Analyse de la conjoncture économique du deuxième trimestre 2023 et perspectives pour le troisième trimestre

Les perspectives de croissance pour les deuxième et troisième trimestres 2023 indiquent un renforcement du ralentissement de l’économie mondiale, une modération plus accentuée de la demande étrangère adressée au Maroc et une réduction progressive des tensions inflationnistes. Cependant, l’économie nationale du Maroc aurait continué de se redresser au deuxième trimestre 2023, avec une croissance de 3,5% au premier trimestre. Ce redressement aurait été tiré par une amélioration conjointe de la valeur ajoutée agricole de 6,3% et de celle des activités hors agriculture de 3%.
Au troisième trimestre 2023, la croissance économique au Maroc s’accélérerait légèrement, grâce à une amélioration des déterminants de la consommation des ménages et une atténuation du repli de l’investissement. La demande intérieure, après cinq trimestres de baisse, se renforcerait, notamment grâce à l’amélioration des dépenses de consommation des administrations publiques (+2,8% en variation annuelle). Les dépenses de consommation des ménages se redresseraient légèrement, entraînant une hausse des importations de biens de consommation. La confiance des consommateurs quant à l’évolution future de leur situation financière s’améliorerait légèrement, tandis que leurs perspectives d’achat de biens durables se stabiliseraient. En variation annuelle, la consommation des ménages augmenterait de 1,5% au deuxième trimestre 2023, contre 0,1% au premier trimestre.
En revanche, l’investissement continuerait de reculer au deuxième trimestre 2023, malgré une augmentation des dépenses d’investissement budgétaire. L’investissement des entreprises diminuerait, en raison de la faible croissance de la demande extérieure et de la hausse du coût de financement. Les dépenses d’investissement dans les produits de construction diminueraient principalement, tandis que celles dans les services ralentiraient mais afficheraient une croissance positive (+2,5% en variation annuelle).
Au niveau mondial, la croissance économique ralentirait au deuxième trimestre 2023, en raison du recul de la production manufacturière et du durcissement des conditions monétaires et financières. Aux États-Unis, la demande intérieure resterait atone pour le troisième trimestre consécutif, mais l’activité économique augmenterait de 1,8% en variation annuelle, soutenue par la consommation publique et les échanges extérieurs. En zone euro, la croissance continuerait de progresser faiblement, avec une hausse de 0,9% en glissement annuel, principalement grâce à la consommation. Les pays émergents, en particulier en Asie, connaîtraient une activité plus dynamique, bénéficiant de la reprise économique de la Chine, de la demande intérieure résiliente et de l’amélioration des échanges de services.
Le commerce international de marchandises resterait globalement peu dynamique au deuxième trimestre 2023, avec une faible croissance des importations des pays avancés. Cependant, la demande mondiale adressée au Maroc serait relativement résiliente, avec une hausse de 2,5% en variation annuelle, tirée par les services, tandis que la demande de biens serait particulièrement faible.
Les cours mondiaux des matières premières auraient diminué depuis le début de l’année 2023, atteignant des niveaux inférieurs à ceux de mi-2022, avec une volatilité plus importante. Les prix du pétrole (Brent) auraient baissé de 26,7% en glissement annuel, passant de 112,7$/baril à 79,9$/baril au cours des mois d’avril-mai 2023. Les cours du gaz naturel en Europe auraient été divisés par 3, atteignant environ 11,8$/mmbtu. Les prix des produits agricoles, tels que les grains et les huiles, auraient également diminué de 11,3%, tandis que ceux du sucre auraient augmenté de 26,7% en variation annuelle. Dans l’ensemble, l’inflation mondiale aurait continué de diminuer, mais l’inflation sous-jacente resterait élevée en raison de la hausse soutenue des prix des services. Les taux d’inflation seraient de +4,4% aux États-Unis, +6,5% en zone euro et +0,1% en Chine au deuxième trimestre 2023.
Les échanges extérieurs du Maroc seraient soutenus par les services et l’industrie automobile. Au deuxième trimestre 2023, le volume des exportations de biens et services augmenterait de 7,1%, principalement grâce aux services d’hébergement et de restauration, ainsi qu’aux ventes de l’industrie automobile. Les importations ne connaîtraient qu’une croissance de 2,2% en variation annuelle, principalement en raison du recul des achats de demi-produits et de produits bruts.
En valeur, les exportations de biens diminueraient de 2,3%, avec des évolutions contrastées. Les exportations de l’industrie automobile dans les segments de la construction et du câblage continueraient de soutenir les exportations globales, suivies par le textile et le cuir, ainsi que les produits des industries électriques et électroniques. En revanche, les exportations de phosphates et de leurs dérivés connaîtraient une baisse, en raison de la faible demande extérieure. Les importations de biens diminueraient de 6,6% en valeur, principalement en raison de la réduction des achats de produits énergétiques tels que le charbon, les combustibles et les carburants. Les importations de demi-produits, tels que les produits chimiques, l’ammoniac, les matières plastiques, les papiers et les cartons, diminueraient également, tandis que les achats de biens d’équipement industriel augmenteraient, notamment les machines et appareils divers, les moteurs à piston et les appareils pour la coupure et la connexion électrique. Les importations de biens de consommation, notamment les voitures de tourisme et leurs pièces détachées, connaîtraient également une hausse.
Ces évolutions se traduiraient par un allègement du déficit de la balance commerciale des biens et une amélioration du taux de couverture, qui atteindrait 63,2% au deuxième trimestre 2023, en hausse de 2,8 points par rapport à la même période de l’année précédente.
Au deuxième trimestre 2023, l’économie marocaine poursuivrait son redressement malgré le ralentissement de l’économie mondiale. La demande intérieure se renforcerait, portée par l’amélioration des dépenses de consommation des administrations publiques et une légère reprise des dépenses de consommation des ménages. Cependant, l’investissement continuerait de reculer en raison de la faible demande extérieure et de la hausse des coûts de financement. Les échanges extérieurs seraient soutenus par les services et l’industrie automobile, avec des exportations en hausse mais des importations limitées. Les perspectives pour le troisième trimestre 2023 indiquent une légère accélération de la croissance économique, avec une amélioration de la consommation des ménages et une atténuation du repli de l’investissement.