Les aliments ultra-transformés liés à un risque de dépression selon une étude canadienne

Les habitudes alimentaires pourraient jouer un rôle bien plus central qu’on ne le pense dans l’apparition de troubles dépressifs, selon une récente étude internationale. En se penchant sur la consommation d’aliments ultra-transformés, les chercheurs ont mis en évidence un lien préoccupant entre ce type de produits et un risque accru de dépression, particulièrement chez les jeunes adultes et les femmes de plus de 35 ans.
Coordonnée par le Dr Guillaume Fond en France, l’enquête baptisée ALIMENTAL a été menée de 2021 à 2023 auprès de plus de 15 000 personnes réparties dans neuf pays, dont environ 500 participants québécois. L’étude visait une population en bonne santé, sans pathologie chronique ni traitement psychotrope en cours, afin d’évaluer de façon plus précise l’impact de l’alimentation sur la santé mentale. Pourtant, plus d’un tiers de ces individus ont été classés comme présentant des signes de dépression.
Le Dr Sylvain Iceta, psychiatre et chercheur à Québec, explique que les facteurs de risque classiques — obésité, tabagisme, inactivité, chômage — restent bien présents. Mais l’intérêt de l’étude réside dans la mise en lumière d’un autre facteur souvent sous-estimé : le contenu de l’assiette. “Notre analyse montre que les aliments fortement transformés, les plats préparés et la malbouffe en général sont associés à une augmentation significative des symptômes dépressifs, surtout chez les femmes”, souligne-t-il.
Chez les femmes de plus de 35 ans, un régime alimentaire riche en fruits, légumes, noix et poissons semble à l’inverse exercer un effet protecteur. Ce constat conforte les approches nutritionnelles de prévention et suggère qu’une alimentation de qualité pourrait faire partie intégrante des stratégies de santé mentale.
Autre point saillant : les connaissances en nutrition influencent également le risque de dépression. Plus les individus sont informés sur la qualité des aliments, moins ils semblent exposés aux troubles dépressifs. Cette corrélation pourrait ouvrir la voie à des campagnes d’information publique ciblées, particulièrement efficaces pour les groupes les plus sensibles.
Bien que l’étude ne permette pas d’affirmer une relation de cause à effet directe, l’accumulation à long terme de mauvaises habitudes alimentaires pourrait jouer un rôle aggravant. “Il y a probablement un effet cumulatif. À mesure que les années passent, l’exposition continue à ces produits pourrait renforcer le risque”, explique le Dr Iceta.
Selon lui, trop souvent, on résume les liens entre santé mentale et poids à des raccourcis simplistes. Or, cette étude révèle la complexité des interactions entre nutrition et équilibre psychique. “Il est temps d’arrêter de penser que la dépression se résume à un état isolé. L’alimentation mérite d’être mieux prise en compte comme levier d’action”, conclut-il.
Source: lapresse.ca