Nouveau modèle de développement … consommateur le grand ignoré
A la veille de la remise du rapport final de la commission Benmoussa, les questions sur ce que sera le nouveau modèle de développement fusent et s’accentuent. Tour d’horizon des dossiers les plus chauds...

Au moment de la préparation du nouveau modèle de développement, les rencontres avec les différentes parties prenantes s’enchainent. mais qu’en est-il du consommateur ?
Le consommateur est écarté du débat actuel autour du futur modèle de développement », lance d’emblée Ouadi Madih, président de l’Association du Protection du consommateur UNICONSO.
Il ajoute «La commission spéciale sur le modèle de développement a négligé le consommateur du moment où elle ne demande pas son avis et n’a fait appel à aucune association ni représentation des consommateurs ou mouvement consumériste au Maroc. »
DES INÉGALITÉS FLAGRANTES
Dans sa contribution à l’élaboration du nouveau modèle de développement, le CESE note que le revenu national brut par habitant est passé, entre 2000 et 2018, d’une moyenne annuelle d’environ 13.906 dirhams (en valeur courante) a 29.780 dirhams, représentant ainsi une croissance annuelle moyenne de 4,3%. En termes réels, « la croissance annuelle moyenne s’est établie à 3% par an.
Cette amélioration du niveau de vie a été accompagnée par une très légère réduction des inégalités de revenus avec une inflexion à la baisse de l’indice de GINI de 0,407 à 0,395 entre 2007 et 2014 », ajoute le CESE qui a mis le doigt sur les domaines où les inégalités sont les plus flagrantes.
Ainsi, avec un taux de 25,98%, l’Education est considérée comme le domaine le plus inégalitaire. Elle est suivie par les revenus (23,44%) et les disparités territoriales (15,42%).
DÉFAILLANCE DES SERVICES PUBLICS
L’une des principales contraintes auxquels fait face les marocains : la défaillance des services publics. En effet, l’absence de services publics de qualité fait du Maroc un pays où le coût de la vie est cher.
Dans le panier de consommation, les rubriques « enseignement » et « santé » sont celles dont le poids a le plus augmenté entre 2007 et 2014 (une hausse de 2,4 points de pourcentage du poids de l’enseignement et de 2,2 points pour la santé).
«Cette situation contribue à éroder le pouvoir d’achat des ménages vu la charge budgétaire supportée, en particulier pour les classes défavorisées et la classe moyenne (double taxation) et de ce fait augmente leur insatisfaction devant l’inexistence d’un service public de qualité en contrepartie de l’impôt payé», déplore le CESE. Pour résoudre cette problématique, le CESE considère que le nouveau modèle de développement doit être capable de mettre en place une politique ciblée, fondée principalement sur le développement et l’amélioration de la qualité des services sociaux de base.
Et pour concevoir ce modèle économique tant recherché, « on doit choisir un modèle qui puisse nous assurer une économie florissante, qui réponde aux exigences et attentes des marocains. Cette économie se base sur la production et la productivité des entreprises, cette productivité elle même se base sur la consommation d’où l’importance d’intégrer le consommateur dans le processus de réflexion. Son rôle et incontournable pour l’économie. Finalement c’est lui qui va adhérer au futur modèle», appuie Ouadi Madih.
DES ASSISES DE LA CONSOMMATION
De son côté, l’institut Amadeus propose dans son dernier rapport autour des cinq piliers du nouveau MDD du Maroc post-Covid-19, la création des assises de la consommation. Son président Brahim Fassi Fihri explique dans un entretien accordé à Finances News en septembre dernier qu’il y a des associations de consommateurs qui oeuvrent de manière individuelle et détachée d’une réflexion institutionnelle.
« Elles agissent bien évidemment dans leur but de principe qui est de soutenir les consommateurs, mais cela doit dorénavant se faire sous un parapluie institutionnel, surtout dans un contexte de pandémie et de récession, où le consommateur est au centre de la relance ». Ainsi propose-t-il d’instaurer un cadre institutionnel qui pourrait passer à travers des «Assises de la consommation», et qui regrouperaient l’ensemble des acteurs de la consommation, dont les producteurs, les consommateurs, les syndicats, les opérateurs économiques et les différentes associations de protection du consommateur. Le président fondateur d’Amadeus va encore plus loin. Pour lui, la création d’une agence nationale de la consommation est une nécessité. « Elle aurait comme rôle de dessiner la stratégie de développement de la consommation des produits made in Morocco », conclut-il.
«Il faut instaurer un cadre institutionnel qui pourrait passer à travers des «Assises de la consommation», et créer une agence nationale de la consommation» Brahim Fassi Fihri, président de l’institut Amadeus.