Six tendances bijoux repérées dans les collections de haute joaillerie de juillet
Innovations techniques, déluges de carats, symboles forts ou upcycling... Tour d'horizon des temps forts à retenir de ce millésime 2021, plus que jamais dans l'air du temps.
Retour aux sources
Connaître les valeurs et savoir d’où vient une marque, c’est la nouvelle obsession d’une clientèle, toujours plus jeune et concernée par la question de l’authenticité. Cette quête, Francesca Amfitheatrof, la directrice artistique de Louis Vuitton, la mène en parallèle depuis son arrivée à la tête de la joaillerie maison en 2018. Si l’essence de son style est désormais bien établi et reconnaissable d’instinct, entre volumes allurés, jeux de couleurs, portés souples et quotidiens, c’est dans les archives de la maison qu’elle a trouvé ses réponses cette saison pour sa ligne Bravery. Et plus précisément en se plongeant dans l’histoire du fondateur, M. Louis Vuitton, dont on célèbre en ce moment les 200 ans de naissance. Son parcours de vie singulier, elle a choisi de le dérouler en bijoux, taillé dans l’or et les pierres précieuses, car c’est ici, dans ce passé retrouvé, qu’elle a tiré son fil futur.
Upcycling
C’est une lame de fond qui s’abat déjà depuis plusieurs saisons en mode et plus récemment en joaillerie, mais que l’on n’attendait pas vraiment du côté de la haute joaillerie. Cette prouesse, on la doit à la maison Pomellato qui a livré un joli tour de force pour ce second volet de sa collection de haute volée, La Gioia. D’un côté, des parures de facture plus classiques où l’on retrouve par exemple les chokers aux maillons forts Catene que l’on aime tant. De l’autre, des pièces qui interpellent immédiatement par leur charme familier. Ici une croix en jais ouvragé que l’on avait tant aimé au début des années 2010 sur les colliers Victoria de la maison, là une maille carrée et solaire sertie d’un cabochon, dont la signature est imprimée dans nos mémoires. Plonger son regard dans les archives pour dessertir, réutiliser et ainsi réduire son empreinte sur l’environnement, l’idée est aussi enthousiasmante qu’évidente pour Pomellato qui s’engage, aux côtés du groupe Kering, depuis toujours pour une production éthique. Le début d’une nouvelle ère ?
Innovation
Bien souvent sur la Place Vendôme, les noms des collections de haute joaillerie donnent un indice ou dissimulent un clin d’œil subtil. Ici, chaque mot est posé et raconte en filigrane l’histoire de cette ligne singulière. Car «Carte Blanche Holographique» est, comme son nom l’indique, un véritable pari. Un saut dans l’inconnu, tant pour Hélène Poulit-Duquesne, la présidente de Boucheron, qui a pris un risque jamais pris dans ce secteur hautement sismique, que pour Claire Choisne, sa directrice artistique, pourtant habituée aux exercices de style à haut risque. Car lorsque cette dernière s’est alliée au savoir-faire de l’entreprise Saint-Gobain pour développer une technique brevetée, permettant de pulvériser à très haute température une pluie de métaux précieux sur de la céramique ou du cristal de roche afin de reproduire ce prisme irisé surréaliste, elle ne pouvait en maîtriser le résultat. C’est uniquement à quelques semaines de la présentation que l’équipe a pu obtenir toutes les pièces finalisées et se faire une meilleure idée de ce jeu de lumière infini, qui ne cesse d’osciller en fonction de l’heure de la journée, de la peau ou du vêtement. Une prise de risque incroyable qui pousse le monde de la haute joaillerie feutrée dans une nouvelle direction audacieuse, où seules comptent la passion et l’envie.
Ultraluxe
Dévoilée à Milan au début du mois de juin, la collection de haute joaillerie Magnifica de Bulgari reste encore en mémoire après la valse parisienne des présentations. En cause, la toute nouvelle boutique parisienne de la maison, désormais située entre la Place Vendôme et la rue de la Paix, où l’on a pu revoir quelques-unes de ces créations hors normes, mais aussi le luxe vertigineux de ces parures. Car pour cette ligne pensée et conçue au plus fort des restrictions sanitaires, la maison a vu les choses en grand. Tant du côté des montants puisque plus de soixante bijoux dépassent le million, que du côté des pierres de taille. En coulisses, Lucia Silvestri, la directrice artistique de Bulgari, s’est dépassée pour dévoiler des émeraudes renversantes ou le troisième plus gros spinelle au monde. Sans oublier près de 500 carats de tourmalines Paraïba au bleu lagon, issues d’un seul et même bloc de brut, que Jean-Christophe Babin, le PDG de la maison, ne pensait même pas pouvoir voir un jour. Pari relevé, encore une fois, jusqu’au prochain défi…
Double jeu
Expert dans l’art des jeux de bague allurés, Alessandro Michele, le directeur artistique de la maison Gucci, en livre un nouveau jeu étonnant pour sa seconde grande partition haute joaillerie. Au fil de cette fantaisie couture baptisée Hortus Deliciarum, ce dernier reprend son idée des chevalières et en étire les contours jusqu’à faire briller des tourmalines et des rubellites de plus de 60 carats entre les doigts. Ne reste plus qu’à plonger son regard au cœur de cette pierre king size.
Diamants solaires
Beaucoup plus rare que le diamant blanc, sa variation solaire règne pourtant en maître sur la Place Vendôme cette saison. Chez Graff, c’est un plastron extraordinaire mêlant une cascade de pierres en taille poire qui a attiré tous les regards. Il ne faut pas se fier à son allure graphique qui le rattache à la collection Tribale, lancée il y a peu en mars dernier, car la temporalité de ses pierres phares est tout autre. Il aura en effet fallu plusieurs années aux gemmologues de la maison britannique pour réunir cet appairage parfait de 56 carats de diamants jaunes, pour un ensemble jaune et blanc culminant au total à 115.13 carats. Un spécimen rare qui mêlait parfaitement tradition et modernité.
Source: madame.lefigaro.fr