La Fondation Attijariwafa bank et l’Institut Cervantes célèbrent l’oeuvre Juan Goytisolo (PHOTOS)
La Fondation Attijariwafa bank a organisé, en partenariat avec l’Institut Cervantes, une nouvelle édition de son cycle de conférences « Échanger pour mieux comprendre », mardi 18 juillet, à Casablanca.
Sous le thème « En hommage à l’oeuvre de Juan Goytisolo, l’écrivain des deux rives », cette rencontre a été l’occasion de revenir sur la vie et l’oeuvre de cet humaniste, considéré comme l’un des écrivains espagnols les plus importants de la seconde moitié du 20e siècle.
Prenant la parole au nom de M. Mohamed El Kettani, Président du groupe Attijariwafa bank, M.Youssef Rouissi, Directeur Général Adjoint du Groupe a rappelé que toute l’oeuvre de Juan Goytisolo est marquée par la quête de l’échange interculturel entre les peuples, et par la nécessité de respecter leurs différences. « Homme de convictions, Goytisolo sera tout au long de sa vie, un fervent défenseur des peuples africains et arabo-musulmans, s’élevant avec courage et détermination contre toute forme d’injustice ».
Dans un mot introductif, Juan Galvan, Directeur de l’Institut Cervantes, a insisté sur le rôle déterminant de Goytisolo dans la réconciliation du peuple espagnol avec son histoire, notamment musulmane. « Il a réussi à révéler aux Espagnols, cette partie importante de leur identité liée au monde arabe. Je saisis cette occasion pour lancer un appel à la création d’une chaire de recherche Juan Goytisolo, afin de lui rendre hommage et d’encourager de jeunes écrivains qui s’inscrivent dans sa lignée. » Sous la modération de Abdelhak Najib, Journaliste et Écrivain, la discussion s’est centrée sur la
perception de l’écrivain en Espagne et au Maroc.
« Malgré sa longue absence du territoire espagnol, Goytisolo est resté présent en permanence dans nos médias à travers ses oeuvres, jouant un rôle tutélaire pour la jeune génération d’écrivains espagnols.
Il n’hésitait pas à les critiquer avec virulence lorsqu’ils privilégiaient une carrière médiatique au lieu de construire une oeuvre pérenne », a souligné Blanca Riestra, Romancière et Essayiste.
De son côté, le Poète et Chercheur, Hassan Najmi, a apporté un témoignage personnel et émouvant sur son amitié avec l’écrivain. « Grâce à son militantisme en faveur du classement de la place Jamâa Lefna au patrimoine universel de l’UNESCO, Goytisolo a fait prendre conscience au monde de l’importance de l’oralité dans nos cultures, lançant pour la première fois le concept d’héritage oral de l’humanité ».
Mounir Serhani, poète et écrivain, a pour sa part mis l’accent sur son rôle de passeur d’idées. « En choisissant le Maroc pour terre d’accueil, il n’a pas, pour autant, renié son pays d’origine, servant au contraire de pont entre les deux cultures ».
Sur le plan littéraire, l’oeuvre de Goytisolo est « inclassable », puisant dans différents styles qui font son originalité. « Cet écrivain a été en quête constante de la forme jugée aussi importante que le fond. Et il a réussi à créer une oeuvre universelle destinée à être dite plutôt que lue », conclut Abdelhak Najib.
À travers cette conférence-débat, la Fondation Attijariwafa bank confirme une nouvelle fois, sa volonté de promouvoir le débat culturel en présence d’intellectuels de toutes générations.
Quelques citations fortes – Le nom de Goytisolo est intimement lié à celui de Jamaâ el Fna et à sa culture orale. Au point que l’écrivain ambitionnait que ses écrits soient contés comme à la célèbre place de Marrakech.
– L’écrivain espagnol a vécu en adéquation avec son oeuvre, s’engageant pour les grandes causes du 20e siècle, notamment contre les guerres en Tchétchénie, en Bosnie, en Palestine…
– Goytisolo voyageait beaucoup pour créer de la distance avec lui-même, refusant les frontières et les espaces fragmentés. Il avait l’âme d’un nomade pour qui seul le chemin est important, et non la destination.
– En hommage à son amour pour le Maroc, nous avons le devoir de lui dédier une fondation, un boulevard ou une avenue, et d’introduire ses textes dans nos programmes scolaires.
– Lors du boom économique en Espagne, nombreux sont les écrivains ibériques qui ont mis l’accent sur la construction médiatique de leur image, au détriment d’oeuvres pérennes. Goytisolo a dénoncé toutes ces dérives et l’histoire lui a donné raison. Quand la bulle économique a éclaté, les intellectuels espagnols se sont décidés à changer de cap.