Made in Morocco: Rabat veut revoir l’ALE avec la Turique, devenu trop déficitaire

Le Maroc s’apprête à rouvrir le dossier de son accord commercial avec la Turquie, dans un contexte marqué par un déséquilibre commercial croissant. Avec un déficit qui frôle les trois milliards de dollars, la question du rééquilibrage est désormais sur la table du gouvernement.
Selon des sources proches du dossier, une mission officielle conduite par Omar Hjira, membre du cabinet en charge du commerce extérieur, est attendue prochainement à Ankara pour des discussions bilatérales. Objectif : explorer les ajustements possibles à l’accord de libre-échange signé en 2004 et amendé une première fois en 2020, notamment en matière de droits de douane sur les produits textiles turcs.
Malgré ce réaménagement antérieur, qui instaurait une taxation à hauteur de 90 % sur les vêtements et tissus importés, les importations en provenance de Turquie continuent de peser lourd dans la balance. Le textile, particulièrement, demeure une source majeure de déséquilibre, les industriels marocains restant dépendants des intrants anatoliens dans la chaîne de production locale, notamment dans le secteur du prêt-à-porter.
Les chiffres publiés par l’Office des changes soulignent la gravité de la situation : le déficit commercial global du Maroc s’est creusé de près de 23 % sur les quatre premiers mois de 2025, atteignant 109 milliards de dirhams. En 2024, il avait franchi la barre des 306 milliards, en hausse de 7 % par rapport à l’année précédente.
La Turquie figure désormais au troisième rang des partenaires les plus déficitaires du Maroc, derrière les États-Unis et la Chine. Ce constat relance le débat sur l’utilité et les limites de certains accords de libre-échange, dans un contexte où le Royaume cherche à renforcer la souveraineté de ses chaînes de valeur et à soutenir l’industrie locale.