Tourisme communautaire: concilier authenticité et développement local

Aux confins du sud du Royaume, le tourisme change de visage. À Dakhla, Laâyoune ou Smara, une nouvelle génération de voyageurs délaisse les hôtels standardisés pour découvrir un autre type d’hospitalité : le tourisme communautaire. Entre gîtes familiaux, campements écologiques et expériences culturelles immersives, ces initiatives repensent le voyage autour du lien humain, du respect de l’environnement et du développement local.
Longtemps perçue comme une destination lointaine, la région saharienne attire désormais un public en quête d’authenticité. À Dakhla, des structures comme Sahara Eco Lodge ou Nomad Camp misent sur des hébergements intégrés au paysage : tentes en matériaux naturels, énergie solaire, alimentation locale. L’objectif est de limiter l’impact environnemental tout en soutenant les populations. Chaque séjour devient ainsi une contribution directe à l’économie locale : les produits alimentaires, artisanaux ou culturels proviennent des communautés voisines, qui participent à la gestion et à l’entretien des sites.
Le concept s’étend progressivement à Laâyoune et Boujdour, où des associations locales transforment d’anciennes maisons en gîtes communautaires. Ces hébergements à taille humaine valorisent la culture hassanie : musique, gastronomie, artisanat, contes et traditions pastorales. Pour les visiteurs marocains comme étrangers, l’expérience dépasse le simple voyage : elle devient une rencontre, une transmission. « Le tourisme communautaire n’est pas un produit, c’est une histoire partagée », résume le président d’une coopérative locale.
L’impact économique est tangible. Dans certaines zones, ces projets créent des emplois pour les jeunes, offrent des débouchés aux artisans et renforcent la place des femmes dans la gestion touristique. Le modèle reste pourtant fragile : l’accès routier, les infrastructures électriques et les réseaux de transport public limitent encore l’essor du secteur. Les liaisons aériennes, notamment vers Dakhla, ont progressé mais restent coûteuses, freinant la démocratisation du tourisme interne.
Les défis environnementaux s’ajoutent à la question de la durabilité. L’eau, ressource rare, impose des contraintes fortes sur la capacité d’accueil. Certains établissements innovent en installant des systèmes de recyclage et en sensibilisant les visiteurs aux pratiques écoresponsables. Des programmes soutenus par l’Office national marocain du tourisme et l’Agence du Sud accompagnent désormais ces initiatives pour en faire un levier durable de développement.






