Le 15 mars dernier, le ministère de l’Industrie et du Commerce a repris une tradition pour le moins louable : la tenue de la Journée Nationale du Consommateur. Cet événement, interrompu à cause du Covid, fêtait cette année sa 10ème édition. Le ministre Mezzour a voulu apporter sa touche et faire converger les problématiques de la consommation et du commerce avec celles de la transformation et de l’industrie. Pour lui, qui fait du Made in Morocco son cheval de bataille, il était naturel de voir de ce côté-là. D’ailleurs, quoi de plus naturel que de consommer d’abord localement ce qui est produit localement ! Mais ce qui semble aller de soi ne l’est pas nécessairement pour tout le monde. En effet, le consommateur marocain a longtemps été marginalisé dans le cadre des stratégies de production, que ce soit dans l’industrie, dans l’agriculture ou ailleurs. Il a été, pour ainsi dire, sacrifié au profit de l’export, c’est-à-dire au profit du consommateur et du pouvoir d’achat européens, à qui on réservait les meilleures pièces et on refilait les « déchets » au petit consommateur national. Mais il serait injuste de responsabiliser seuls les gouvernements passés et d’oublier les opérateurs économiques. Le cas des établissements hôteliers et touristiques est, à ce titre, édifiant ! Chez une bonne partie, tout est fait pour attirer des euros et des dollars et, presque, tout est fait pour faire fuir le touriste national : à commencer par l’accueil nonchalant et à ne pas finir par les prix exorbitants en contrepartie d’une qualité très discutable ! Et ce n’est pas pour rien s’ils sont des millions de Marocains à préférer aller enrichir les opérateurs espagnols de la Costa Del Sol ! Sommes-nous sortis, pour autant, de l’auberge (pas espagnole !) ? Le combat contre cette discrimination contre-nature est loin d’être remporté et il faudra pour y arriver des journées nationales chaque jour, des ministres militants dans tous les départements, des entreprises fières d’être marocaines et des consommateurs qui ne lâchent pas.
