Délai de paiement en 2025 : une régulation pour sécuriser 300 milliards de dirhams

À partir du 1er janvier 2025, une étape cruciale sera franchie pour améliorer la gestion financière des entreprises marocaines. Les retards de paiement, véritable fléau pour les petites et moyennes entreprises, seront désormais passibles d’amendements pécuniaires pour les entités ayant un chiffre d’affaires entre 2 et 10 millions de dirhams (MDH). Cette mesure, détaillée dans la circulaire n°734 de la Direction générale des impôts (DGI), vise à transformer les comportements et à renforcer la stabilité économique.
La loi n°69.21, publiée en juin 2023, marque un tournant historique. Elle impose des obligations strictes en matière de déclaration et applique des sanctions aux grandes entreprises qui ne respectent pas les délais. Selon Amine Diouri, directeur études et communication d’Inforisk, cette réglementation constitue une avancée majeure, contrairement aux législations de 2011 et 2016, largement inefficaces. « Les grandes entreprises affichent un taux de conformité, et cela augure de résultats impressionnants et prometteurs pour les structures de taille intermédiaire », affirme-t-il.
Cette réforme est essentielle dans un contexte où les défaillances d’entreprises augmentent annuellement de 15 % en moyenne. Les retards de paiement, souvent causés par des facteurs structurels ou culturels, compromettent gravement la santé financière des TPE et PME. M. Diouri souligne également le rôle crucial de la sélection rigoureuse des partenaires et d’un suivi actif des clients pour atténuer ces risques.
Dans le secteur privé, qui concentre près de 300 MMDH de crédits inter-entreprises, la problématique est particulièrement aiguë. À titre de comparaison, les crédits publics ne représentent que 50 à 100 MMDH. Ce déséquilibre justifie l’intervention législative pour renforcer l’efficacité des régulations. Toutefois, des disparités subsistent entre secteurs : si le public se distingue par une meilleure transparence grâce à des déclarations mensuelles, le privé reste en retard en termes de rigueur et de suivi.
La loi prévoit par ailleurs des exceptions. Les factures antérieures au 1er janvier 2025 et celles inférieures à 10 000 dirhams (TTC) échappent aux nouvelles sanctions. Cette mesure graduelle est conçue pour faciliter la transition tout en sensibilisant les entreprises à l’importance d’une gestion efficace des délais de paiement.
Bien que certaines entreprises convergent déjà vers un délai de paiement standard de 120 jours, d’autres peinent encore à s’adapter. Cette double dynamique, avec des efforts financiers inégaux selon les cas, montre que la loi pousse à une transformation profonde des pratiques commerciales.
Pour le tissu entrepreneurial marocain, ce cadre législatif représente une opportunité unique de faire des délais de paiement une véritable force. Cependant, cette réforme devra s’accompagner d’une évolution des mentalités et d’une sensibilisation accrue pour garantir son efficacité à long terme.
Source : Map