Innovation au Maroc : +42 % de dépôts en 2024, un record malgré les défis pour les startups
En 2024, l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) a enregistré une progression notable des dépôts de brevets, marques et modèles industriels, témoignant de la montée en puissance de l’innovation au Maroc. Avec une hausse de 42 % des demandes de brevets (2.444), de 30 % des dessins et modèles industriels (5.611) et de 15 % des marques (26.370), ces chiffres illustrent l’intérêt croissant des entreprises marocaines pour la protection de leurs créations.
Sur le plan mondial, le Maroc s’est imposé comme un acteur majeur de l’innovation. Classé 1er pour les designs industriels, 11e pour les actifs immatériels et 30e pour les marques selon le Global Innovation Index 2024, le pays récolte les fruits de politiques publiques efficaces en matière de propriété intellectuelle. Ces performances renforcent la compétitivité des produits « Made in Morocco », facilitant leur exportation et consolidant la position du Maroc sur la scène internationale.
Malgré ces avancées, les startups marocaines continuent de faire face à des obstacles importants. L’absence d’un statut juridique spécifique et d’un régime fiscal adapté freine leur développement, les soumettant aux mêmes obligations que les PME traditionnelles, avec un impôt sur les sociétés de 20 % et une TVA équivalente. Ces contraintes limitent leur capacité à attirer les investissements nécessaires pour leur croissance rapide.
Le processus de dépôt de brevets reste, par ailleurs, coûteux et complexe pour ces jeunes entreprises, souvent dépourvues de moyens financiers suffisants. Les restrictions sur certaines technologies émergentes, comme les cryptomonnaies et les plateformes de paiement internationales telles que PayPal, aggravent encore leur situation, tout comme les démarches administratives longues pour l’obtention de licences.
Face à des concurrents comme le Kenya, l’Égypte et le Nigéria, qui attirent une part bien plus importante des investissements destinés aux startups africaines, le Maroc peine à se positionner comme un véritable hub d’innovation. Avec seulement 0,5 % des financements africains pour ses startups, il est urgent de revoir les politiques fiscales et réglementaires pour inverser cette tendance.
Conscient de ces enjeux, l’État marocain, en collaboration avec l’OMPIC, prévoit une série de réformes pour 2025. La digitalisation des services administratifs vise à simplifier les démarches et rendre les processus de dépôt plus accessibles. Des incitations fiscales, telles que des crédits d’impôt et des exonérations fiscales pour les premières années d’activité, seront introduites pour encourager l’innovation.
En parallèle, des programmes de financement dédiés aux startups et des campagnes de sensibilisation à l’importance de la protection des créations intellectuelles seront mis en œuvre. Ces initiatives visent à moderniser l’écosystème de l’innovation et à soutenir activement les jeunes entreprises.
Pour permettre aux startups marocaines de libérer leur potentiel et de rivaliser avec leurs homologues africains, une réforme approfondie du cadre juridique et fiscal est indispensable. En favorisant un environnement propice à l’innovation, le Maroc pourrait non seulement renforcer sa position en Afrique, mais également devenir un acteur clé de l’économie mondiale.
Source : Maroc diplomatique