unité de valorisation future sera d’environ 500 millions de dollars, allant de 3 à 5 milliards de dirhams. Mais sans compter le budget de fonctionnement au tonnage, qui dépassera les 700dh/tonne, en plus du coût actuel du nettoiement/collecte et transport, qui dépasse annuellement 750 millions de dhs, avec un coût d’enfouissement à la tonne d’environ 75dh uniquement.
Et puisque le secrétariat d’Etat chargé du développement durable a promis une contribution uniquement de l’ordre de 220 millions de dirhams, la mairie devra trouver le reste, en concertation avec le Ministère de l’Intérieur, avec un recours par la mairie à des prêts auprès de banques européennes, qui est aussi déterminante dans le type de choix de la Mairie.
L’un des indicateurs les plus parlants de la valeur et l’importance financière de nos déchets, sont les 104 entreprises toutes nationalités confondues, qui ont soumissionné pour la collecte/nettoiement et plus de 70 pour la gestion de la décharge de Médiouna, pour gagner une partie du marché de la propreté à Casablanca.
A ce coût de gestion il faut ajouter les coûts de de la pollution sur l’environnement et la santé qui n’a jamais été estimé, pollution de la nappe phréatique, le mélange des déchets ménagers mélangés avec des déchets hospitaliers et pharmaceutiques dangereux, la viande polluée mise sur le marché, de 3.000 caprins et ovins et 500 bovins qui se nourrissent de la décharge, avec tous les risques imminents sur la santé publique, du fait de leur contamination par les bactéries.
Sans parler du coût social d’une marginalisation sociale trop élevée, car la décharge cache une autre partie de l’iceberg rendue plus ou moins invisible, avec au milieu de nos ‘‘ordures’’, une population de 1600 à 2000 citoyens indésirables qui ont une « Vies d’ordures », de récupérateurs des déchets-ressources, vivant dans des conditions de travail extrêmes dans la décharge : immergés dans les déchets souillés et dangereux, confrontés à la pollution, menacés par les accidents, incendies, explosions ou affaissements de terrain, en plus des drogues et de la violence, plus de 6 décès depuis 2010.
Les récupérateurs collectent jour et nuit dans un monde clos et violent, à la marge de la marge et dans le reste du reste, pour gagner chacun entre 200 et 1000 dirhams par jour, les risques d’accidents, notamment lorsque les bennes sont vidées et que les récupérateurs sont regroupés autour, dans une logique du premier venu premier servi, dans un espace géré par une sorte de « mafia » et que personne n’a jamais réussi à évacuer, sans oublier l’impact sur le coût des terrains avoisinants et sur les riverains qui payent le prix fort.
- Amélioration de la gouvernance :
En absence d’évaluation scientifique et pour que de nouvelles erreurs provenant d’actions précipitées ou d’inaction ne soient commises », une analyse objective et même une autopsie des approches et mode de gestion et de gouvernance qui nous ont mis dans la situation inconfortable voir alarmante actuelle est nécessaire.
En effet, les conseils communaux successifs ont préférés, aux solutions durables, adopter au fil des années des mesures temporaires, avec de longues périodes d’inaction, pour entrer dans des périodes transitoires interminables avec des promesses non tenues, des retards de réalisation des projets cumulés, qui font perdurer la pratique du « tout en décharge » depuis longtemps, fait que les solutions qui étaient possibles à moindre coût sont de plus en plus chères et difficiles à mettre en œuvre, sachant que toutes les crises passées y compris la crise actuelle étaient facilement prévisibles.
Il va falloir sortir de l’inaction prolongée et la prise de décision sous la pression et dans la précipitation, pour ne pas répéter les erreurs du passé, avec les retards qui perdurent, le retard d’acquisition de terrains suffisant, le retard d’installation de traitement du liquide, le retard dans le règlement du problème social et économique des récupérateurs, le retard dans l’initiation de l’économie circulaire, la conclusion de contrats conflictuels. Et parmi les causes de cet état, on peut citer le manque d’outils d’aide à la décision, tel que la mobilisation d’expertise nationale et locale dans la durée, le manque d’outils de contrôle et de mise en œuvre de ceux qui existent.
- Développement de la valorisation énergétique industrielle des déchets inévitables :
La valorisation énergétique industrielle des déchets inévitables qui ne sont pas valorisables sous forme matière, par des choix industriels qui ne bloquent pas un développement continu de la valorisation matière.
Des choix qui privilégient en premier lieu l’exploitation par les unités industrielles existantes énergivores ( sidérurgie, cimenterie…) de la valeur énergétique des déchets non recyclés ( à travers le développement des combustibles alternatifs (RDF : Residual Derived Fuel) via le traitement mécano-biologique des déchets (MBT en anglais), la méthanisation), avant d’étudier les possibilités de création de nouvelles unités de valorisation énergétiques ( incinérateurs), tout en maitrisant les coûts et les dimensionnement de ces structures, en développant tous les moyens règlementaires et de contrôle pour s’assurer de l’absence d’impact sur l’environnement et la santé, en les intégrant dans une gestion globale de traitement des déchets dans le cadre de l’économie circulaire.
Développement des combustibles alternatifs (RDF : Residual Derived Fuel) via le traitement mécano-biologique des déchets (MBT en anglais)
‘‘Le marché des RDF européen s’est développé grâce à la rencontre d’une demande en énergies renouvelables compétitives de la part des industriels et des collectivités (contexte de prix en hausse avant crise, quotas de CO2) ; et d’une offre en combustibles préparés à partir de déchets, conséquence des politiques nationales visant à réduire l’enfouissement.’’ ADEME
Les MBT se sont développés dans certains Etats membres de l’UE, principalement sous l’impulsion de la directive européenne sur la mise en décharge et en raison du refus croissant de l’incinération par les populations.
À l’origine, le RDF est fabriqué à partir de papier, carton et plastique issus du tri à la source de déchets domestiques et industriels
Aujourd’hui, avec le progrès technique du tri et de séchage en ligne, on peut produire du RDF à partir d’ordures ménagères séchées et compactées sous forme de cubes ou briques qui sont vendues aux unités industrielles énergivores.
Les RDF peuvent être utilisés comme substituts aux combustibles fossiles dans des installations de coïncinération (centrales thermiques à charbon et lignite, cimenteries, fours à chaux), dans des unités d’incinération des ordures ménagères (UIOM) ou dans des unités dédiées à la valorisation énergétique des CSR pour répondre à un besoin en chaleur.
En France, le Décret n° 2016-630 du 19 mai 2016 définit le Combustible Solide de Récupération dans le Code de l’Environnement comme un RDF assorti de seuils qualité (PCI, halogénés, mercure), d’exigences relatives au contrôle qualité et d’une obligation de respect de la hiérarchie des déchets.
Le recours aux MBT doit donc être réfléchi en fonction du contexte local, et notamment les débouchées possibles pour leurs produits.
Les technologies MBT sont actuellement surtout intéressantes pour les pays qui n’ont que peu d’infrastructures de traitement, car l’investissement initial est relativement faible comparé à des types plus traditionnels tels que l’incinération ou la mise en place d’une collecte sélective au porte-à-porte (Juniper Consultancy Services Ltd, 2005a).
Au même titre que les autres modes de traitement des déchets résiduels, les MBT s’avèrent complémentaires à la prévention et au recyclage. Ce dispositif récent peut être utilisé, dans le cadre d’une approche globale et multi filières, sur des déchets en amont de la décharge ou de l’incinération,
Et compte-tenu des incertitudes qui planent sur les débouchées, il faut plutôt considérer qu’il s’agit d’une niche fonction des contextes locaux (ex : présence de cimenteries, pas de production d’énergie sur place, régions de grandes cultures…) plutôt que d’un type de traitement qu’il faut généraliser à tout prix (Budka A. et Martin I., 2005). Greenpeace Environmental Trust propose une configuration «idéale» d’usine, pour un coût qui semble conséquent (Greenpeace Environmental Trust, 2003).
Rappelons juste qu’il paraît difficile de définir dans l’absolu une stratégie universelle de gestion des déchets. La gestion des déchets, et encore plus si elle se base sur le MBT, doit être réfléchie à une échelle locale, même si elle répond à des objectifs plus globaux : quels sont les objectifs en terme de performance que l’on souhaite atteindre? Quelle stratégie peut-on mettre en place pour atteindre ces objectifs, en fonction du contexte local ? A quel prix ? Quels produits souhaite-t-on obtenir, quels sont les produits que le marché peut absorber?… (Ecole nationale du génie rural des eaux et forets –ENGREF, 2006).
Conclusions et recommandations :
Les questions de l’environnement et de la gestion des déchets doivent figurer parmi les priorités de la région et toutes les pistes doivent être explorées pour mobiliser des solutions définitives au problème de la décharge de Médiouna”, la solution doit être trouvée en collaboration avec tous les acteurs.
Dans le cadre des conventions internationales et notamment la mise en place des objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 des nations unies et des exigences de l’Accord de paris sur le climat, la communauté internationale a amorcé un virage planétaire en matière de gestion de déchets en favorisant l’analyse du cycle de vie comme outil de changement du modèle de production et de consommation et la réduction des déchets à la source.
A titre d’exemple, l’union européenne a approuvé en décembre 2017, un nouveau paquet Economie circulaire qui a plafonné la mise en décharge à 10% en 2035, instauré de nouveaux outils fiscaux incitatifs (tarification incitative pour les ménages d’une part, taxe sur les décharges et incinérateurs d’autre part) et a lancé la révision de 6 directives importantes: la directive-cadre de 2008 ainsi que la directive sur les déchets d’emballages, l’enfouissement, les déchets électriques et électroniques (DEEE), les véhicules hors d’usage (VHU) et les batteries et accumulateurs.
Au niveau national, le principe de valorisation énergétique durable et inclusive des déchets a été inscrit dans la stratégie nationale de développement durable et développé sous forme de projet et initiatives concrètes dans la contribution nationale déterminée (NDC) et dans le NAMA déchets ménagers. A ce titre, le Gouvernement a prévu dans le cadre de la révision de PNDM de renforcer la filière valorisation et la généraliser à toutes les collectivités locales et a adopté jeudi 19 avril 2018 en Conseil de gouvernement le projet de décret n°2.17.587, qui fixe les conditions et les modalités d’importation, d’exportation et de transit des déchets.
Par ailleurs, les prérogatives propres des conseils des communes et des villes en matière de gestion des déchets et de préservation de l’environnement et de la santé des citoyens doivent êtres cohérentes avec les objectifs d’un nouveau modèle de gestion intégrée et durable des déchets au Maroc et de transition vers des communes et des territoires durables.
A ce titre l’AMCDD insiste sur 5 facteurs clés de succès pour la gestion des déchets dans la ville de Casablanca, à savoir :
- Le traitement des déchets doit être inclus dans une stratégie complète, elle-même fondée sur la pyramide bien connue de réduction des déchets, tri, recyclage, compostage puis traitement (valorisation énergétique qui ne bloque pas les choix précédents en terme règlementaire ou financier).
- Le rôle crucial que jouent les collectivités territoriales et les établissements de coopération intercommunale dans la professionnalisation et l’efficacité de gestion des services de proximité offerts aux citoyens et particulièrement dans la gestion et la valorisation des déchets solides.
- L’urgence d’organiser un débat ouvert avec les acteurs concernés, universitaires, acteurs privés et société civile environnementale nationale pour assurer l’acceptabilité sociale et environnementale du projet et de la solution technologique qui sera retenue dans le cadre de l’AMI de la décharge de Mediouna.
- Le rôle déterminant du changement des comportements des citoyens et citoyennes pour réussir le tri à la source qui constitue la garantie de faisabilité et de viabilité technico-économique des filières industrielles de valorisation énergétique des déchets solides.
- Le renforcement des moyens humains et des capacités des administrations des collectivités territoriales pour la professionnalisation des métiers de gestion et valorisation des déchets.
A cet effet, l’AMCDD plaide à l’unanimité pour doter le Maroc d’une nouvelle stratégie nationale de gestion des déchets en rupture avec la logique du PNDM basée sur une approche participative entre les collectivités territoriales, les opérateurs économiques, les associations et experts, le respect de la hiérarchie du processus tri-collecte recyclage et valorisation et qui instaure le principe de la responsabilité élargie du producteur. Ceci permettra de donner de la visibilité et garantir la sécurité des investissements à réaliser et des financements des bailleurs de fonds internationaux des projets de recyclage et des installations de valorisation énergétique.
- Commencer par inscrire les nouveaux grands projets comme celui de Médiouna dans une vision, une stratégie partagée et une planification intégrée:
- Changer le regard sur les déchets ;
- Développer une stratégie :
- Planifier :
- Développer une économie déchet, économie circulaire basée sur le recyclage, le tri à la source et la valorisation
- reconnaitre le potentiel de cette économie- déchets
- Maitriser des coûts et améliorer le système de gouvernance de la gestion actuelle et future des déchets
- Améliorer la gouvernance
- Développer la valorisation énergétique industrielle des déchets inévitables :
- Développer des combustibles alternatifs (RDF : Residual Derived Fuel) via le traitement mécano-biologique des déchets (MBT en anglais)
- Adapter la gestion des déchets à l’échelle locale.
Lien vidéo : Appel au Citoyen casablancais : « Transformer la crise de gestion des déchets en opportunités est possible »
Partie N° 1: https://www.youtube.com/watch?v=sg7TIDv4tes
Partie N° 2: https://www.youtube.com/watch?v=OB0HTSdjJB4&t=67s
ORGANISATEURS AMCDD
L’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable est le principal représentant de la société civile environnementale marocaine. Il est le plus grand et plus important réseau marocain d’associations et de réseaux associatifs environnementaux au Maroc, et compte plus de 800 associations et réseaux associatifs. Créée en 2015, l’alliance a tenu son 1er congrès national en avril 2017, avec la participation de 300 ONG et réseaux des 12 régions du Maroc, lors duquel un conseil national et un bureau national ont été élus. Sa structuration régionale est presque achevée.
Depuis 3 ans, l’AMCDD a organisé plusieurs activités de dialogue et de plaidoyer, a conclu des conventions et a organisé la participation de la société civile marocaine lors des 3 dernières COP 21, 22 et 23.
COVAD
La Coalition pour la Valorisation des Déchets (COVAD) a pour mission de contribuer à la création d’un environnement favorable à la structuration des filières et la promotion de l’économie circulaire dans le secteur de la gestion des déchets aux niveaux national et international. Instance de concertation et de proposition, elle a pour objectifs de développer des solutions adaptées à l’ensemble des problématiques du secteur de la valorisation des déchets. Elle offre un cadre de partenariats national et international pour des actions concrètes et substantielles visant à accélérer les efforts déployés en matière de valorisation des déchets. Afin d’atteindre ses objectifs, qui sont à la fois sociaux, économiques et environnementaux, la coalition mène ses actions selon quatre axes :
- Renforcement et vulgarisation du cadre juridique et mise en place d’une veille juridique et stratégique y compris en matière de l’économie carbone,
- Développement des filières et organisation des services de gestion des déchets,
- Communication, sensibilisation, formation et intégration sociale,
AESVT – MAROC
L’Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre du Maroc (AESVT – Maroc) est une association à but non lucratif. Créée en 1994, elle est constituée d’un réseau de 38 sections et gère un réseau de 18 Centres d’Education à l’Environnement (CEE). L’AESVT – Maroc vise à contribuer à l’édification d’une société moderne et solidaire conformément aux principes et valeurs du développement durable. Association de développement et d’éducation, compétente et engagée, elle mène des actions concrètes en faveur de l’Environnement, à travers 3 axes d’intervention :
- Education à la transition : Education à l’environnement et au développement durable, Promotion de la culture scientifique à travers les sciences de la vie et de la Terre.
- Ecosystèmes et ressources naturelles : Forêts, Zone humide, Littoral, Oasis, Zones montagneuses
- Territoire durable : Déchets, Energie, Eau, Agro écologie, Métiers verts, Ecotourisme, …
OPEMHT
L’Observatoire pour la Protection de l’Environnement et des Monuments Historiques de Tanger. Créé en août 2012 par une coalition de défense de la forêt urbaine de SLOUKIA Tanger, l’OPEMHT est un réseau de plusieurs instances politiques, syndicales et associatives (35 instances).
Il œuvre pour la protection de l’environnement et des monuments historiques de Tanger, édite le rapport annuel sur l’état de l’environnement et des monuments historiques de Tanger, et d’autres rapports thématiques, a participé au classement de plusieurs monuments en tant que patrimoine national et à la préservation de plusieurs sites écologiques via leur introduction dans des projets structurants de la ville. Il a mené plusieurs projets en relation avec l’éducation et la sensibilisation environnementales.
CONTACT PRESSE :
Monsieur Samir ABDERRAFII : Tél: 0668467476