Les adolescents français possèdent en moyenne trois écrans personnels et y passent près de 18 heures par semaine, selon l’étude Ipsos Junior Connect’ publiée en mars 2022. Face à ce constat, comment limiter leur consommation d’écrans sans diaboliser cette technologie incontournable ? Interdire totalement les écrans est illusoire, mais lâcher les rennes est irresponsable. Alors, comment trouver le juste équilibre et guider nos ados vers une utilisation raisonnée ?
La fille de Marie, enseignante dans un collège à Marseille, âgée de 15 ans, en est un exemple concret. Malgré les règles strictes imposées à l’adolescente concernant les écrans, la lutte est sans merci. « Elle tente toujours d’avoir les écrans le soir, alors qu’on lui demande de laisser son téléphone et sa tablette dans le salon. Elle profite parfois de petits moments de faiblesse pour en déposer un et garder l’autre. » Il faut cependant persévérer.
Le psychiatre Serge Tisseron, auteur de la méthode « 3-6-9-12 » pour la gestion des écrans entre 3 et 12 ans et plus, propose des règles claires et simples pour les familles. Il considère que les adolescents peuvent, à partir de 12 ans, utiliser internet seuls, mais des discussions doivent avoir lieu sur le téléchargement, les plagiats, la pornographie et le harcèlement.
Deux règles de base s’appliquent à toute famille, notamment aux ados : jamais d’écran pendant le repas ni d’écran la nuit dans la chambre. Durant ces périodes, le wifi doit être coupé, et le téléphone éteint. Pour le reste, « les temps d’écran distractifs doivent être discutés et faire l’objet d’un contrat dans lequel on établit des tranches horaires d’écrans, soumises aux résultats scolaires », conseille-t-il sur son site.
La méthode de Serge Tisseron pose également la question de ce que les jeunes recherchent dans le numérique. « Incitons nos ados à utiliser leurs appareils technologiques de manière ciblée, pour des activités précises et non par ennui ». Le « scrolling » infini sur TikTok, YouTube, ou Instagram, par exemple, revient à consommer passivement du contenu que l’on ne choisit pas toujours, tout en oubliant le temps qui passe. Pour l’instant, la science ne dispose pas du recul nécessaire pour mesurer précisément les effets de cette consommation.
Prendre confiance en tant que parents est essentiel. Les parents doivent se rappeler que, que ce soit sur les questions des outils numériques, des jeux vidéo ou des réseaux sociaux, ils sont légitimes pour prendre en main ce sujet. Comme pour le choix des aliments ou des vêtements, personne ne leur dira qu’ils ne sont pas compétents.
En outre, plusieurs pays, dont la Chine, ont commencé à légiférer pour limiter la consommation des écrans chez les jeunes. En Chine, par exemple, les moins de 18 ans ont des restrictions d’accès à internet entre 22 heures et 6 heures du matin, avec des limitations de temps pendant la journée. Ces mesures visent à lutter contre l’addiction aux écrans et à exercer un contrôle sur l’accès à internet des jeunes.
Source : Laprovence