Cosmétique naturelle made in Maroc : de l’argan à l’innovation beauté locale

Longtemps perçue comme un marché dominé par les grandes marques étrangères, la beauté marocaine s’impose désormais comme une filière à part entière. Portée par le succès mondial de l’huile d’argan, elle s’ouvre à de nouveaux ingrédients locaux, à des formulations écoresponsables et à une génération d’entrepreneurs qui redonnent sens au « made in Morocco ».
L’huile d’argan, le ghassoul ou encore l’eau de rose du Kelaat M’Gouna demeurent les emblèmes de la cosmétique naturelle marocaine. Mais derrière ces produits traditionnels émerge un écosystème moderne : laboratoires certifiés, start-up de dermocosmétique et marques artisanales revisitées. Des enseignes comme MarocMaroc, Natus, Annyer Cosmetics ou Herbessence combinent savoir-faire ancestral et procédés scientifiques contemporains. Cette alliance entre tradition et innovation séduit autant les consommateurs marocains que les marchés internationaux.
Les exportations de produits de beauté naturels dépassent aujourd’hui les 800 millions de dirhams par an, selon l’Association marocaine de l’industrie cosmétique. L’Europe, le Golfe et les États-Unis représentent les principaux débouchés. Le succès s’explique par la traçabilité accrue des ingrédients et par l’engouement pour les cosmétiques « clean », sans parabène ni silicone. Des coopératives féminines, notamment dans le Souss et le Haouz, participent à cette dynamique en valorisant des circuits équitables et durables.
Sur le marché intérieur, la demande explose. Les consommatrices marocaines, plus attentives à la composition des produits, plébiscitent les marques locales. Le segment des soins capillaires et du bien-être cutané affiche une croissance annuelle de près de 12 %. Les gammes bio se multiplient dans les rayons des grandes surfaces, et la vente en ligne ouvre de nouvelles perspectives aux jeunes créatrices
Cependant, le défi reste industriel. La filière souffre encore d’un déficit d’infrastructures de transformation et d’un accès limité à la certification internationale. Certains ingrédients marocains, comme le figuier de Barbarie ou le safran, partent encore à l’état brut avant d’être revalorisés à l’étranger. Pour franchir un nouveau cap, les acteurs appellent à une politique sectorielle plus ambitieuse : labels de qualité, accompagnement à l’export et partenariats entre laboratoires et universités.
Au-delà de l’huile d’argan, c’est tout un art de vivre que le Maroc redécouvre à travers la beauté naturelle. En conjuguant authenticité, innovation et durabilité, la cosmétique marocaine s’impose progressivement comme un symbole de fierté nationale… et une promesse d’avenir pour une industrie verte à haute valeur ajoutée.