PESTICIDES ... LA VÉRITÉ SUR UN POISON LÉGAL!

Madih: la chaîne de contrôle est défaillante même au niveau des grandes surfaces !

«S’il y a réglementation et contrôle des importateurs et producteurs des pesticides, la chaine de sécurité est brisée chez les détaillants »

L’emploi des pesticides suscite beaucoup d’inquiétudes chez les marocains. Pensez-vous que le consommateur national soit aujourd’hui suffisamment protégé ?
Le consommateur marocain n’est pas du tout suffisamment protégé. Déjà au niveau de la commercialisation des pesticides il y a un grand problème. Considérés comme des médicaments pour les plantes et l’agriculture, ces produits chimiques on les trouve n’importe où. A l’instar des médicaments vendus en pharmacie, et ceux destinés aux animaux vendus dans des espaces dédiés, la commercialisation des pesticides doit être réglementée et sur autorisation. De plus, les commerçants sont généralement des personnes non qualifiées pour vendre ce genre de produits pour des personnes majoritairement pas assez cultivées, ce qui pose un problème de compréhension, d’usage et de dosage. Certains doublent par exemple la dose pour une meilleure protection de la culture ou substituent les bons produits par d’autres bon marché ce qui porte atteinte à la santé et la sécurité des consommateurs. Autre problématique majeure : la contrebande qui permet l’infiltration de pesticides interdits au Maroc. S’il y a réglementation et contrôle des importateurs et producteurs de ces produits, la chaine de sécurité est brisée chez les détaillants.

Certains produits ont été jugés toxiques ces dernières années. A votre avis est ce que les produits que nous consommons sont aujourd’hui sans risques ?
Pas vraiment. Beaucoup de produits pourraient être impropres à la consommation tel que l’exemple de la menthe qui a fait l’objet d’une grande polémique il y a quelques années.

Comment contrôler alors un produit qui se vend à 80% hors marché de gros ?
Il faut savoir que 98% de la menthe produite est consommée localement. Seuls les 2% exportés sont contrôlés, comme c’est le cas pour tous les produits destinés à l’export.

Que devons-nous en comprendre ? Que la vie d’un consommateur européen vait plus que celle d’un Marocain ?!
Nous, consommateurs marocains, estimons que notre santé mérite d’être traitée au même titre que celle des citoyens des pays vers lesquels le Maroc exporte ses produits agricoles.
Un autre exemple frappant est celui des fruits et légumes vendus dans des camionnettes qui sillonnent les ruelles des villes. Cette marchandise vient des champs directement vers le consommateur sans passer par la case contrôle. Par conséquent, je pense qu’il y a problème de contrôle et vérification au niveau des produits consommés entre le détaillant et le consommateur.

Vous semblez pointer du doigt la sécurité sanitaire au Maroc. Peut-on la qualifier de défaillante ?
En effet, il y un grand déficit au niveau de la sécurité sanitaire au Maroc, malgré le travail considérable fourni par l’ONSSA. D’ailleurs, des rapports ont été émis dans ce sens par le CESE et la Cour des Comptes. Et les conclusions sont très alarmantes. Il y a danger surtout lorsque le consommateur consomme ces produits avec résidus sans cuisson. Tous les agriculteurs utilisent aujourd’hui les pesticides, sauf certains qui se lancent dans le bio. Mais, le bio n’est pas accessible pour tous les consommateurs marocains. Ensuite, il y a un problème flagrant au niveau de l’utilisation des pesticides dont certains sont interdits dans d’autres pays.
On ne comprend pas pourquoi les normes européennes diffèrent de celles marocaines.
Au-delà des pesticides, certains produits peuvent aussi contenir des substances toxiques comme le cas du pain. Les restes du pain mis dans un sachet moisissent.
Ensuite ce pain est collecté et vendu à des grossistes qui le revendent à des éleveurs de bétail. Ces derniers le donnent essentiellement pour les vaches afin d’obtenir du lait. Le pain moisi est un poison. Le lait de la vache consommé cru contient alors des substances toxiques comme prouvé par des beaucoup d’études. Et c’est un véritable risque pour la santé des consommateurs.

Est-ce que le circuit de la Grande Distribution est plus safe, notamment pour la consommation des fruits et légumes ?
Je pense que le problème est le même. La grande distribution se procure ses produits chez les grossistes et au niveau du marché du gros. On ne peut pas savoir si ces produits sont contrôlés, d’autant plus qu’il y a des fuites au niveau du marché du gros lui-même.
Il y a manifestement risque partout ! Comment alors mieux protéger le consommateur ?
Deux mots d’ordre : contrôle et vigilance. Le contrôle des pouvoirs publics, des autorités de contrôle et toutes les parties prenantes.
C’est de la santé des consommateurs dont il est question. Le contrôle doit donc être rigoureux et permanent pour garantir la sécurité de tous. La vigilance reste aussi de mise. Personne n’est aujourd’hui à l’abri de ces dangerscachés dans nos assiettes.

Mais quelle responsabilité incombe au consommateur ? Est-il sensibilisé du risque encouru ? Que faites vous en tant que fédération dans ce sens ?
On travaille actuellement sur le volet de sensibilisation.
Il faut adopter les bons réflexes :
consommer des légumes plus robustes donc moins traités, éplucher les fruits, plonger les deux dans un mélange d’eau et de bicarbonate de soude ou du vinaigre… En les lavant correctement, il est possible de débarrasser ces produits d’une partie des pesticides présents.
Les résidus ont un temps de rémanence. Il faut donc laisser les produits et ne pas les consommer le jour même pour moins de risques.

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