
Des documents judiciaires rendus publics mettent en lumière une décision sensible prise au sein de Meta en 2020 : l’entreprise aurait interrompu une étude interne qui montrait que s’éloigner de Facebook ou d’Instagram améliorait nettement le bien-être mental. Ces révélations apparaissent aujourd’hui au cœur d’une vaste action collective visant Meta et d’autres géants du numérique.
Les éléments dévoilés retracent les conclusions du Projet Mercury, une recherche menée avec Nielsen pour mesurer l’effet d’une pause sur les réseaux sociaux. Les résultats internes pointaient clairement une réduction de la dépression, de l’anxiété, de la solitude et de la comparaison sociale après une semaine loin des plateformes. Malgré cela, la direction aurait mis fin au programme, estimant publiquement que les conclusions étaient biaisées par le climat médiatique entourant l’entreprise. En interne, plusieurs employés les jugeaient pourtant crédibles et en avaient alerté Nick Clegg, responsable de la politique publique mondiale. L’un des chercheurs aurait même comparé cette mise au silence à des pratiques jadis observées dans l’industrie du tabac.
Ces informations arrivent dans un recours mené par le cabinet Motley Rice, représentant des districts scolaires, des familles, des mineurs et plusieurs procureurs généraux. Ils accusent Meta — ainsi que Google, TikTok et Snapchat — d’avoir dissimulé des risques dont ils avaient connaissance, tant pour le public que pour les institutions éducatives.
D’autres documents renforcent ces accusations. Ils évoquent notamment le témoignage de Vaishnavi Jayakumar, ancienne responsable de la sécurité d’Instagram, affirmant qu’en 2020, une « politique des 17 avertissements » était appliquée à des comptes liés au trafic sexuel : une suspension n’intervenait qu’à la 17ᵉ violation. Certaines pièces mentionnent aussi des outils de protection volontairement peu sollicités, des alertes ignorées sur l’exposition des adolescents à du contenu dangereux, ou des mesures repoussées afin de ne pas freiner la croissance du groupe. Un message attribué à Mark Zuckerberg en 2021 indique qu’il se concentrait davantage sur des projets liés au métavers que sur la sécurité des mineurs, alors que Meta avait identifié un lien entre ses produits et certains effets négatifs, tout en affirmant au Congrès ne pas pouvoir les mesurer précisément.
Face à ces accusations, Meta conteste vigoureusement. Son porte-parole Andy Stone assure que le Projet Mercury souffrait de limites méthodologiques et rappelle que l’entreprise travaille depuis plus d’une décennie sur la sécurité des jeunes utilisateurs. Il défend l’efficacité des dispositifs de protection mis en place et estime que l’examen complet du dossier permettra de le confirmer.
Source: Charentelibre.fr
