Les dépôts bancaires bondissent de 72% en dix ans, reflet de la confiance des Marocains

Le système bancaire marocain n’a jamais autant concentré l’épargne nationale. En dix ans, les dépôts collectés par les banques ont progressé de près de 72%, passant de 740 milliards de dirhams en 2014 à plus de 1.271 milliards en 2024, selon les données de Bank Al-Maghrib. Une trajectoire ascendante qui confirme la confiance des ménages et des entreprises dans le secteur financier, mais aussi le rôle central de la bancarisation dans l’économie marocaine.
La tendance se poursuit en 2025 : à fin juillet, les dépôts atteignaient déjà 1.303 milliards de dirhams, soit une hausse annuelle de 8,3%. Ce volume colossal équivaut à près de 80% du PIB du pays et représente les deux tiers des ressources globales du secteur bancaire, loin devant les emprunts interbancaires ou les fonds propres.
Derrière ces chiffres se cache un profil d’épargne très marqué par la prudence. Les dépôts à vue dominent largement : 905 milliards de dirhams en 2024, soit 71% du total, contre seulement 9% pour les comptes à terme et bons de caisse. Les ménages préfèrent ainsi conserver une liquidité immédiate plutôt que s’engager dans des placements plus rémunérateurs mais moins accessibles.
Les particuliers restent d’ailleurs les principaux acteurs de cette dynamique : ils représentent près de 73% des dépôts, dont 215 milliards apportés par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), une contribution essentielle au financement de l’économie. Les entreprises non financières suivent la tendance, avec des dépôts en hausse de près de 10% sur un an.
Plusieurs facteurs expliquent cette montée en puissance : amélioration des revenus, extension des services bancaires grâce à la digitalisation et au mobile banking, mais aussi opérations ponctuelles comme la régularisation fiscale de 2024, qui a encouragé le rapatriement de capitaux et renforcé la confiance dans le système bancaire.
Reste un défi de taille : transformer cette manne financière, aujourd’hui largement liquide, en investissement productif capable de stimuler la croissance. L’essor des fintechs, l’intelligence artificielle et l’innovation en matière de produits d’épargne pourraient jouer un rôle clé dans cette transformation, en canalisant l’épargne vers des projets créateurs de valeur.
Avec Le360