Recrutement des enseignants : le plafonnement d’âge à 30 ans de nouveau débattu au Parlement

Le débat autour du plafond d’âge de 30 ans pour le recrutement des enseignants refait surface au Parlement. Le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Mohamed Saad Berrada, a annoncé que ce dossier serait réexaminé dans un délai d’un mois, avant le lancement du concours de recrutement de 20.000 enseignants prévu pour l’année scolaire en cours.
Intervenant lors d’une séance de questions orales à la Chambre des députés, le ministre a indiqué que son département menait actuellement « une réflexion approfondie sur la décision prise il y a trois ans », en tenant compte des remarques des parlementaires, des syndicats et des acteurs du secteur. Toutefois, il a précisé que toute éventuelle modification du dispositif ne serait décidée qu’après concertation avec les établissements d’enseignement privé, afin d’éviter de nouveaux déséquilibres alors que plusieurs problèmes demeurent encore en suspens.
Mohamed Saad Berrada a défendu la logique initiale du plafonnement à 30 ans, estimant que cette mesure visait à revaloriser le métier d’enseignant en garantissant un parcours professionnel plus long et une formation plus complète pour les nouvelles recrues. Selon les données du ministère, 80 % des enseignants recrutés ont moins de 25 ans, tandis que seuls 4 % dépassent 29 ans.
Malgré ces arguments, plusieurs parlementaires ont vivement critiqué cette limite d’âge, jugée « injuste » et « anticonstitutionnelle ». Le député istiqlalien Abderrahim Bouaida a affirmé que « 30 ans marquent le début de la jeunesse, et non sa fin », estimant que la mesure enfreint l’article 31 de la Constitution qui garantit l’égalité des chances et le droit au mérite, sans discrimination liée à l’âge.
Même son de cloche du côté de la députée harakiste Fedoua Mouhsine Lhayani, qui a qualifié la décision d’« inefficace », soulignant que la pénurie de ressources humaines dans le secteur prouvait son échec. Selon elle, le maintien du plafonnement n’a apporté aucune amélioration tangible à la qualité de l’enseignement.
Face à ces critiques, le ministre a indiqué que la Fédération de l’enseignement privé avait demandé l’organisation rapide du concours de recrutement, afin de mieux planifier la gestion de leurs ressources humaines, souvent partagées avec le secteur public. Il a enfin assuré que son département travaillait à lever les obstacles liés au plafonnement d’âge, laissant entrevoir une possible révision prochaine de la mesure.
Avec Al Akhbar
