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Industrie pharmaceutique: interview avec le président de la FMIIP

Le président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), Mohamed El Bouhmadi, a accordé une interview à la MAP, dans laquelle il s’exprime sur le potentiel du secteur de l’industrie pharmaceutique qui prend de plus en plus de poids dans l’économie marocaine. En voici la teneur:

– Quelle place occupe l’industrie pharmaceutique dans l’économie nationale ?

Notre secteur est l’un des plus dynamiques de l’économie marocaine et s’apprête aujourd’hui à jouer un rôle majeur dans les chantiers transformationnels lancés récemment par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Au niveau du tissu industriel, il s’agit d’un secteur clé qui représente plus de 5,2% du PIB industriel, mais pas seulement : c’est aussi la deuxième activité chimique après les phosphates.

Notre industrie a réussi à atteindre, grâce à ses 60 ans d’expertise, une qualité de médicament aux normes internationales. Nous contribuons également au développement de la recherche dans notre pays, à travers les essais cliniques, la bioéquivalence, les développements galéniques, etc.

– Comment cette industrie peut-elle contribuer à l’atteinte de la souveraineté sanitaire au Maroc ?

Notre industrie est engagée dans la déclinaison de la vision royale, qui consiste à faire de ce secteur une success-story régionale et continentale notamment dans le cadre de la refonte du système national de la santé et de la réforme des filets sociaux.

Pour nous, le succès de cette réforme, qui a fait l’objet de la quatrième édition du Pharma Day, reste tributaire du renforcement des capacités médicales nationales, et notre pays aspire aujourd’hui à une réduction importante et durable des disparités pour une meilleure cohésion sociale, ce qui nécessite de garantir l’accès équitable de tous les citoyens à des soins de santé de qualité.

Ce défi, les acteurs privés nationaux que nous représentons au sein de la FMIIP, sont prêts à l’accompagner et à contribuer à le relever. Avec plus de 16 milliards de dirhams de chiffre d’affaires annuel en 2021, notre industrie pharmaceutique dispose aujourd’hui de la taille critique pour accompagner cette dynamique enclenchée pour renforcer notre souveraineté sanitaire.

– Quelle est votre lecture du potentiel de l’industrie pharmaceutique en termes d’export ?

Je rappelle à ce titre les recommandations que nous avons adressé à la Commission Spéciale en charge du Nouveau Modèle de Développement ainsi que notre contribution au livre blanc de la CGEM, dont la substance essentielle est la suivante : la mise en place d’une logique d’écosystème et de Hub en direction de l’Afrique, faisant du Royaume une plateforme incontournable capable d’exporter comme de réexporter à travers des mécanismes innovants.

Soucieux de faire monter en puissance la capacité exportatrice de notre pays, nous avons également élaboré une plateforme d’initiatives clés pour le renforcement de la fabrication locale, notamment à travers l’appui à l’export de l’industrie locale.

Je rappelle aussi que les fabricants locaux, regroupés au sein de la FMIIP, représentent à eux seuls 80% des exportations marocaines de médicament. Ainsi, en capitalisant sur nos acquis, on pourrait atteindre 35% du taux d’exportation d’ici 2026 en consolidant les marchés existants au niveau d’Afrique et du Moyen-Orient, et viser jusqu’à 45% du taux d’exportation à horizon 2035, à travers une ouverture sur l’Europe et les États-Unis.

– Comment se présente les perspectives de cette industrie ?

Au sein de la FMIIP, nous avons élaboré une vision que nous avons érigée comme lignes directrices de notre action afin de libérer le potentiel de production de la fabrication locale. Dans ce cadre, nous avons observé que le tissu industriel national dispose d’un potentiel de progression considérable permettant de couvrir 80% de la demande et d’exporter jusqu’à 45% de la production locale, alors qu’il répond à seulement 51% des besoins nationaux aujourd’hui.

Ainsi, conformément à l’esprit du Nouveau Modèle de Développement, la FMIIP estime qu’à l’horizon 2035, l’industrie pharmaceutique marocaine devrait en mesure de tripler ses effectifs pour arriver à 150.000 emplois directs et indirects et de doubler le nombre des Établissements Pharmaceutiques Industriels (EPI) installés au Maroc pour atteindre 110 établissements.

Avec la généralisation de la CSU, l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché et le lancement attendu de Sensyo Pharmatech, la taille du marché pharmaceutique nationale pourrait atteindre jusqu’à 50 milliards de dirhams d’ici 2026. La FMIIP prévoit également une période de croissance continue soutenue par l’export et les dividendes issues de la R&D pouvant aller jusqu’à 80 milliards de dirhams à horizon 2035.

Le développement de la R&D est également au cœur de l’ambition des fabricants locaux, qui visent à augmenter les dépenses de l’industrie pharmaceutique pour atteindre de 8 milliards de dirhams d’ici 2035.

– Comment la FMIIP accompagne-t-elle cette industrie ?

La FMIIP, comme vous le savez, a toujours été un acteur stratégique dans le domaine de la santé et du médicament. Depuis sa création en 1985, notre association, devenue récemment une fédération, s’est donnée pour mission de renforcer le système de santé marocain dans son ensemble et d’améliorer l’accessibilité aux médicaments innovants et génériques. Les chiffres ne manquent pas pour illustrer le poids de la FMIIP dans cette industrie.

En effet, les industriels du médicament, regroupés au sein de la FMIIP, réalisent plus de 80% de la valeur ajoutée du secteur, fabriquent 90% des médicaments génériques au Maroc et représentent 80% des recettes fiscales du secteur.

Aujourd’hui, nous accompagnons aussi cette industrie en donnant un nouvel élan à la recherche scientifique et à l’innovation. D’ailleurs, les fabricants locaux se sont engagés à développer différentes formes galéniques ainsi que des médicaments génériques et biosimilaires, contribuant à l’enrichissement de l’arsenal thérapeutique.

Pour accompagner l’essor de notre industrie, nous avons également signé, le 16 avril 2021 à Casablanca, une convention cadre relative à la création d’un institut de formation professionnelle dans les métiers de l’industrie pharmaceutique qui devrait voir le jour prochainement. L’objectif est de créer un pont concret entre la formation professionnelle et le monde de l’entreprise.

Source: MAP

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