Le taux de chômage toujours supérieur à 13% au T1 2025

Malgré un recul du taux de chômage au premier trimestre 2025, les signaux d’alerte sur le marché du travail marocain restent nombreux. D’après la dernière note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP), 15.000 chômeurs de moins ont été recensés entre mars 2024 et mars 2025, portant le nombre total à 1,63 million. Si cette baisse s’accompagne d’une amélioration notable en milieu urbain, le monde rural, lui, voit sa situation se dégrader.
Le taux de chômage national recule ainsi à 13,3%, contre 13,7% un an plus tôt. La baisse est particulièrement marquée en zone urbaine, où il passe de 17,6% à 16,6%, soit un point de moins. À l’inverse, en zone rurale, il grimpe de 6,8% à 7,3%. Dans le détail, la décrue profite surtout aux hommes (-0,5 point), tandis que les femmes (-0,2 point) et les jeunes restent les plus exposés. Le chômage touche encore 37,7% des 15-24 ans, 19,9% des femmes et 19,4% des diplômés.
Un dynamisme porté par les services et l’industrie
Cette légère embellie s’explique en partie par une dynamique de création d’emploi, notamment dans le secteur tertiaire. Sur un an, 282.000 postes ont été créés, dont 285.000 en milieu urbain. En revanche, le secteur rural a perdu 3.000 emplois. Dans le détail, ce sont 319.000 emplois rémunérés qui ont été générés à l’échelle nationale, tandis que 37.000 emplois non rémunérés disparaissaient.
Tous les secteurs d’activité ont contribué à cette création nette d’emploi… à l’exception notable de l’agriculture, forêt et pêche, qui accuse une perte de 72.000 postes. En revanche, les services tirent la croissance avec 216.000 nouveaux emplois, suivis de l’industrie (+83.000) et du BTP (+52.000). La majorité des gains dans les services provient des branches sociales, administratives et financières, ainsi que du commerce.
Une population active en mutation
Le taux d’activité progresse légèrement, de 42,6% à 42,9%, porté par l’augmentation de la population active (+2%). En milieu urbain, il gagne 0,4 point, contre une stagnation en zone rurale. Le taux d’emploi suit la même tendance, passant de 36,7% à 37,2% au niveau national, avec une nette progression pour les hommes (+0,6 point) et un léger mieux pour les femmes (+0,2 point).
Sur le terrain, la structure de la population active reste contrastée : près de la moitié des actifs n’ont aucun diplôme, 33% ont un niveau moyen et près de 20% sont diplômés du supérieur. Le secteur des services emploie près d’un actif sur deux, suivi par l’agriculture (25%), l’industrie (13,2%) et le BTP (12,5%). Le travail non rémunéré concerne encore 9,3% des actifs, dont une majorité de femmes et de ruraux.
Une poussée préoccupante du sous-emploi
Si le chômage recule, le sous-emploi, lui, repart à la hausse. Il touche désormais 1,25 million de personnes, contre 1,07 million un an plus tôt. Ce phénomène, qui traduit l’insuffisance ou l’irrégularité du travail, gagne du terrain aussi bien en ville (662.000 personnes) qu’à la campagne (592.000). En proportion, le taux national de sous-emploi grimpe de 10,3% à 11,8%, avec des pics en milieu rural (14,8%) contre 10% en milieu urbain.
Inégal accès à la couverture médicale
L’analyse du HCP révèle enfin de fortes disparités en matière de protection sociale. Moins d’un tiers des actifs occupés (31,1%) bénéficient d’une couverture médicale liée à l’emploi. Ce taux atteint 42,4% en zone urbaine, mais chute à 12,3% en zone rurale. Les femmes sont mieux couvertes que les hommes, notamment parmi les salariés (63,1% contre 42,4%). Par secteur, l’industrie et les services offrent les meilleures protections, loin devant l’agriculture.