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Santé mentale rural : la télémédecine brise le mur du silence

Dans les villages et petites villes du Maroc, parler de santé mentale reste souvent tabou. Pourtant, un changement discret s’opère : la télémédecine et les plateformes de soutien psychologique ouvrent de nouvelles voies pour soigner autrement, en réduisant la distance géographique et la stigmatisation.

Jusqu’ici, l’accès aux soins psychologiques restait l’un des maillons les plus faibles du système de santé. Selon le ministère de la Santé, on compte à peine un psychiatre pour 100 000 habitants dans les régions rurales. Dans des provinces comme Tata, Tinghir ou Sidi Ifni, il faut parfois parcourir des centaines de kilomètres pour une simple consultation. Face à cette réalité, la pandémie a joué le rôle d’un déclencheur. Plusieurs start-up marocaines ont développé des services de télé-consultation, permettant à un patient d’échanger en visioconférence avec un psychologue ou un psychiatre, via une connexion mobile.

Des plateformes comme Sihaty.ma, DabaDoc ou DialyCare proposent aujourd’hui des suivis en ligne accessibles depuis un smartphone. Pour beaucoup de familles rurales, ces outils représentent un premier contact avec la santé mentale moderne. Des associations locales, notamment dans le Souss-Massa et le Drâa-Tafilalet, forment des médiateurs communautaires chargés d’accompagner les jeunes et d’orienter les cas les plus graves vers des professionnels. Le modèle commence à porter ses fruits : les consultations en ligne ont augmenté de près de 60 % en deux ans, selon les chiffres communiqués par DabaDoc Health Data 2025.

Mais les obstacles demeurent nombreux. Le premier est technique : la connexion Internet reste inégale dans les zones montagneuses ou désertiques. Le second est culturel : la peur du jugement et le manque d’information freinent encore le recours à la psychothérapie. Dans certaines communautés, les troubles mentaux sont assimilés à des phénomènes spirituels, ce qui retarde la prise en charge médicale. Les professionnels plaident pour une meilleure éducation à la santé mentale dès le collège et une formation des médecins généralistes à la détection précoce.

Le coût constitue également un frein : une télé-consultation de 150 à 250 dirhams reste inaccessible pour de nombreux foyers ruraux. Certaines initiatives, soutenues par le ministère de la Santé et l’OMS, testent des programmes subventionnés où les patients vulnérables bénéficient d’un accompagnement gratuit. Des projets pilotes à Ouarzazate et Zagora intègrent aussi des groupes de parole communautaires encadrés à distance par des psychologues.

 

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