Mode : le polo, vêtement culte
Avec son col boutonné et son passé sportif, voici une pièce du vestiaire masculin qui n’a pas peur de relever le défi des tendances.
À l’origine de ce classique, un sport nommé « polo » que les soldats de l’armée britannique découvrent en Inde au XIXe siècle. Les joueurs de croquet (à cheval) portent une chemise à manches longues dont le col est alors fixé par des boutons pour ne pas les gêner. Cette silhouette traverse les océans et naît la chemise à col boutonné nommée par les Anglo-Saxons « polo shirt ». C’est sans doute ce détail qui inspire René Lacoste, tennisman français et numéro un mondial dans les années 1920, lorsqu’il décide de créer un vestiaire plus adapté à sa pratique.
Défiant les conventions, il raccourcit les manches de la chemise d’usage, réduit le col et allonge la longueur du dos pour la maintenir plus facilement dans le pantalon pendant les matchs. Il inaugure son invention lors de l’US Open en 1926.
La grande aventure du label au crocodile
Toujours précurseur, il développe avec son ami fabricant de tricots André Gillier une matière qui donnera de l’aisance à son jeu : le piqué en coton pur, absorbant et souple. Composé de fils étroitement tissés, ce maillage texturé de fines alvéoles permet à l’air de circuler. Un nouveau look qui révolutionne le style sur les courts. Surnommé « le Crocodile » par un journaliste américain, René Lacoste choisit l’animal pour emblème et le fait broder sur ses chemisettes et ses blazers. En 1933 il dépose la marque et c’est le début d’une grande aventure pour le label au crocodile.
Pratique et confortable, le polo séduit non seulement les sportifs du monde entier mais conquiert aussi le vestiaire BCBG des étudiants américains. Le créateur Ralph Lauren fait du joueur de polo le logo de sa gamme « Polo Ralph Lauren », qui s’articule autour de pièces sportives mais élégantes, comme le polo. Porté par John Kennedy, il symbolise le chic décontracté des années 1960. En Angleterre, ce sont les Mods qui s’en emparent, boutonnant jusqu’au cou le célèbre polo de Fred Perry immortalisé dans le film mythique « Quadrophenia », réalisé par Franc Roddam en 1979. Il faut attendre la fin des années 1980 pour que les rappeurs le mixent avec les codes vestimentaires « de la rue », une esthétique controversée à l’époque mais qui a fait les beaux jours de l’engouement pour le streetwear des années 2000.
Il fait son retour en 2021 dans les collections masculines en version vintage : tout en souplesse, tricoté, à côtes. Quelles que soient les époques, le polo reste synonyme de libération des corps et de mouvement. Une légèreté qui donne déjà envie d’été sur les côtes italiennes façon « Le talentueux Mr. Ripley ».
Avec le lancement du modèle Loop, la marque au crocodile propose désormais son best-seller dans une version recyclée. Un polo classic fit dont 30 % du coton tricoté est issu de surplus de la maison. Une boucle écologique pour imaginer des alternatives responsables et dessiner les contours des collections de demain. L’histoire continue mais ne se répète pas pour ce vêtement décidément culte.