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Tourisme : une réforme du classement hôtelier saluée mais jugée insuffisante

Alors que le Maroc vient d’entériner une refonte ambitieuse du système de classement des établissements touristiques, certains experts du secteur, à l’image de Faouzi Zemrani, restent prudents quant à sa portée réelle sur la compétitivité de la destination.

Le 27 mai 2025, le Bulletin officiel publiait cinq arrêtés visant à moderniser les critères encadrant l’hébergement touristique. Cette réforme, impulsée par le ministère du Tourisme dans le sillage de la loi 80-14, instaure de nouveaux standards en matière de qualité, de digitalisation, de sécurité, d’accessibilité et de transparence. L’objectif : accompagner une montée en gamme du secteur pour répondre aux attentes des voyageurs.

Désormais, le classement des hôtels, maisons d’hôtes, résidences et campings s’articulera autour de deux niveaux : les normes « A », obligatoires (sécurité, hygiène, accessibilité, services digitaux…), et les normes « B », complémentaires, valorisant les efforts supplémentaires (innovation, durabilité, personnalisation…).

Un dispositif complet mais à l’impact incertain

La réforme ne se limite pas à une nouvelle grille d’évaluation. Des dispositions encadrent également les aspects techniques des infrastructures, la fréquence des audits, la déclaration numérique des nuitées, et renforcent les obligations en matière de propreté et de sécurité incendie. Autant de mesures pensées pour fiabiliser les données, limiter l’informel et accroître la transparence.

Mais pour Faouzi Zemrani, opérateur touristique et observateur aguerri du secteur, l’essentiel est ailleurs. Il souligne que ce ne sont pas les étoiles ni les normes qui déterminent le choix des touristes, mais l’expérience vécue, l’authenticité et la manière dont le pays se raconte.

Le vrai juge : le client

« Le classement officiel a perdu de son influence. Aujourd’hui, les touristes se fient aux plateformes comme TripAdvisor, aux notes, aux commentaires, et au bouche-à-oreille », affirme-t-il. Une tendance qui remet en question la pertinence d’un classement institutionnel s’il ne reflète pas fidèlement la réalité du terrain.

L’introduction prochaine du client mystère, prévue pour tester incognito la qualité des prestations, est perçue par Zemrani comme une initiative intéressante, à condition qu’elle repose sur un dispositif rigoureux, objectif et crédible. À défaut, elle risquerait de n’avoir qu’un impact symbolique.

Deux hôtelleries, deux vitesses

Le diagnostic posé est clair : le secteur hôtelier marocain se divise entre les enseignes internationales bien rodées, et des établissements locaux souvent en difficulté, notamment en matière de formation et de moyens. Résultat : des écarts importants de qualité persistent, malgré des classements similaires.

À l’approche du Mondial 2030, pour lequel le Maroc attend un afflux massif de touristes, l’enjeu de l’accueil devient stratégique. Zemrani appelle à dépasser les réformes techniques pour miser davantage sur la formation, l’excellence de service et la culture de l’hospitalité.

« On ne reçoit pas une Coupe du monde tous les jours. Il faut que la conscience professionnelle progresse d’ici là», conclut-il.

Source Le360

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