
Les 15 milliards de dirhams de dépenses en ligne enregistrés en 2025 marquent un cap pour le e-commerce marocain. Mais pour le consommateur, l’essentiel n’est pas tant le volume global que ce qu’il révèle sur les usages, les habitudes d’achat et les niveaux de confiance. Car derrière la performance du marché, ce sont surtout des pratiques de consommation désormais bien installées qui se dessinent.
Selon une analyse de la plateforme Concli.com, basée sur les données du Statista Digital Market Outlook, le commerce en ligne au Maroc s’inscrit dans une dynamique continue depuis près d’une décennie. En huit ans, les dépenses ont plus que doublé, passant de 800 millions de dollars en 2017 à près de 1,7 milliard de dollars à la mi-décembre 2025. Une progression régulière qui traduit moins un effet de mode qu’un changement durable dans les comportements d’achat.
La mode, premier réflexe d’achat en ligne
Si le e-commerce progresse, c’est d’abord parce que certains produits sont devenus “naturels” à acheter sur Internet. La mode arrive largement en tête. Vêtements, chaussures et accessoires représentent un chiffre d’affaires estimé à 556 millions de dollars, portés par des consommateurs jeunes, connectés et très réceptifs aux tendances.
Promotions fréquentes, accès à des marques internationales, fast-fashion et shopping social ont transformé l’achat de vêtements en ligne en un geste courant. Pour le consommateur, la mode est aujourd’hui perçue comme un achat à faible risque, avec des standards de livraison et de retour de mieux en mieux compris.
L’électronique, un achat désormais maîtrisé
Deuxième pilier du e-commerce marocain, l’électronique pèse environ 370 millions de dollars. Là encore, l’usage prime sur le chiffre. Les smartphones dominent les achats, représentant près de 66 % du segment.
Comparaison des prix, disponibilité du reconditionné, renouvellement rapide des appareils : le consommateur marocain a appris à acheter malin. L’essor progressif des paiements digitaux renforce également la fluidité de l’expérience, même si le paiement à la livraison reste largement privilégié.
Beauté et soins : la confiance s’installe
Longtemps perçue comme plus risquée, la catégorie beauté et soins personnels s’impose désormais comme l’une des plus dynamiques, avec 111 millions de dollars de dépenses estimées. Les soins représentent l’essentiel du marché, mais les cosmétiques et la skincare affichent la plus forte croissance.
Influence des créateurs de contenu, multiplication des avis, arrivée de vendeurs certifiés et de marques reconnues : pour le consommateur, les repères se sont clarifiés. Acheter des produits de beauté en ligne est de moins en moins un pari, et de plus en plus un choix assumé.
Plus qu’un marché qui grossit, des usages qui se structurent
Au-delà des montants, l’essor du e-commerce marocain reflète une maturation de l’écosystème : amélioration des réseaux de livraison, meilleure compréhension des paiements en ligne, montée en compétence des consommateurs et développement des portefeuilles électroniques.
Des limites subsistent toutefois. Le paiement à la livraison reste dominant, les politiques de retour manquent encore d’harmonisation et la vérification des produits demeure un point de vigilance majeur. Autant d’éléments qui montrent que la confiance progresse, mais reste conditionnelle.
