Pesticides … les explications de l’ONSSA
L’ONSSA est chargé de contrôler la sécurité sanitaire des produits alimentaires sur le marché. Mais à chaque fois qu’un produit est jugé impropre à la consommation pour question liée aux pesticides utilisés, l’office est pointé du doigt. Comment alors ces produits échappent au contrôle ?

«La gestion des pesticides et le contrôle des résidus de pesticides constituent l’une des priorités de l’ONSSA et apparaissent toujours au premier rang de ses préoccupations en matière de gestion de la sécurité sanitaire des produits alimentaires.
Plus concrètement, l’ONSSA dispose d’une vision stratégique et d’un plan d’action opérationnel qui englobent la gestion des pesticides -de l’amont à l’aval- pour une meilleure maîtrise de l’utilisation des pesticides et la sécurisation sanitaire des aliments », explique à Consonews les responsables
de l’ONSSA avant d’ajouter «un pesticide à usage agricole n’est mis sur le marché qu’après être soumis à un examen destiné à vérifier son efficacité et son innocuité à l’égard de l’homme, des animaux et de l’environnement.
L’office homologue les pesticides efficaces et ayant un profil toxicologique et écotoxicologique acceptable, avec des mesures visant une meilleure protection de l’utilisateur et du consommateur ». En effet, comme le souligne l’ONSSA, l’office dispose d’un système de veille sur les pesticides en post-homologation. C’est ainsi qu’à la lumière des études scientifiques et données de la phytopharmacovigilance, il procède régulièrement
au réexamen des matières actives mises en cause. L’objectif escompté est de protéger le consommateur ainsi que l’agriculteur-utilisateur. En effet,
entre 2015 et 2020 l’Office a retiré du marché national 19 matières activesentrant dans la composition de 147 produits commerciaux. Il s’agit notamment
du Chlorpyriphos-éthyle, Chlorpyriphos méthyle, Dinocap, Amitrole, Trichlorfon, Carbofuran, Propargite, Dichlorvos (DDVP), Methidathion, Iprodione, Diflovidazine, Ethoprophos, Linuron, Propinèbe,Cyhexatin, Méthamidophos, et certaines préparations contenant le glyphosate. En ce qui concerne l’année en cours, l’ONSSA a programmé le réexamen de plusieurs matières actives.
UN PLAN D’ACTION EN COURS DE MISE EN OEUVRE
Le rapport de la cour des comptes publié en 2019 pointe du doigt quelques défaillances de l’ONSSA qui pourraient impacter la santé des consommateurs. D’après les responsables de l’office, l’ensemble des remarques de la Cour des comptes ont été pris en considération et sont même programmées dans sa feuille de route.
« A présent, l’Office dispose d’un plan d’action, en phase de mise en oeuvre, pour améliorer la gouvernance en matière de gestion des pesticides à tous
les niveaux du cycle de vie de ces produits », rassure l’ONSSA. Dans le détail, il s’agit notamment du renforcement du contrôle des revendeurs,
leur mise à niveau et leur enregistrement sur la base de la bonne gestion des pesticides, la traçabilité des achats et des ventes moyennant la tenue
des registres et la mise en vente uniquement des produits homologués . Ainsi, « l’ONSSA a effectué un recensement des revendeurs phytopharmaceutiques.
Actuellement, plus de 1.100 revendeurs sont enregistrés après une série d’inspections effectuées par les contrôleurs de l’office. Les revendeurs se sont investis pour se conformer aux exigences telles que les qualifications des personnes chargées de la gestion locale et les conditions de stockage des pesticides », note l’ONSSA. Autres axes du nouveau plan d’action : l’instauration des modalités de distribution des pesticides entre les importateurs et les distributeurs agréés et les revendeurs enregistrés sur le site de l’ONSSA, afin de mieux disposer de la traçabilité des produits, renforcement du contrôle des pesticides à l’importation et à la distribution, contrôle de l’activité du reconditionnement des pesticides pour que ces produits répondent aux spécifications de l’homologation, mise en place d’un système de veille sur les pesticides et renforcement de la cadence des réexamens des substances actives et le retrait des pesticides qui pourraient nuire à la santé -/ou à l’environnement.
Aussi, l’ONSSA compte renforcer le contrôle et la surveillance des résidus de pesticides dans les produits agricoles notamment les fruits, légumes et aromates frais et celui des produits végétaux primaires au niveau des exploitations agricoles pour surveiller les bonnes pratiques agricoles et la conformité des teneurs des résidus de pesticides aux limites réglementaires. Un dispositif analytique réalisant des analyses et recherches par des techniques de pointe en chromatographie liquide ou gazeuse couplée à de la spectrométrie de masse est prévu également.
Ces équipements (LCMS-MS et GCMS-MS) servent à rechercher les résidus de pesticides par des méthodes multi résidus dans les produits végétaux qui permettent de détecter et quantifier plus de 400 molécules par analyses dans différentes matrices végétales. La généralisation de la tenue du registre phytosanitaire, pierre angulaire pour une meilleure maîtrise de l’utilisation des pesticides dans les exploitations figure parmi les priorités de l’ONSSA.
Contrôle des exploitations agricoles Pour les fruits et légumes destinés à l’export, les producteurs réalisent un suivi régulier de la présence des pesticides. Ce qui n’est pas toujours le cas pour ceux destinés au marché local. Quel rôle joue l’ONSSA dans ce sens ? Comment avoir la certitude que les fruits et légumes que nous consommons au quotidien sont indemnes de résidus chimiques? «Au niveau du marché local, l’ONSSA procède annuellement
au contrôle et la surveillance des résidus de pesticides dans les produits agricoles, notamment les fruits, légumes et aromates frais au niveau du commerce (Marchés de gros et grandes surfaces) et des unités de stockage et de conditionnement », assure l’ONSSA qui ajoute que « compte tenu de l’absence de traçabilité des produits agricoles primaires au niveau du commerce, l’Office procède depuis 2018 au contrôle des produits végétaux primaires au niveau des exploitations agricoles, parallèlement aux plans de surveillance en post-récolte».
Dans le cas où les résultats d’analyses des échantillons révèlent des non-conformités, des PV d’infractions sont dressés à l’encontre des contrevenants et transmis au parquet. De même, l’ONSSA prend les mesures nécessaires au niveau exploitations. D’après les responsables de l’ONSSA, le contrôle des résidus des pesticides se fait également au niveau des postes frontaliers pour les produits agricoles importés, et ce à travers un contrôle analytique réalisé en se basant sur l’analyse du risque lié à la nature desdits produits.
Cela consiste à effectuer des prélèvements d’échantillons pour investigations analytiques. « Au cas où des non-conformités par rapport aux normes en vigueur seraient constatées, les produits en question sont non autorisés à être mis sur le marché national et, par conséquent, ils sont refoulés », tranche l’ONSSA qui à travers ces actions explique que l’objectif est la protection du consommateur en améliorant la sécurité sanitaire des produits mis sur le marché.