Retraites : un dossier devenu urgent

À l’approche du prochain cycle électoral, le chantier des retraites revient avec force au centre du débat public. Le gouvernement se retrouve confronté à un calendrier resserré, alors que plusieurs régimes approchent de leurs limites financières. La Caisse marocaine des retraites, en particulier, voit ses réserves se rapprocher dangereusement de l’épuisement, ce qui impose une accélération des discussions pour stabiliser le système dès 2026. Cette revue de presse synthétise les constats et analyses publiés par L’Economiste dans son édition du 3 décembre.
Au cœur des tractations figure l’objectif d’un modèle structuré en deux pôles — public et privé — articulé autour d’une transition progressive et de règles harmonisées. L’enjeu est immense : il s’agit d’assurer la soutenabilité financière des régimes tout en préservant les droits acquis et en tenant compte des attentes syndicales. La pression démographique, l’augmentation du nombre de retraités et l’insuffisance des équilibres techniques accélèrent l’urgence d’agir.
Le quotidien met en lumière la situation critique de la CMR. Le régime civil a enregistré en 2024 un déficit technique dépassant 7,4 milliards de dirhams, tandis que le régime militaire affiche un déficit de 1,8 milliard. Sans réforme, les réserves du régime civil pourraient s’épuiser dès 2031, transformant un enjeu structurel en véritable alerte immédiate. Dans ce contexte, les leviers paramétriques redeviennent d’actualité, à commencer par l’âge légal de départ à la retraite. Alors que les fonctionnaires sont progressivement passés à 63 ans, la question d’un relèvement à 65 ans est de nouveau sur la table, au risque d’alimenter les tensions sociales dans une conjoncture électorale délicate.
Les discussions portent également sur l’unification progressive des modalités de calcul et la convergence des règles entre régimes. Les syndicats réclament davantage de temps pour examiner la situation financière réelle des caisses, tandis que l’exécutif avance dans un équilibre étroit entre impératif budgétaire et prudence politique. Reporter la réforme n’est plus envisageable, mais la mener à quelques mois des législatives comporte un coût évident.
Le RCAR illustre les zones d’amélioration mais aussi les fragilités persistantes. Les revalorisations salariales de 2024 ont permis une hausse des cotisations de près de 7%, mais les prestations ont suivi le même mouvement. Le déficit technique du régime général s’est légèrement creusé pour atteindre 4,5 milliards, même si la performance financière a généré un excédent global de 1,2 milliard. Cette amélioration conjoncturelle ne fait pas disparaître les déséquilibres structurels liés à la sous-tarification historique du régime.
Dans le secteur privé, la CNSS affiche une situation plus stable mais reste exposée. L’assouplissement des conditions d’accès à la pension — désormais ouvert à partir de 1 320 jours de cotisation — élargit la couverture, mais renforce les engagements futurs. Le rapport sur la stabilité financière souligne la nécessité de revoir les taux de cotisation, d’adapter l’âge de départ à la retraite et de repenser le mécanisme d’acquisition des droits pour maintenir l’équité et préserver l’équilibre du régime.
L’ensemble du dispositif tunis aujourd’hui sur quelques paramètres clés : âge légal, taux de cotisation, mode de calcul et trajectoire de convergence entre régimes. Dans une conjoncture marquée par une confiance sociale fragile et une pression budgétaire élevée due à la généralisation de la protection sociale, la réforme des retraites exige une combinaison de pédagogie, de préparation technique et de consensus politique. C’est à cette condition qu’un nouveau système pourra émerger, capable de résister aux défis démographiques des prochaines décennies.
Avec L’Economiste
