Miel : une production en chute libre malgré des conditions printanières favorables
Malgré des pluies abondantes au printemps, la production nationale de miel accuse un recul massif, estimé à près de 80 % dans certaines régions, selon les données du ministère de l’Agriculture et les témoignages des coopératives apicoles.
Les apiculteurs, qui espéraient une récolte abondante après la régénération des pâturages, font part de leur désarroi. Ils constatent un affaiblissement inquiétant de la vitalité des colonies d’abeilles, incapables de transformer la floraison en nectar comme par le passé.
Le secteur, qui fait vivre plus de 36.000 exploitants, devait atteindre l’objectif de 10.000 tonnes de miel fixé par la stratégie agricole lancée il y a dix-sept ans. Or, la production plafonne autour de 8.000 tonnes, malgré un triplement du nombre de ruches, passé de 160.000 à 500.000. Aujourd’hui, le rendement par ruche, qui pouvait atteindre 50 kilos dans des conditions favorables, ne dépasse plus 5 à 10 kilos en moyenne. Les vagues de chaleur et les dérèglements climatiques sont pointés comme principaux responsables de cette chute.
Le Maroc dispose pourtant d’un patrimoine mellifère varié : eucalyptus, tournesol, colza, thym, romarin, lavande, armoise, jujubier ou caroubier. Mais cette diversité n’a pas suffi à compenser l’impact du climat. Plusieurs producteurs évoquent une désorganisation des colonies due aux précipitations estivales, tandis que d’autres relèvent une qualité supérieure des miels de citronniers et d’herbacées par rapport aux dernières saisons. Beaucoup placent désormais leurs espoirs dans la prochaine floraison du caroubier.
À ces difficultés s’ajoutent des pressions économiques. Alors que les charges d’exploitation augmentent, les prix de vente stagnent. Les apiculteurs dénoncent également la concurrence des produits importés et des circuits parallèles de vente en ligne, qui fragilisent encore davantage un secteur déjà éprouvé.
Avec Barlamane