
Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a récemment annoncé une croissance du PIB de 7,9 % pour 2024, un chiffre spectaculaire qui contraste fortement avec la prévision de 3,8 % de Bank Al-Maghrib. Cette divergence n’est pas un désaccord sur l’économie réelle du pays, mais résulte de différences méthodologiques dans le calcul utilisées par le HCP, qui n’ont pas été clairement précisées.
PIB en valeur vs PIB réel : un point méthodologique crucial
L’économie internationale distingue le PIB en valeur (nominal) du PIB en volume (réel), corrigé de l’effet des prix. Or, le HCP a présenté un PIB en valeur, qui intègre à la fois la production et la hausse des prix, gonflant ainsi le taux de croissance annoncé. Pour mesurer la performance réelle de l’économie, il est nécessaire d’appliquer un déflateur du PIB, un indicateur qui neutralise l’effet prix et reflète la richesse réellement créée.
Contrairement à l’inflation qui se concentre sur les prix à la consommation, le déflateur du PIB prend en compte le coût de production global : salaires, amortissements, impôts et autres charges. Sa publication est essentielle pour transformer le PIB nominal en PIB réel, mais le HCP ne l’a pas diffusé dans sa note.
Une communication qui peut induire en erreur
Selon un économiste spécialisé dans la conjoncture, « sans le déflateur, l’information est partielle et peut être interprétée de manière trompeuse ». La confusion entre PIB nominal et PIB réel est compréhensible pour le grand public, qui ne distingue pas toujours l’inflation des coûts de production.
L’expert rappelle que la statistique n’est jamais totalement neutre : « Les indicateurs économiques obéissent à des conventions et à des choix méthodologiques. Ne pas préciser les méthodes ouvre la porte à des interprétations, voire à des suspicions », souligne-t-il.
Transparence et rigueur : la voie recommandée
Pour une lecture fiable des performances économiques, il recommande que le HCP publie systématiquement le PIB en valeur, le PIB en volume, le déflateur et une note méthodologique détaillant la conversion de l’un à l’autre. « Le public mérite une information complète. Seul le PIB réel permet d’apprécier correctement l’évolution de la richesse du pays », conclut-il.
En l’absence de ces précisions, le chiffre impressionnant de 7,9 % reste sujet à débat, illustrant combien la communication des statistiques économiques exige rigueur et transparence, notamment en période sensible sur le plan politique.
Avec Le360
