Huile d’olive: l’export mieux servi que le marché local?

Le marché marocain de l’huile d’olive traverse une période complexe : les prix flambent pour les consommateurs locaux tandis que les exportations continuent d’augmenter, malgré une production en baisse. Le ministre de l’Agriculture, Ahmed Bouari, a tenté d’éclairer cette situation lors d’une séance parlementaire.
Selon la tutelle, une partie importante des volumes exportés ne correspond pas aux besoins du marché interne. Il s’agit principalement d’huiles à forte acidité, comme l’huile de grignons, ou d’huiles vierges extra conditionnées, des produits peu prisés par les consommateurs marocains. Par ailleurs, de nombreux exportateurs sont liés par des contrats à terme avec des importateurs étrangers, ce qui limite leur marge de manœuvre et explique pourquoi les exportations se poursuivent même en période de raréfaction.
La production nationale d’olives pour la campagne 2024-2025 s’établit à 950.000 tonnes, en baisse de 11 % par rapport à la campagne précédente et de 33 % par rapport à la moyenne des trois dernières campagnes. La sécheresse persistante, les vagues de chaleur pendant la floraison et le phénomène naturel d’alternance de l’olivier sont pointés comme principaux facteurs de ce recul.
Pour sécuriser l’approvisionnement local et limiter l’augmentation des prix, plusieurs mesures ont été mises en place : autorisation préalable pour les exportations, exonération douanière sur l’importation d’huile d’olive vierge et vierge extra, et contrôle renforcé de la qualité. Les importations bénéficient par ailleurs d’accords commerciaux favorables avec l’Union européenne et dans le cadre de l’Accord d’Agadir (Tunisie, Égypte, Jordanie). Entre 2021 et 2023, le Maroc a importé en moyenne 8.000 tonnes par an, principalement de l’UE (60 %), de Tunisie (30 %) et de Turquie (9 %), contre environ 10.000 tonnes exportées.
Le ministre a enfin rappelé que la filière s’inscrit dans un plan de modernisation ambitieux à travers le contrat-programme 2021-2030, intégré à la stratégie Génération Verte. Doté d’un budget de 17 milliards de dirhams, dont 8,3 milliards de contribution publique, ce programme vise à étendre la superficie oléicole à 1,4 million d’hectares, réhabiliter 100.000 hectares de vergers et porter la production nationale à 3,5 millions de tonnes à l’horizon 2030.