
Alors que les embouteillages, la pollution et la hausse du coût de l’automobile pèsent de plus en plus sur la vie urbaine, une nouvelle forme de mobilité gagne du terrain dans les villes marocaines. Trottinettes, vélos et scooters électriques se multiplient dans les rues de Casablanca, Rabat ou Agadir, annonçant une transition douce vers des déplacements plus agiles et moins polluants.
La micro-mobilité s’impose comme une réponse concrète aux contraintes des grandes villes. En permettant de parcourir quelques kilomètres à faible coût et sans émission, elle séduit les citadins pressés. Selon plusieurs observateurs, les ventes de deux-roues électriques progressent rapidement au Maroc, notamment avec des modèles comme le Likebike City Rider, proposé autour de 13 500 dirhams. Le phénomène, d’abord urbain, touche désormais des villes moyennes comme Oujda ou Meknès, où les usagers utilisent ces engins pour se rendre au travail ou pour des activités de loisir.
Les opérateurs privés, inspirés par les tendances européennes, développent des services de location ou de partage. Certaines start-ups locales testent des flottes connectées de trottinettes accessibles via application mobile, tandis que les livreurs à scooter électrique deviennent un visage familier des centres-villes. Ces nouveaux usages bousculent les habitudes, mais posent aussi des défis majeurs : sécurité, infrastructures et réglementation. Le Maroc accuse encore un retard dans l’aménagement d’espaces adaptés. Les pistes cyclables restent rares, et le stationnement des trottinettes sur les trottoirs crée parfois des tensions entre usagers et piétons.
Sur le plan économique, la micro-mobilité offre des avantages notables. L’entretien est limité, la recharge peu coûteuse et les véhicules électriques bénéficient d’une autonomie moyenne de 40 à 60 km par jour. Toutefois, leur prix d’achat demeure un frein à la démocratisation, tout comme le manque de services après-vente et d’incitations fiscales. Plusieurs entreprises marocaines plaident pour une politique de soutien similaire à celle adoptée pour les voitures électriques, avec des subventions à l’achat ou des exonérations partielles de TVA.
Les enjeux sont considérables. La micro-mobilité pourrait contribuer à réduire les émissions urbaines, désengorger la circulation et améliorer la qualité de vie. Des initiatives locales, comme la production du véhicule trois-roues électrique FIAT Tris à usage professionnel, témoignent du potentiel industriel et écologique de cette filière. À long terme, le Maroc pourrait devenir un acteur régional de la mobilité durable, en combinant innovation technologique et volonté politique.
Si la transition reste encore à ses débuts, la tendance est claire : le Maroc s’oriente vers un modèle de mobilité urbaine plus fluide, électrique et partagée. D’ici 2030, trottinettes et scooters pourraient bien faire partie intégrante du paysage quotidien, transformant nos déplacements aussi sûrement qu’ils redessinent la ville.