Paiements : 2024 consacre l’essor du numérique et confirme la bascule des usages au Maroc

Les derniers chiffres publiés par Bank Al-Maghrib dressent le portrait d’un pays où les paiements électroniques gagnent du terrain, tandis que l’usage du cash recule lentement mais sûrement. En 2024, les Marocains ont effectué 192,5 millions de paiements par carte, tous canaux confondus, pour un total de 63 MMDH, soit une progression notable de 17% en volume et 11% en valeur par rapport à 2023.
Les retraits dominent encore, mais perdent du poids
Malgré cette poussée digitale, les retraits restent majoritaires : 401 millions d’opérations, un niveau quasi stable (-0,3%), pour 403 MMDH, en légère hausse. Mais la tendance de fond est claire : leur poids recule dans la structure globale. En nombre, leur part passe de 71% à 68%, tandis que celle des paiements progresse de 29% à 32%. En valeur, la même dynamique s’observe : 14% de part pour les paiements, contre 13% un an plus tôt.
Cette transition reflète une adoption croissante des solutions électroniques au quotidien : le ratio de paiement des porteurs marocains gagne plusieurs points, tant en volume (de 28,9% à 32,4%) qu’en valeur (de 12,5% à 13,6%).
TPE et sans contact, moteurs de la transformation
Les paiements via TPE affichent une croissance soutenue : 153,3 millions d’opérations, soit +17%, pour 52,2 MMDH. Le sans contact en constitue désormais l’écrasante majorité : 74% des opérations en décembre 2024, contre 57% un an auparavant. En un an, ce mode de paiement est passé de 75,4 à 112,8 millions d’opérations, confirmant son installation durable dans les usages.
L’e-commerce poursuit son ascension
Les transactions en ligne poursuivent leur progression : 38,5 millions d’opérations (+20%), pour 11 MMDH (+11%). La montée de la facturation numérique et l’élargissement des paiements E-gov tirent fortement cette dynamique, qui consolide l’habitude du paiement digital même pour des services courants.
Le GAB recule, les applications bancaires avancent
Les paiements domestiques effectués via les GAB continuent de se marginaliser : 0,8 million d’opérations, en baisse de 21%, pour 89 MDH (-47%). Ce repli profite clairement aux canaux digitaux comme les applications bancaires et les plateformes de paiement en ligne.
Forte hausse pour les transactions transfrontalières
Le Maroc attire de plus en plus les porteurs étrangers : leurs paiements totalisent 38,3 millions d’opérations, une envolée de 58%, pour 41,7 MMDH (+43%).
À l’inverse, les opérations des Marocains à l’étranger repartent vigoureusement : 35,5 millions d’opérations (+52%), pour 17,4 MMDH (+37%), retrouvant leur rythme d’avant-pandémie.
Un système financier en pleine mutation
Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte où Bank Al-Maghrib modernise en profondeur les infrastructures financières. Le SRBM, colonne vertébrale des paiements de gros montants, a traité 25.262 milliards de dirhams, tandis que les échanges du SIMT ont progressé de plus de 16%.
Le virement instantané, lancé en 2023, est devenu en 2024 l’une des innovations les plus structurantes : 16 millions d’opérations sur l’année et plus de 22,5 millions cumulées depuis son lancement.
La modernisation technique se poursuit avec la migration vers la norme ISO 20022, le renforcement de la cybersécurité et la généralisation progressive des cartes conformes à la norme EMV.
Une stratégie nationale désormais bien engagée
BAM poursuit la mise en œuvre de la stratégie nationale des paiements, qui vise à réduire l’usage du cash, renforcer la confiance dans le numérique et encourager l’inclusion financière. La création du Morocco Fintech Center s’inscrit dans cette vision : un espace destiné à fédérer banques, startups et investisseurs pour accélérer l’innovation dans les services financiers.
À travers cette montée en puissance du paiement électronique, l’essor du virement instantané et la modernisation des infrastructures, 2024 apparaît comme une année charnière. Le système marocain s’oriente vers un modèle plus rapide, plus sûr et plus digital, où les usages évoluent au rythme d’une économie en pleine transformation.
