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Plages marocaines : l’été sous l’emprise de l’anarchie

Alors que la saison estivale bat son plein, un phénomène devenu presque routinier revient entacher les vacances de milliers de Marocains : l’occupation illégale du domaine public maritime. Sur plusieurs plages du Royaume, la présence massive de squatteurs et de « loueurs » informels transforme l’accès à la mer en un parcours semé d’obstacles… financiers.

Un sable privatisé, des vacanciers frustrés

Du nord au sud, de M’diq à Agadir, des parasols alignés par dizaines, des matelas imposés à prix fort, des coins de sable littéralement « réservés » : voici ce à quoi sont confrontés les estivants. Des individus s’approprient illégalement l’espace public, y érigent parfois des constructions précaires, et exigent des paiements dès l’arrivée des familles, souvent sans reçu, ni cadre légal.

Face à cette situation, de plus en plus de Marocains choisissent de fuir à l’étranger pour leurs vacances, faute de pouvoir profiter sereinement de leur littoral. Ce malaise est accentué par l’absence de réaction visible des autorités, qui semblent, chaque été, tolérer ces pratiques malgré leur caractère flagrant.

Des pratiques tolérées, voire normalisées

Ce laisser-faire est d’autant plus préoccupant que certains « exploitants » vont jusqu’à ériger des constructions sauvages, sans permis ni paiement de taxes locales. Même ceux qui détiennent une autorisation officielle d’exploitation ne versent à la commune que 4 dirhams par mètre carré, selon un décret du ministère de l’Équipement. Une somme dérisoire comparée aux revenus réels générés sur place.

Environ 1.000 autorisations sont délivrées chaque année pour occuper le domaine public maritime entre le 15 juin et le 15 septembre. Mais selon plusieurs observateurs, le processus manque de transparence, de suivi et ignore les recommandations de la Cour des comptes, qui appelle à réformer le cadre juridique encadrant la gestion de ces espaces.

Une image du tourisme local à reconstruire

Cette anarchie sur les plages ne nuit pas seulement aux vacanciers marocains. Elle envoie également un mauvais signal aux touristes étrangers, qui découvrent un espace public désorganisé, sans cadre clair, ni règles respectées. À terme, c’est la réputation des stations balnéaires marocaines qui est en jeu.

Alors que le Maroc cherche à se positionner comme une destination touristique de premier plan, le désordre sur les plages devient un enjeu de gouvernance. Il ne s’agit plus seulement d’ordre public, mais aussi de justice sociale, d’équité d’accès au littoral et de modèle économique pour les zones côtières.

Réformer le système d’attribution des autorisations, renforcer les contrôles, supprimer les constructions illégales et garantir la gratuité d’accès aux plages sont autant de mesures attendues par les citoyens. Reste à savoir si l’été prochain sera enfin celui de l’ordre retrouvé… ou une nouvelle répétition de l’anarchie estivale.

Avec Al Akhbar

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